POLITIQUE - Jean-François Copé sur le départ, la crise est encore loin d'être achevée à l'UMP. "Nous n'avons que quelques semaines pour sauver l'UMP du désastre", a prévenu ce mardi François Fillon devant le bureau politique du parti.
A la crise du leadership s'ajoutent désormais l'hémorragie des militants, les menaces judiciaires, la crainte d'une banqueroute financière et l'organisation d'un congrès pour l'automne 2014 qui s'annonce particulièrement tendu.
Pour le triumvirat de transition nommé à la tête de la formation politique et composé des trois anciens premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, des décisions rapides et délicates vont rapidement s'imposer pour tenter de colmater les brèches qui fracturent le parti de toutes parts.
LIRE AUSSI
  1. GÉRER LE QUOTIDIEN: LA DIRECTION DÉCAPITÉE
  2. Avec le départ de Jean-François Copé, de ses proches et de la direction collégiale qu'il avait mise en place, l'UMP risque de se retrouver décapitée d'ici au 15 juin. En attendant d'élire son président, l'UMP va devoir renouveler l'essentiel de son administration, mise en cause dans l'affaire Bygmalion. "Il faut trouver un directeur de cabinet, un directeur général des services. Il faut aussi un directeur juridique car David Biroste, licencié avant la guerre Copé-Fillon, n'a jamais été remplacé", rappelle le député Gérald Darmanin cité par Le JDD.
    Reste également à déterminer qui va expédier les affaires courantes à la tête du parti. Le triumvirat Juppé-Raffarin-Fillon tranchera les questions politiques. Mais il est déjà contesté: "la gouvernance de l’UMP ne doit pas être un petit club", tacle Rachida Dati dans Le Parisien. Le duo Valérie Pécresse (filloniste) / Luc Chatel (copéiste), qui figuraient tous deux dans le ticket lors de l'élection pour la présidence de l'UMP, pourraient être chargés de l'intendance. Problème: aucune de ces cinq personnalités ne représente les idées de l'aile droite du parti.
  3. RETOUR DE LA CRISE DE LA DETTE
  4. Pas tout à fait ruinée, "l'UMP est très endettée, quasi au bord de la banqueroute. Si j'étais banquier, je m’inquiéterais", a prévenu ce mercredi sur Europe1 l'ancien trésorier du parti Dominique Dord.
    Une situation qui ne devrait pas s'arranger dans les mois qui viennent. L'hémorragie des adhérents, choqués par les affaires qui se succèdent, devrait dans un premier temps entraîner une chute des cotisations à l'UMP. Et le parti va devoir engager des frais pour organiser son prochain congrès ou se défendre dans l'enquête judiciaire en cours. L'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati n'a pas exclu ce matin que certains militants se constituent partie civile.
    Plus grave, l'UMP pourrait être contrainte de rembourser une partie des dégrèvements fiscaux perçus lors du Sarkothon. Techniquement, rien ne l'y oblige. Mais plusieurs personnalités au PS, à l'UDI ou chez les écologistes l'ont déjà réclame. Le trésorier du PS Régis Juanico rappelle que "cinq à six millions d'euros sont venus des caisses de l'État pour financer la réduction d'impôt auquel chaque citoyen a droit quand il fait un don à un parti politique".
  5. ENRAYER LA FUITE DES MILITANTS: TROP TARD?
  6. Déjà échaudés par la crise interne de novembre 2012, combien de militants resteront au parti après le scandale Bygmalion? Cajolés par les élus qui multiplient les appels au calme, nombre d'adhérents pourraient tout simplement claquer la porte en refusant de renouveler leur adhésion.
    Trop tard? Sur Facebook, un cadre de l'UMP a discrètement envoyé un message aux adhérents leur conseillant de rendre leur carte pour contester "la nouvelle direction autoproclamée". Motif: le triumvirat tenterait d'empêcher par tous les moyens le retour de Nicolas Sarkozy.
    Selon des sources internes à l'UMP citées par Le JDD, 80% des militants n'auraient pas renouvelé leur adhésion à ce jour. Et le jour de l'éviction de Jean-François Copé, certains ont ostensiblement marqué leur désaccord en déchirant leur carte devant le siège du parti.