A Rodez, la Confédération paysanne retient 4 heures un conseiller de Hollande
Par AFP | AFPAFP/AFP - François Hollande à Rodez, le 30 mai 2014
Les militants de la Confédération paysanne ont retenu pendant plusieurs heures le conseiller à l'agriculture de François Hollande, Philippe Vinçon, en marge d'une visite présidentielle à Rodez, avant de le laisser partir.
Le déplacement de M. Hollande, venu inaugurer le musée consacré à Pierre Soulages, l'un des plus grands artistes contemporains français, a par ailleurs donné lieu à des échauffourées entre forces de l'ordre et manifestants, et à des tirs de lacrymogènes.
Les manifestants, des intermittents du spectacle, agriculteurs et métallurgistes au nombre de 200 ou 300 selon les protestataires, d'une petite centaine selon les autorités, s'étaient rassemblés au pied de la cathédrale à quelques centaines de mètres du nouveau musée avant l'arrivée du président. Les forces de l'ordre ont fait usage de lacrymogènes quand une partie des manifestants a essayé de forcer l'important cordon de police et de s'inviter à l'inauguration.
Deux gardes mobiles ont été blessés et un intermittent interpellé, selon une source policière.
Au même moment, une délégation de la Confédération paysanne plaçaient symboliquement en "garde à vue", selon les mots du syndicat, Philippe Vinçon, avec lequel ils avaient rendez-vous à la préfecture.
Les militants ont fermé de l'intérieur la pièce dans laquelle ils se trouvaient. M. Vinçon n'en sortirait pas tant que quatre des leurs ainsi que le porte-parole de la Confédération interpellés mercredi dans la Somme après des dégradations sur le chantier de la ferme géante dite des "Mille vaches" ne seraient pas eux-mêmes relâchés, ont-ils fait savoir.
Les cinq militants placés en garde à vue dans le nord de la France étaient déférés au même moment au parquet d'Amiens. Ils seront finalement convoqués devant le tribunal correctionnel le 1er juillet.
A l'annonce de cette convocation, les militants de Rodez ont décidé de laisser partir le conseiller présidentiel. Celui-ci "aura compris qu'il y a autre chose à soutenir en France que la ferme des Mille vaches et l'agriculture industrielle", a lancé devant la préfecture Christian Roqueirol, membre du comité national de la Confédération.
- Ambiance joyeuse et détendue -
M. Vinçon a raconté après coup qu'il n'avait jamais été inquiet. "Il n'y a eu aucune violence ni physique ni verbale. Ils ont même apporté des sandwiches et de l'eau", a-t-il rapporté, "au lieu de discuter pendant une heure, on a discuté un peu plus longtemps, au total quatre heures, dans une ambiance joyeuse et détendue, surtout à la fin d'ailleurs parce qu'au début ils étaient un peu tendus".
Il a beaucoup été question de la politique agricole de M. Hollande, qui "va surtout dans le sens de la FNSEA", a dit M. Roqueirol, pour la Confédération.
"Contrairement à ce qu'a dit la Confédération paysanne, jamais ce projet de 500 vaches laitières n'a été le projet du gouvernement", a répondu le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, à sa sortie de Matignon, "il y a des règles, il y a des investisseurs qui peuvent investir dans la production de lait, jusqu'à preuve du contraire légalement".
"On doit faire respecter tout ce qui est lié aux règles des établissements classés, aux épandages. C'est ce que nous avons fait, ce projet des 1.000 vaches a été ramené à 500 vaches", a-t-il ajouté.
Les intermittents, quant à eux, protestaient, contre la réforme de leur régime d'assurance chômage. "Les gaz lacrymogènes de ce matin montrent que le gouvernement est complètement sourd à nos revendications", a dit à l'AFP un manifestant souhaitant conserver l'anonymat.
Après avoir été refoulés par les gaz lacrymogènes, les manifestants ont convergé vers la préfecture. Les intermittents ont accroché dans un arbre sous les fenêtres de la préfecture un pendu représentant l'un des leurs. Les agriculteurs ont déployé une banderole "non aux fermes usines".
Une soixantaine d'intermittents s'est rendue ensuite devant l'hôtel de polie, placée sous la protection des forces de l'ordre, pour réclamer la libération de celui d'entre eux qui avait été interpellé.
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