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jeudi 23 août 2018

Sécurité sur les plages : les CRS vont-ils se rhabiller ?


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Sécurité sur les plages : les CRS vont-ils se rhabiller ?

Eric Pelletier|20 août 2018, 19h14
Les CRS sont présents sur le littoral français depuis soixante ans. Mais leur mission est remise en question. LP/Jean-Baptiste Quentin

Depuis soixante ans, ces policiers nageurs sauveteurs surveillent la baignade des estivants. Le ministère de l’Intérieur veut les redéployer, ce qui suscite la fronde des élus.

Quel est le rapport entre la tortue luth, le marsouin du Pacifique et le CRS nageur sauveteur des plages françaises ? Ce sont toutes, à leur manière, des espèces menacées.
Voilà soixante ans que les CRS, policiers spécialisés dans le maintien de l’ordre mais formés au sauvetage aquatique pour certains d’entre eux, sont présents sur le littoral. A l’époque de leur déploiement, il s’agissait d’accompagner l’essor des stations balnéaires, à la demande d’associations bretonnes de secours en mer. Mais cette mission est en sursis : les fameux tee-shirts blancs floqués d’un triangle rouge pourraient bien disparaître du paysage dès l’année prochaine.
Au fil des ans, leur nombre ne cesse d’ailleurs de diminuer. Selon les chiffres de la direction générale de la police, ils étaient 720 en 2002, 500 en 2015, mais ils sont seulement 300 cette année, répartis dans une soixantaine de municipalités, principalement de l’Ouest et du Sud-Ouest.

La Cour des comptes fait des vagues

Le ministère de l’Intérieur ne cache pas sa volonté de se désengager au profit d’un recentrage « vers le cœur de métier des CRS ». « La surveillance des plages et le secours aux personnes en difficulté dans le cadre des activités de baignade » ne relèvent ni des « missions régaliennes de l’Etat ni de ses obligations légales », a martelé Gérard Collomb le 17 juillet en réponse d’un député qui s’inquiétait d’un possible arrêt de cette mesure. Place Beauvau, on estime que ce travail incombe à la police municipale et que « tout titulaire d’un brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique » est à même de surveiller la baignade. Pour le ministère, les policiers pourraient être plus utiles ailleurs.
Il faut dire que la Cour des comptes s’est émue de la situation actuelle. Et les conclusions de deux rapports récents (1) sur le sujet sont sans appel. La Cour dénonce une activité « avantageuse pour les communes » mais « étrangère » aux missions des CRS » et « juridiquement critiquable » : le coût de la surveillance des plages était estimé à 4,5 M€ en 2011. Ce service n’est effectivement pas facturé aux communes. En revanche, celles-ci assurent le logement et les frais des CRS à hauteur de « 60 € par jour, six jours sur sept, à raison de 46h46 par semaine », précise Cyril Lambert du syndicat Unsa CRS.

Uniforme plutôt que maillot de bain

Mais la Cour des comptes et le ministère de l’Intérieur se heurtent à de fortes résistances. Celles-ci émanent des syndicats de police très attachés à ce service né sous de Gaulle et surtout de maires de communes littorales inquiets à l’idée de voir leur budget de nouveau amputé alors que les dotations de l’Etat diminuent déjà de manière drastique. Les défenseurs du statu quo mettent notamment en avant des considérations sécuritaires. « Les incivilités gagnent du terrain. Nous assistons à une recrudescence des actes violents sur les plages », martèle Cyril Lambert. « Face à ces événements qui se multiplient, renchérit Benoît Simian, député (LREM) de la Gironde dans un courrier à Gérard Collomb, il me paraît opportun de revoir les effectifs des forces de l’ordre à la hausse sur la période juillet août face à l’afflux de touristes ». L’élu parle même de « nécessité absolue ».
En 2016, les CRS ont obtenu d’être armés dans le poste de secours pour faire face à la menace terroriste. Mais côté de la place Beauvau, on préférerait voir les troupes en alerte près du littoral en uniforme et avec des armes lourdes dans le camion plutôt qu’en slip de bain sur le sable. La décision de reconduire ou de supprimer le dispositif pourrait être prise à la rentrée.
(1) Notamment « L’organisation du secours en montagne et de la surveillance des plages », septembre 2012.





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