UMP: militants, finances, logistique, ligne politique... 5 questions qui restent sans réponse
Le HuffPost | Par Geoffroy ClavelPublication: 28/05/2014 12h16 CEST | Mis à jour: 28/05/2014 12h16 CEST
POLITIQUE - Jean-François Copé sur le départ, la crise est encore loin d'être achevée à l'UMP. "Nous n'avons que quelques semaines pour sauver l'UMP du désastre", a prévenu ce mardi François Fillon devant le bureau politique du parti.
A la crise du leadership s'ajoutent désormais l'hémorragie des militants, les menaces judiciaires, la crainte d'une banqueroute financière et l'organisation d'un congrès pour l'automne 2014 qui s'annonce particulièrement tendu.
Pour le triumvirat de transition nommé à la tête de la formation politique et composé des trois anciens premiers ministres Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et François Fillon, des décisions rapides et délicates vont rapidement s'imposer pour tenter de colmater les brèches qui fracturent le parti de toutes parts.
- GÉRER LE QUOTIDIEN: LA DIRECTION DÉCAPITÉE
- RETOUR DE LA CRISE DE LA DETTE
- ENRAYER LA FUITE DES MILITANTS: TROP TARD?
Avec le départ de Jean-François Copé, de ses proches et de la direction collégiale qu'il avait mise en place, l'UMP risque de se retrouver décapitée d'ici au 15 juin. En attendant d'élire son président, l'UMP va devoir renouveler l'essentiel de son administration, mise en cause dans l'affaire Bygmalion. "Il faut trouver un directeur de cabinet, un directeur général des services. Il faut aussi un directeur juridique car David Biroste, licencié avant la guerre Copé-Fillon, n'a jamais été remplacé", rappelle le député Gérald Darmanin cité par Le JDD.
Reste également à déterminer qui va expédier les affaires courantes à la tête du parti. Le triumvirat Juppé-Raffarin-Fillon tranchera les questions politiques. Mais il est déjà contesté: "la gouvernance de l’UMP ne doit pas être un petit club", tacle Rachida Dati dans Le Parisien. Le duo Valérie Pécresse (filloniste) / Luc Chatel (copéiste), qui figuraient tous deux dans le ticket lors de l'élection pour la présidence de l'UMP, pourraient être chargés de l'intendance. Problème: aucune de ces cinq personnalités ne représente les idées de l'aile droite du parti.
Pas tout à fait ruinée, "l'UMP est très endettée, quasi au bord de la banqueroute. Si j'étais banquier, je m’inquiéterais", a prévenu ce mercredi sur Europe1 l'ancien trésorier du parti Dominique Dord.
Une situation qui ne devrait pas s'arranger dans les mois qui viennent. L'hémorragie des adhérents, choqués par les affaires qui se succèdent, devrait dans un premier temps entraîner une chute des cotisations à l'UMP. Et le parti va devoir engager des frais pour organiser son prochain congrès ou se défendre dans l'enquête judiciaire en cours. L'ancienne ministre de la Justice Rachida Dati n'a pas exclu ce matin que certains militants se constituent partie civile.
Plus grave, l'UMP pourrait être contrainte de rembourser une partie des dégrèvements fiscaux perçus lors du Sarkothon. Techniquement, rien ne l'y oblige. Mais plusieurs personnalités au PS, à l'UDI ou chez les écologistes l'ont déjà réclame. Le trésorier du PS Régis Juanico rappelle que "cinq à six millions d'euros sont venus des caisses de l'État pour financer la réduction d'impôt auquel chaque citoyen a droit quand il fait un don à un parti politique".
Déjà échaudés par la crise interne de novembre 2012, combien de militants resteront au parti après le scandale Bygmalion? Cajolés par les élus qui multiplient les appels au calme, nombre d'adhérents pourraient tout simplement claquer la porte en refusant de renouveler leur adhésion.
Trop tard? Sur Facebook, un cadre de l'UMP a discrètement envoyé un message aux adhérents leur conseillant de rendre leur carte pour contester "la nouvelle direction autoproclamée". Motif: le triumvirat tenterait d'empêcher par tous les moyens le retour de Nicolas Sarkozy.
Selon des sources internes à l'UMP citées par Le JDD, 80% des militants n'auraient pas renouvelé leur adhésion à ce jour. Et le jour de l'éviction de Jean-François Copé, certains ont ostensiblement marqué leur désaccord en déchirant leur carte devant le siège du parti.
Démission de Copé : un militant déchire sa... par leparisien
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La fronde des militants pourrait encore s'accentuer avec les délicats débats à venir sur la ligne politique de l'UMP. Assommé par le score du FN aux européennes, le parti conservateur tangue entre un coup de barre à droite et un retour au centre.
Avant même la démission de Jean-François Copé, Alain Juppé, soutenu par NKM, appelait à une refondation de l'UMP via un rapprochement avec l'UDI et le Modem. "Nous n'avons pas tout essayé pour rassembler la droite et le centre malgré la montée des extrémistes que chacun pouvait pressentir", a également regretté François Fillon sur son site internet. L'idée d'une plate-forme commune entre l'UMP et l'UDI-Modem est avancée.
Premier problème: l'aile droite de l'UMP, de la Droite forte de Guillaume Peltier à la Droite Pop de Thierry Mariani, plus proche d'une"droite décomplexée et patriote", y est foncièrement opposée. Second problème: le centre n'est visiblement pas pressé de rouvrir le débat d'une fusion avec la droite. "Je suis favorable à ce qu'il y ait une droite qui soit à droite et un centre qui soit au centre", a tranché François Bayrou, sans fermer la porte à un éventuel accord électoral.
Cette incapacité à trouver une ligne politique commune devrait lourdement peser sur l'élection du prochain président de l'UMP, en octobre 2014. "Ce qu’on souhaite, c’est un vrai chef de l’UMP, qui rassemble et qui maintienne l'unité de l’UMP, un chef ancré dans les réalités", prône Rachida Dati. Problème: aucune personnalité indiscutable et capable de faire la synthèse ne s'est pour l'heure imposée.
Histoire de compliquer l'équation, Alain Juppé plaide pour que le futur président de l'UMP ne soit pas candidat à la primaire qui désignera le champion du parti pour l'élection présidentielle de 2017. Ce qui explique peut-être pourquoi lui-même n'est pas candidat. Personne ne s'est d'ailleurs encore déclaré.
Personne? L'entourage de Nicolas Sarkozy, qui a pourtant toujours écarté un retour à la politique via l'UMP, n'exclut plus un come-back d'ici octobre. "C'est peut-être le moment pour lui, s'il a une envie de retour sur la scène politique, de pouvoir le faire", a glissé un de ses fidèles Christian Estrosi. Un avertissement sans frais adressé à Juppé, Fillon et Raffarin qui ont au moins un dénominateur commun: aucun d'entre eux ne souhaite le retour de Nicolas Sarkozy.