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Manifestations de gilets jaunes, syndicats et "black blocs": le 1er-Mai des convergences et de "l'apocalypse"
Gilets jaunes “ultras” et “black blocs” veulent transformer Paris en “capitale de l’émeute" pour la fête du Travail. Au milieu, les syndicats veulent se faire entendre.
MANIFESTATIONS - Si la mobilisation des gilets jaunes a été l’une des plus faibles lors de l’acte 24 samedi 27 avril (avec 23.600 manifestants en France), c’est en partie car certains manifestants avaient prévu de faire l’impasse pour se concentrer sur cette journée du 1er-Mai, qui s’annonce très tendue.
Des appels à un mercredi “noir et jaune” ont en effet été lancés bien en amont, gilets jaunes “ultras” et “black blocs” ayant affiché leur volonté de transformer Paris en “capitale de l’émeute” lors d’une “journée d’apocalypse”. À cela, il faudra ajouter les traditionnels défilés syndicalistes pour la fête du Travail, dont la plupart convergeront avec les gilets jaunes.
Dans la capitale, la CGT, FO, la FSU, Solidaires, l’Unef et l’UNL ont appelé à un défilé afin d’“amplifier les batailles pour que les urgences sociales et climatiques soient enfin prises en compte par le gouvernement et le patronat”.
La manifestation syndicale, où seront présents les cadres de La France insoumise et du Parti communiste, partira de la gare Montparnasse à 14h30 et rejoindra la place d’Italie.
Un trajet pas sans risques, celui-ci frôlant au moins deux symboles macronistes: la Rotonde, restaurant où le candidat d’En Marche avait célébré sa qualificationau second tour de l’élection présidentielle; et la place de la Contrescarpe, où son ex-conseiller Alexandre Benalla avait brutalement interpellé un couple le 1er mai 2018.
Préventivement, le préfet de police Didier Lallement a ordonné un arrêté de fermeture des établissements installés le long du parcours de la manifestation, qui devront impérativement protéger leur devanture.
Un “véritable test” pour la doctrine du maintien de l’ordre
Le défilé du 1er mai 2018 avait vu environ 14.500 personnes, selon les autorités, manifester dans Paris. Au milieu, 1200 “black blocs”, selon la police. La manifestation avait été marquée par les images de dégradations, d’un McDonalds en feu face à la gare d’Austerlitz et de manifestants bloqués sur le pont du même nom.
Pour ce 1er mai 2019, sur une page Facebook très suivie, les “black blocs” avaient annoncé la couleur dès le 9 avril, en affirmant que “ce 1er mai sera (...) une journée en enfer pour les personnes qui défendront le système, mais (aussi) (...) une journée où l’on pourra exprimer notre colère et notre révolte. Une journée où le destin va basculer”.
Lors du Conseil des ministres ce mardi, Emmanuel Macron a demandé que la réponse aux “black blocs” soit “extrêmement ferme” en cas de violences. “Le président a indiqué que, de manière très ferme, il fallait à la fois permettre aux uns et aux autres, en cette fête très symbolique du Travail de manifester, de revendiquer (...) et qu’on soit extrêmement ferme contre tous ceux qui n’ont pour objectif que le désordre et la violence”, a indiqué la porte-parole Sibeth Ndiaye.
Résultat, plus de 7400 membres des forces de l’ordre seront déployés à Paris, a déclaré le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, qui promet la “plus grande vigilance” face à la présence annoncée de “1000 à 2000 activistes radicaux”. Les samedis de mobilisations des gilets jaunes, 5000 membres des forces de l’ordre, au maximum, sont déployés dans la capitale.
“Nous ne tolérerons aucune exaction. Le dispositif qui sera mobilisé sera un dispositif d’ampleur exceptionnelle, mobile, réactif, qui nous permettra d’aller percuter les groupes qui commettront des exactions, de procéder au maximum d’interpellations”, a indiqué de son côté le secrétaire d’État à l’Intérieur Laurent Nuñez.
