POLITIQUE - Le communiqué est tombé comme un pavé dans la mare. Candidat en position éligible sur la liste de la France insoumise aux européennes, le politologue
Thomas Guénolé a publié ce jeudi 18 avril un texte d’une rare virulence contre le mouvement de
Jean-Luc Mélenchon, dénonçant son “fonctionnement autocratique” et l’emploi de “méthodes staliniennes” pour qu’il se retire de lui-même de la liste menée par Manon Aubry.
Jointe par Le HuffPost, la direction de la campagne FI nous a informé que Thomas Guénolé faisait l’objet d’un signalement interne pour harcèlement sexuel et déplorait que le politologue réponde à cette affaire “par une stratégie de défense politique”.
“Le comité électoral a reçu un signalement d’une jeune femme dénonçant des faits pouvant s’apparenter à du harcèlement sexuel de la part de Thomas Guénolé”, a réagi dans un communiqué la direction de la France insoumise.
“Nous avons saisi le pôle d’écoute et de vigilance contre les violences sexistes et sexuelles. Nous découvrons avec stupeur le communiqué de Thomas Guénolé qui instrumentalise des prétextes politiques pour sa défense”, conclut le comité électoral.
“Ce n’est pas moi qui cache, c’est eux”
“Me poisser là-dedans, c’est leur stratégie de défense à eux”, leur répond Thomas Guénolé joint par nos soins. “J’exige publiquement que tous les documents soient rendus publics. Ce n’est pas moi qui cache, c’est eux”, accuse le politologue qui a mandaté son avocat pour obtenir de gré ou de force “tout document, y compris le mail de signalement” l’accusant des faits qui lui sont reprochés.
“Encore aujourd’hui, je ne sais pas de quoi je suis accusé précisément. La France insoumise ne m’a communiqué aucun document m’accusant précisément de quelque chose. Ils m’ont convoqué, ils m’ont parlé. J’ai eu droit à un interrogatoire à huis clos pendant 8 heures sans avocat. Suite à cet interrogatoire, je leur ai signalé que je serais dorénavant assisté de mon avocat. Ils ont répétitivement demandé que j’accepte une rencontre sans témoin. Il y a eu pression pour que je retire spontanément ma candidature”, raconte celui qui est encore membre de la FI et toujours candidat aux européennes.
Cette affaire de harcèlement présumé a en tout cas ouvert la boîte de Pandore sur les dysfonctionnements internes de la FI. “Je note la coïncidence entre ces méthodes accusatoires staliniennes et le fait que je dénonce en interne, pas publiquement, le fonctionnement autocratique et le risque d’effondrement judiciaire de la France insoumise”, confie Thomas Guénolé qui juge “tragique que la FI ne soit pas une grande force démocratique en plein soulèvement historique des gilets jaunes”.
Une “machine à broyer ses militants”
Dans son communiqué, le politologue dépeint dans le détail le fonctionnement de la FI et de ce qu’il qualifie de “machine à broyer ses militants”. Des critiques qui font écho à d’autres remous internes intervenus ces derniers mois, avec des
excommunications de candidats ou la mise en retrait de certaines figures du mouvement.
Ciblant ouvertement un Jean-Luc Mélenchon “qui décide de tout en symbiose avec Sophia Chikirou”, responsable de la communication de la campagne FI, Thomas Guénolé décrit une association politique qui ne serait qu’une “coquille juridique vide, sans membre”, pilotée par un triumvirat en lien avec Jean-Luc Mélenchon.
Il alerte également sur le “risque judiciaire” que fait peser l’omniprésence de Jean-Luc Mélenchon, dont il anticipe une éventuelle “peine d’inéligibilité” avant la prochaine élection présidentielle. LFI est visée par des enquêtes sur les comptes de la campagne 2017 et sur les conditions d’emploi d’assistants d’eurodéputés.
“Des millions de gens voudraient soutenir la France insoumise pour son programme, mais s’y refusent juste à cause de la personnalité imprévisiblement colérique de Jean-Luc Mélenchon”, prévient Thomas Guénolé.
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