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samedi 17 novembre 2018

Plusieurs accidents relancent la revendication d’un jour sans chasse - le 28.10.2018

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Plusieurs accidents relancent la revendication d’un jour sans chasse
L’activité cynégétique fait en moyenne 150 victimes par an, dont une vingtaine de morts. Le gouvernement veut « renforcer la sécurité »
Un vététiste britannique tué par le tir d’un fusil de chasse lors d’une battue au gros gibier, samedi 13 octobre, en Haute-Savoie. Un rabatteur mortellement touché alors qu’il se trouvait dans des broussailles, dimanche 21 dans la Meuse. Un autre vététiste blessé à l’épaule lors d’une battue au sanglier, le même dimanche dans l’Ariège. Ce même jour encore, dans le Finistère, deux surfeurs frôlés par les plombs de chasseurs tirant le faisan.
Depuis l’ouverture de la saison de chasse, début septembre, le tableau s’allonge, et pas au détriment du seul gibier, relançant la question des risques associés à l’activité cynégétique pratiquée par 1,2 million de personnes.
« J’ai convié la Fédération nationale des chasseurs [FNC] lundi [29 octobre] à mon ministère pour une réunion de travail (…)et je demanderai aux chasseurs de prendre des engagements pour renforcer la sécurité », a annoncé, vendredi 26 octobre, le ministre de la transition écologique et solidaire, François de Rugy. Cela afin de « rassurer les Français ».
Les statistiques publiées par l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) montrent que, depuis vingt ans, le nombre d’accidents tend à diminuer, même si la moyenne annuelle (160 cas) reste élevée. Le bilan de la saison 2017-2018, soit 113 accidents, est le plus bas enregistré sur cette période.
Le nombre de morts s’inscrit aussi à la baisse. Ces deux dernières décennies, il a été divisé environ par deux, avec une moyenne annuelle de vingt et un décès. La plupart du temps, les chasseurs sont eux-mêmes les victimes collatérales de leur loisir.
Dans plus de la moitié des cas, ces drames se produisent lors d’une chasse collective au grand gibier (sanglier, cerf, chevreuil), indique l’ONCFS, qui précise que « la très grande majorité des accidents mortels restent liés à un manquement aux règles élémentaires de sécurité, à un tir sans identification et à une mauvaise manipulation de l’arme ».
Les récents accidents ont relancé la revendication d’un « dimanche sans chasse », portée notamment par un collectif fédérant un millier d’associations de sports et de loisirs de plein air. « Le dimanche est le jour où la nature est très fréquentée par les familles, les randonneurs, les joggeurs, les cyclistes, qui doivent pouvoir en profiter en toute sécurité », explique son président, Etienne Spataro.

« Respectable »

Il ajoute : « Alors qu’un sondage a montré que 79 % des Français sont favorables à l’arrêt de la chasse le dimanche, la France est le seul pays d’Europe de l’Ouest où cette activité n’est pas interdite soit le dimanche, soit plusieurs jours en semaine. »
Directrice de l’Association pour la protection des animaux sauvages (Aspas), à l’origine d’une pétition en faveur d’une trêve dominicale qui a recueilli plus de 190 000 signatures, Madline Reynaud renchérit : « Voilà plus de trente ans que nous menons ce combat. Les chasseurs représentent moins de 2 % de la population, mais ils s’approprient la nature tous les jours de la semaine une grande partie de l’année [la saison de chasse s’achève en février]. »
Un jour sans chasse – le mercredi – a existé de 2000 à 2003, à l’initiative de la ministre de l’environnement Dominique Voynet, mais il a été supprimé par sa successeure Roselyne Bachelot.
« La chasse est une activité respectable, qui se pratique dans des conditions extrêmement encadrées, défend Thierry Coste, conseiller politique et lobbyiste de la FNC. Les accidents sont bien sûr dramatiques et il faut tout faire pour les éviter, mais ils sont beaucoup moins fréquents que dans d’autres loisirs tels que la randonnée en montagne. »
A ses yeux, « demander son interdiction le dimanche, c’est demander son interdiction tout court, car cette activité populaire se pratique surtout le week-end ». Il précise que « dans beaucoup de départements, la chasse est interdite le lundi et le vendredi » – et le dimanche dans certaines forêts domaniales périurbaines, comme à Fontainebleau ou Rambouillet.
Il faut par conséquent, selon lui, mieux organiser le « partage de la nature » entre ses utilisateurs. Une convention de partenariat a été signée en mars avec la Fédération française de la randonnée pédestre, notamment pour améliorer l’information des promeneurs à l’aide de panneaux « chasse en cours » signalant une battue. A l’avenir, des applications sur téléphone mobile pourraient permettre de connaître en temps réel les zones de chasse afin de les éviter.
A la suite de la mort du vététiste britannique, le député (La République en marche) de l’Aude Alain Perea, coprésident du groupe d’études sur la chasse à l’Assemblée nationale, a suggéré sur Twitter une solution plus radicale : « Interdire le VTT pendant la chasse ». Un Tweet qu’il a ensuite qualifié de « maladroit » mais qui dit assez que les porteurs de fusils n’ont pas l’intention de déposer les armes.

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