Selon une source policière à l’AFP, cette journée du 1er mai sera un “véritable test” pour la doctrine du maintien de l’ordre instaurée depuis cinq semaines afin de muscler la réponse face aux casseurs. Concrètement, elle se matérialise par des zones d’interdiction de manifester, des contrôles préventifs, des unités anti-casseurs plus réactives (équipages policiers à moto), un commandement unique et l’utilisation de drones.
“Démocratie” au Panthéon et drapeaux français sur les Champs-Élysées
La manifestation intersyndicale, qui devrait donc mêler gilets jaunes et “black blocs”, ne sera pas le seul point chaud de la journée dans la capitale.
De leur côté, les syndicats “réformistes” organisent une mobilisation propre, comme à l’accoutumée: la CFDT, la Fage, la CFTC et l’Unsa seront dans la matinée place de l’Europe, dans le VIIIe arrondissement, avec comme mot d’ordre “pour une Europe sociale et environnementale”.
À partir de 10h, la place du Panthéon devrait, elle, accueillir les nombreux participants (4000 annoncés, 13.000 intéressés) à l’événement Facebook de gilets jaunes “Premier mai Rassemblement historique à Paris pour la démocratie”.
Un autre rassemblement est annoncé dans la matinée sur les Champs-Élysées, via l’événement Facebook ”2 Millions De Personnes Sur Les Champs Le 1er Mai” (2500 participants, 12.500 intéressés). Les gilets jaunes sont invités à y venir avec un drapeau français “pour montrer qu’avant d’être gilet jaune, on est Français”.
À noter qu’un événement Facebook intitulé “Acte ultime: Paris, capitale de l’émeute” a été retiré du réseau social. “Nous lançons un appel à tous les révolutionnaires de France et d’ailleurs, à tous ceux qui veulent que cela change, à venir former un cortège déterminé et combatif”, y avaient écrit les organisateurs.
Par ailleurs, Paris accueillera mercredi deux rassemblements traditionnels du 1er-Mai: celui de Jean-Marie Le Pen et ses sympathisants place des Pyramides à 11h30 (sa fille Marine Le Pen sera elle à Metz); et celui Pont du Carrousel à 11h en hommage à Brahim Bouarram, le jeune Marocain mort après avoir été jeté dans la Seine le 1er mai 1995 par des manifestants issus d’un cortège du Front national.
Enfin, lycéens et étudiants, qui ont déjà marché plusieurs fois pour le climat le samedi depuis plusieurs semaines, vont aussi rejoindre la manifestation intersyndicale. Cette “marche pour le climat” s’élancera de la place du Panthéon à 11h et rejoindra le cortège intersyndical devant la gare Montparnasse.
Ci-dessous, la carte des rassemblements prévus dans Paris ce 1er mai:
En régions, la convergence des luttes entre gilets jaunes et syndicats sera aussi au programme dans plusieurs villes. Ce devrait notamment être le cas à Lille, Besançon, Pau ou Caen. Dans la préfecture du Calvados, le centre-ville sera interdit à la manifestation.
Et les violences ne devraient pas se concentrer uniquement à Paris. “On sait bien que les ultraviolents, ultragauche mais aussi des ‘ultrajaunes’ viendront pour casser sur Paris et pas seulement sur Paris”, a prévenu vendredi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner sur franceinfo.
À Lyon, le préfet du Rhône a pris un arrêté interdisant de manifester dans l’hypercentre de Lyon, de 11h à 20h, même si le cortège syndical n’avait pas prévu d’y passer.
Le défilé du 1er Mai, organisé à l’appel de la CGT, FSU, Solidaires, l’Unef, l’UNL et la CNT, doit partir à 10h30 de la place Jean Macé pour rejoindre la place Bellecour. “D’autres appels à manifester ont été lancés sur les réseaux sociaux afin de rejoindre le cortège principal”, précise la préfecture.
Parmi les figures du mouvement des gilets jaunes, Jérôme Rodrigues s’est prononcé “pour un 1er mai massif” sur sa page Facebook.
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