Incidents à la manifestation pour Gaza à Paris
Reuters
PARIS (Reuters) - Plusieurs milliers de manifestants pro-palestiniens se sont rassemblés samedi après-midi place de la République, à Paris, pour protester contre l'intervention militaire israélienne dans la bande de Gaza, malgré une interdiction de manifester.
Commencé dans le calme, le rassemblement s'est tendu vers 17h00 quand des manifestants, visage dissimulé par un keffieh, le foulard emblématique de la cause palestinienne, ont jeté des projectiles sur les forces de l'ordre, qui ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes.
Un photographe de Reuters a vu un gendarme mobile légèrement blessé, un abribus saccagé et les vitrines d'un hôtel brisées. Des équipes de télévision ont été prises à parti.
"Ce sont de petits groupes qui veulent rester pour en découdre", a-t-on dit à Reuters au ministère de l'Intérieur.
Le porte-parole du ministère, Pierre-Henri Brandet, interrogé par BFMTV, a pour sa part imputé ces incidents à "une minorité de casseurs (...) incontrôlables".
Place Beauvau, on précise que les forces de l'ordre ont procédé, surtout en début de manifestation, à une cinquantaine d'interpellations à titre préventif, essentiellement pour port d'arme prohibé. Une vingtaine de ces interpellations ont abouti à une garde à vue.
Les organisateurs, selon qui ce rassemblement cantonné à la place de la République avait été "toléré" par la préfecture de police, avaient déployé un service d'ordre en gilets jaunes fluo qui s'est efforcé de contenir les activistes les plus violents.
JUSQU'À 5.000 MANIFESTANTS
Le Conseil d'Etat avait confirmé l'interdiction de la manifestation prévue entre les places de la République et de la Nation une heure et demie avant l'heure prévue pour le début du défilé -15h00. Le tribunal administratif de Paris avait rejeté vendredi un premier recours en arguant, notamment, de garanties insuffisantes en matière de service d'ordre.
"Les organisateurs du rassemblement prévu cet après-midi seraient les seuls responsables d'éventuels débordements (...) et deviendraient ainsi passibles de sanctions pénales", a averti en début d'après-midi le ministre de l'Intérieur.
Selon le ministère de l'Intérieur, les manifestants ont été jusqu'à 5.000 au plus fort du rassemblement.
Ils sont venus avec des drapeaux palestiniens, des fumigènes rouges, verts et blancs aux couleurs de la Palestine et des banderoles ou pancartes dénonçant Israël.
"Israël, ton dieu n'est plus ta force!" lisait-on sur l'une d'elles. "Sionistes terroristes", déclarait une autre, tandis qu'un drapeau israélien au moins a été brûlé.
Les manifestants -dont un fort contingent de militants du Nouveau parti anticapitaliste (NPA, trotskiste)- ont scandé "Nous sommes tous des Palestiniens!", "Israël assassin!", "Résistance", "Israël, casse-toi, la Palestine n'est pas à toi."
Selon le ministère de l'Intérieur, environ 2.000 policiers et gendarmes mobiles avaient été mobilisés pour prévenir des débordements à l'image de ceux qui avaient marqué un rassemblement organisé par le même collectif, et également interdit, le 19 juillet dans le quartier de Barbès, dans le XVIIIe arrondissement de Paris.
LES ORGANISATEURS CONTESTENT L'INTERDICTION
"La violence, notamment la violence antisémite, existe. Il faut la regarder en face", a dit Bernard Cazeneuve. "Ne pas vouloir la voir pour ce qu'elle est constituerait une faute."
Le gouvernement a invoqué des actes et propos antisémites "inacceptables" lors des débordements de Barbès et de Sarcelles (Val-d'Oise) lors d'une autre manifestation interdite, dimanche.
Les organisateurs contestent les arguments du gouvernement, qu'ils accusent d'attiser les tensions par une décision selon eux avant tout "politique" et contradictoire avec l'autorisation d'une manifestation pro-palestinienne mercredi dernier à Paris.
"Le but du jeu n'est pas d'attaquer les juifs, c'est de dénoncer la politique d'un gouvernement", a déclaré à Reuters Tarek Ben Hiba, conseiller régional d'Ile-de-France et président d'une des associations qui avaient appelé à manifester.
L'ancien porte-parole du NPA, Olivier Besancenot, a rendu par avance responsable le gouvernement d'éventuels incidents.
"Je crois que la volonté du gouvernement est d'associer aux manifestations de solidarité avec le peuple palestinien l'idée de violence", a-t-il déclaré à Reuters. "C'est une volonté de chercher à faire s'essouffler un mouvement extrêmement fort."
A Marseille, une manifestation pro-palestinienne autorisée a réuni environ 2.000 personnes samedi après-midi, selon un correspondant de Reuters. A Lyon, ils étaient 2.500. Aucun débordement n'a été signalé.
(Emmanuel Jarry, avec Benoît Tessier et Gonzalo Fuentes à Paris, François Revilla à Marseille et Catherine Lagrange à Lyon; édité par Henri-Pierre André)
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