Depuis, Jérome Kerviel a déposé un pourvoi en cassation et a saisi les Prud'hommespour contester son licenciement pour faute lourde.
Conscient que défendre un symbole de la "finance folle" va provoquer "l’incompréhension et peut-être des reproches venant de mon camp", Jean-Luc Mélenchon justifie sa prise de position en dressant un parallèle entre l'affaire Kerviel et la célèbre affaire Dreyfus qui secoua la Troisième République sur fond de manipulation militaire et d'antisémitisme.
"Défendre un trader dans un conflit avec sa banque est aussi décalé que l’était la défense d’un capitaine monarchiste au début du siècle précédent contre l’institution militaire unanime. Le militarisme était alors notre ennemi. [...] Dreyfus en était un rouage conscient et satisfait. Mais il était innocent. Les banques sont nos ennemis aujourd’hui. [...] Kerviel en était un rouage actif, content de lui et du système. Mais Kerviel est innocent", explique le président du Parti de Gauche.
S'indignant contre une "peine de mort sociale" prononcée contre l'ancien trader, Jean-Luc Mélenchon dénonce une collusion de l'Etat de la Société Générale et remet en cause les sommes que Jérôme Kerviel aurait risquées et la réalité des pertes qu'il aurait occasionnées. "Les pertes reprochées à Jérôme Kerviel existent-elles vraiment ? Pourquoi le juge a-t-il refusé systématiquement toute expertise indépendante de ces pertes ? Pourquoi a–t-il choisi de croire sur parole la banque ?", s'interroge-t-il.
D'employé zélé, jonglant avec des millions bien au-delà des limites de sécurité avec la bienveillance de son employeur, Jérôme Kerviel serait devenu un bouc-émissaire destiné à masquer les pertes de la Société Générale liées à la crise des subprimes, accuse Jean-Luc Mélenchon qui précise l'avoir rencontré.
Toujours selon Jean-Luc Mélenchon, des économistes reconnus, comme Elie Cohen, auraient dénoncé dès janvier 2008 la tentative de la Société Générale de "charger un pauvre bougre", afin de faire passer des pertes qui "s'étaient accumulées" au cours de la crise des subprimes. La banque "aurait chargé la barque sur le thème de la fraude pour faire passer plusieurs mauvaises opérations de marché", cite encore l'eurodéputé.
Ce dernier met en cause la ministre des Finances de l'époque, Christine Lagarde, aujourd'hui directrice générale du FMI, qui aurait versé 1,7 milliard d’euros à la Société Générale à titre de compensation de la fraude subie.
Encore faut-il qu'il y ait eu fraude, nuance Jean-Luc Mélenchon, qui conclut. "Si la banque a menti, Madame Lagarde alors ministre des Finances devra dire pourquoi elle a accepté en 2008 de verser à la banque 1,7 milliard d'euros de dédommagement, sans discuter, ni vérifier la véracité de la perte, et en dépit des notifications de la commission chargée de la surveillance bancaire."
D'un scandale financier, l'affaire Kerviel devient un scandale d'Etat. A condition que Jean-Luc "Zola" Mélenchon apporte la preuve de son raisonnement.