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samedi 16 juin 2018

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire : LA CONVENTION DES VERRIERES


HISTOIRE et MEMOIRE


 
 La Galerie de l'Histoire.
 
   
Christian LE Moulec
15 juin, 16:18
 
LA CONVENTION DES VERRIERES 
1 février 1871 

Aujourd’hui encore, certains ont un petit pincement au cœur en traversant le village suisse des Verrières, sur la route de Pontarlier-Neuchâtel. 
Cette commune est située à la frontière française et possède une commune homonyme limitrophe en France, Verrières-de-Joux. 
La convention est donc signée par le général Herzog, commandant de l’armée suisse, et le général Clinchant, adjoint du général Bourbaki. 
Elle fixe les conditions d’internement en Suisse des troupes françaises, quelque 87 000 hommes, alors encerclées par l’armée allemande. L’armée française pourra ainsi passer en Suisse sous réserve de déposer les armes au passage de la frontière. 
Pour mémoire, le 18 janvier 1871, Guillaume 1er est proclamé –empereur allemand- dans la galerie des Glaces du château de Versailles. 
Comment en sommes-nous arrivés à cette finalité d’internement en Suisse ? Eh bien, il nous faut remonter à la bataille d’Héricourt (15 au 17 janvier 1871), appelée aussi la bataille de la Lizaine. 
Avant, le 08 janvier, la bataille de Villersexel se termina par une victoire française. Sauf que l’armée de l’Est, ayant des problèmes de ravitaillement, fut incapable de poursuivre l’ennemi. Ce dernier, migrant vers Montbéliard, en profite pour se retrancher solidement sur le remblai de la ligne de chemin de fer qui suit la rivière de la Lizaine, de Montbéliard à Héricourt. 
De son côté, Bourbaki entend se diriger sur Belfort aux fins de reprendre la ville et délivrer ainsi la garnison française commandée avec brio par Denfert-Rochereau. Sauf que, Werder, le général allemand, avait prévu ce projet. 
Le 14 janvier, après quelques escarmouches avec les avant-postes allemands, l’armée française arrive sur les hauteurs de Montbéliard. Bourbaki entend mener une attaque frontale sur une vingtaine de kilomètres. 
Bourbaki dispose d’une armée de 140 000 hommes, contre 52 000 pour l’ennemi. Mais c’est une armée hétéroclite, hâtivement entraînée. Plus tard, l’expression « l’armée à Bourbaki » désignera de façon péjorative un groupe hétérogène mal équipé. 
Les Français bivouaquent à la diable, dans les bois et les chemins creux. Il a neigé, il neige encore, et la température nocturne descend à -20°C. Les Allemands, quant à eux, sont bien à l’abri. Selon leurs méthodes habituelles, ils ont réquisitionné les maisons de l’habitant et pillé les vivres. 
C’est donc une armée française épuisée et mal équipée qui se présente au combat. Les Français pénètrent dans Montbéliard aux fins de déloger les Allemands du château. L’ennemi riposte à l’arme lourde. Dans le village de Bethoncourt, des bataillons entiers de zouaves et de Savoyards succombent. Mais les affrontements les plus meurtriers ont lieu devant Héricourt et le village de Chagey. 
Le 18 janvier, Bourbaki jette l’éponge et décide de retraiter vers Besançon. Ainsi, la libération de Belfort a échoué. Mais entretemps, l’ennemi a transféré deux corps d’armée en appui de celui de Werder. Du coup, l’armée de l’Est est menacée d’encerclement. Bourbaki change alors d’itinéraire et marche en direction de Pontarlier. Les soldats, affamés, épuisés et décimés par le froid, cheminent dans la neige, sur le plateau du Haut-Doubs. Ils finissent par se retrouver acculés à la frontière suisse. Ils sont pris au piège ! 
Le 26 janvier, Bourbaki délègue son commandement à Clinchant. Dans la nuit, il tente de se suicider en se tirant une balle dans la tête. La balle est déviée, ricoche, et Bourbaki s’en tire miraculeusement. Après un séjour en Suisse, il retournera en France. 
La Convention de Verrières signée, ce qui reste de l’armée de l’Est pénètrent donc en Suisse par trois endroits, entre les 01 et 03 février : aux Verrières, à Sainte-Croix et Vallorbe. Elle est dispersée dans divers cantons de la Confédération. Il fallait accueillir, loger, nourrir, soigner et aussi surveiller tous ces hommes dans un état pitoyable. 1 700 soldats mourront là-bas. La Croix-Rouge s’est vivement impliquée dans cette affaire. 
Après six semaines, les « Bourbaki » reviennent progressivement en France. Bismarck s’opposait à leur retour avant la signature des préliminaires de paix. La Confédération présente une facture de 12 millions de francs suisses, somme alors considérable. Elle n’inclut ni les soins, ni la nourriture dispensés par la population. La note est réglée en août 1872. En échange, la Suisse restitue les équipements saisis : fusils, armes diverses, canons et mortiers, chariots et chevaux, etc. 
En avril 1871, Clinchant est de retour à Versailles. Il reçoit alors le commandement du 5ème corps d’armée qui participera à la répression de la Commune de Paris. L’ancien adjoint de Bourbaki s’y montrera impitoyable. 
Ci-dessous : Peinture d’Edouard Castres, paysagiste genevois et émule d’Henry Dunant.
LA CONVENTION DES VERRIERES
01 février 1871
Aujourd’hui encore, certains ont un petit pincement au c...

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