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Le Gilet jaune Jérôme Rodrigues, à Chambéry ce week-end : « La province, c’est la base du mouvement »
Jérôme Rodrigues, blessé à l’œil lors de la manifestation du 26 janvier à Paris, est l’une des figures des Gilets jaunes. Photo MaxPPP
Quelles sont les raisons qui vous ont fait répondre favorablement à l’invitation des Gilets jaunes de Savoie ?
« Je souhaite d’abord remercier tous ceux qui m’ont soutenu après mon attaque [il a été blessé à l’œil lors d’une manifestation à Paris, NDLR] parce que ça m’a donné beaucoup d’énergie. Ensuite, la province c’est la base du mouvement. C’est elle qui se déplace sur Paris. Donc l’idée c’est de refédérer et de rappeler pourquoi on est là depuis le 17 novembre ».
Le mouvement en Savoie, et particulièrement à Chambéry, est d’ailleurs en perte de vitesse…
« J’ai un réseau plus provincial que parisien. À la base, je suis en relation avec les Gilets jaunes de Belley (Ain). Quand les Gilets jaunes de Chambéry m’ont demandé de venir, je leur ai suggéré de contacter ceux de Belley pour leur dire de venir. Et on a fait la même chose avec ceux de Grenoble parce que je ne peux pas être partout le même jour. L’idée c’est de dépasser ces petites guéguerres féodales entre groupes. Donc ils se sont rencontrés et se sont mis d’accord. »
Les élections européennes seront une étape charnière
Qu’avez-vous pensé de l’intervention du président de la République et de l’annonce de ses mesures ?
« En communication il est balèze malgré quelques bourdes. Mais il est là pour nous vendre son programme malgré tout. On en est où des taxes sur l’essence, de l’ISF, du Ric ou au moins d’une meilleure démocratie ? Il ne doit pas oublier que “Gilet jaune”, ce n’est pas une idéologie. C’est une métaphore, sous le gilet il y a un citoyen. »
Éric Drouet, autre porte-parole tout comme vous, a décidé de prendre du recul avec le mouvement. Qu’en pensez-vous ?
« On échange souvent et on vit les mêmes choses. Au final on est qui ? Lui est routier, moi je suis plombier. On n’est pas programmé pour ça, pour être dans cette lumière, pour qu’on fouille dans notre vie privée, pour qu’on nous insulte. Il y a ce cyber-harcèlement avec les “haters” sur les réseaux sociaux où moi, on me surnomme le cyclope. Il faut le subir ça. J’ai dû porter plainte personnellement. Je peux comprendre aussi que ça fait cinq mois qu’on est sur le terrain et il travaille en même temps. Il a besoin d’un peu de repos. »
Comment voyez-vous évoluer le mouvement dans les prochaines semaines ?
« Sincèrement, j’attends les élections européennes. Ce sera une étape charnière. Tout comme le 1re mai [l’interview a été réalisée avant, NDLR] quand on lit sur les réseaux sociaux, j’ai l’impression que ça va être une grosse journée avec des conséquences médiatiques et politiques. Et puis, les meilleures révolutions se font au printemps. »
La manifestation aura lieu le samedi 4 mai à Chambéry, place du palais de justice, à partir de 13 heures. Un pique-nique tiré du sac aura lieu le lendemain, à Buisson-Rond, toujours en présence de Jérôme Rodrigues. Les organisateurs appellent à une manifestation pacifique et sans alcool. Ils ont déclaré la manifestation en préfecture.
Par Propos recueillis Stéphan DUDZINSKI | Publié le 01/05/2019 à 16:59
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