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jeudi 30 mai 2019

1er mai: gilets jaunes et syndicats réussissent leur union ------

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POLITIQUE
01/05/2019 21:38 CEST |

1er mai: gilets jaunes et syndicats réussissent leur union, gâchée par la violence à Paris

Grosse mobilisation partout en France dans une ambiance globalement bon enfant. Des affrontements entre casseurs et forces de l'ordre ont cependant gâché la fête dans la capitale.


Un gilet jaune manifestant à Paris le 1er janvier

ARIS LE 1ER MAI 2019.1ER MAI - En rouge et jaune. Ce mercredi 1er mai a marqué une nouvelle étape dans la convergence des luttes, quelques jours seulement après les annonces d’Emmanuel Macron censées calmer la colère d’une partie des Français.
Les syndicats, traditionnellement à la barre de cette fête du Travail, journée historique de mobilisation, ont été rejoints partout en France par des militants gilets jaunes. Les cortèges bigarrés, unis contre le chef de l’État, se sont multipliés dans les plus grandes villes du pays à Toulouse, Nantes, Lyon ou Bordeaux. 
À Paris, le défilé a bien failli tourner court avant même le démarrage de la manifestation, marquée ensuite par plusieurs accès de violence et des heurts entre militants radicalisés et forces de l’ordre. Mais sur l’ensemble du territoire, gilets jaunes et militants syndicaux peuvent se réjouir. Ils ont enfin réussi à se mobiliser ensemble face à un adversaire commun: le président de la République et sa politique mise en place depuis son élection. 
Au total, ils ont été 164.000 à participer aux manifestations ce mercredi, dont 28.000 à Paris selon le ministère de l’Intérieur. La CGT a pour sa part compté 310.000 manifestants sur près de 250 points différents, quand le cabinet indépendant Occurence a fait état de 40.000 contestataires dans les rues de la capitale. Des chiffres assez éloignés les uns des autres mais qui indiquent tous une hausse de mobilisation par rapport à l’année dernière. Le 1er mai 2018, les manifestations avaient rassemblé 210.000 personnes en France selon la CGT et 143.500 selon la place Beauvau.

L’union des gens ordinaires”

Dans la grosse majorité de ces cortèges, l’ambiance était bonne enfant. “Ici, y a des drapeaux rouges, des drapeaux jaunes, des drapeaux verts. Ces manifestations, déclarées ou pas, sont légitimes”, s’époumonait par exemple le slameur Yoann Leforestier, juché sur le camion de la CGT à Caen, gilet jaune sur le dos. Même constat et même désir d’union du côté de Rennes. “Face à cette politique antisociale qui est en train de casser la société, c’est l’union des gens ordinaires qui va changer les choses”, voulait croire Christian, un manifestant breton de 52 ans. 
À Metz également, gilets jaunes et badges syndicaux ont fait bon ménage. “Au début, on se méfiait des gilets jaunes, mais on a très vite travaillé avec eux. Ce mouvement nous a permis d’obtenir des avancées, certes mesurées, mais il ne faut pas le sous-estimer”, reconnaissait pour sa part Sébastien Hesse, de la CGT Moselle. 
“On a de plus en plus de soutiens depuis les dernières annonces de Macron, les gens se rendent compte que c’est grâce à nous”, renchérissait Fabrice, gilet jaune de 64 ans, décidé à ne pas laisser la fête des travailleurs gâchée par les violences et à en faire un jour de convergence, plutôt que de concurrence des luttes.
Même le vert s’est parfois mélangé au jaune et au rouge, comme à Toulouse, où les militants environnementaux étaient eux aussi de la fête. “On n’était pas d’accord sur tout au début, mais les gilets jaunes et nous avons compris que seule la convergence de nos luttes pouvait nous faire avancer pour une justice sociale et écologique”, expliquait Bérengère Doerler, une écolo convaincue qui tenait une pancarte “Gilet vert, gilet jaune même combat”.

La violence gâche la fête à Paris

Mais malgré ces efforts, des faits de violences ont encore émaillé la manifestation à Paris. Comme un symbole, le numéro 1 de la CGT, Philippe Martinez, a dû être exfiltré du défilé après avoir été pris dans des affrontements entre forces de l’ordre et militants radicalisés. L’année dernière, les choses avaient déjà dérapé, obligeant les syndicats à modifier leur itinéraire face à la virulence et la détermination des casseurs. 
Ce mercredi 1er mai devait être la journée de “l’apocalypse”, comme annoncé sur les réseaux sociaux. Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait prévu un dispositif impressionnant de forces de l’ordre et les autorités prévoyaient la convergence sur Paris de 1000 à 2000 activistes radicaux. Si les violences ont finalement été relativement contenues (en comparaison de certains samedis de manifestations), plusieurs “black blocs” ont profité de l’événement pour s’en prendre aux forces de l’ordre et à certains symboles du pouvoir ou du capitalisme.
Les heurts ont débuté vers 15h30, quand les premiers manifestants, dont des gilets jaunes et des “black blocs”, sont arrivés vers la place d’Italie, fin du parcours de la manifestation qui avait débuté à 14h30 à Montparnasse, après déjà une première série de heurts. Les policiers ont usé à plusieurs reprises de gaz lacrymogènes et ont chargé des groupes de manifestants pour tenter de les disperser, sur la place d’Italie et dans des rues et boulevards alentours.
Des projectiles et des assauts ont été lancés sur le commissariat du 13e, protégé par des barrières anti-émeutes, des manifestants ont mis le feu à des poubelles ou barricades et une voiture, une agence d’assurance et une agence bancaire et plusieurs commerces ont été vandalisés, leurs vitrines brisées, ont constaté les journalistes de l’AFP. La place d’Italie a été un moment totalement saturée de gaz lacrymogène. Les policiers, qui ont essuyé des jets de projectiles -bouteilles, pavés...- ont également utilisé à plusieurs reprises des grenades de désencerclement, de même que des canons à eau pour disperser les manifestants. Au total, 220 personnes ont été placées en garde à vue.
“Je regrette vraiment que la journée du 1er mai ait été volée par la violence de quelques-uns”, a déclaré en début de soirée Christophe Castaner à l’hôpital de La Pitié-Salpêtrière (13e arrondissement), où a été admis un CRS blessé à la tête. L’hôpital, situé à proximité de la place d’Italie où le parcours de la manifestation syndicale a pris fin, a été “attaqué” par des dizaines de “black blocs” qui auraient voulu rentrer par la sortie de secours. “Des infirmières ont dû préserver le service de réanimation. Nos forces de l’ordre sont immédiatement intervenues”, a expliqué le ministre de l’Intérieur lors d’un point presse. 
Par ailleurs, Philippe Martinez a rejeté la responsabilité des violences sur le préfet de police et le ministre de l’Intérieur. “Ceux qui ont essayé de nous voler le 1er mai, ce ne sont ni les gilets jaunes, ni ceux qu’on appelle les radicaux, mais c’est le gouvernement, en mettant cette pression policière aussi folle”, a accusé de son côté Eric Beynel, porte-parole de Solidaires. 
Cette union sacrée est-elle également de mise du côté des gilets jaunes? Pour beaucoup oui, mais pas pour tous. Visage connu des gilets jaunes, Maxime Nicolle -pourtant présent dans le cortège syndical avec Éric Drouet- a expliqué encore se méfier de ceux qui “représentent moins de 10% de la masse salariale”: “c’est pas ça qu’on veut, c’est un changement profond de système”, a-t-il argué dans les rues parisiennes, non loin des leaders syndicaux. En rouge et jaune donc. Mais surtout en jaune quand même. 
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