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vendredi 24 août 2018

Le gouvernement aborde une rentrée sociale à hauts risques......La délicate équation du budget 2019.......


22 août 2018

Droit dans ses bottes, Macron ne souhaite pas changer de stratégie

Comme à la rentrée 2017, le chef de l'Etat, qui doit présider le conseil des ministres, mercredi, veut multiplier les annonces de réformes pour faire oublier l'affaire Benalla et les difficultés économiques

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Bis repetita ? Il y a un an, Emmanuel Macron était sorti de son premier été de président le mors aux dents. En chute dans les sondages après un début de mandat chaotique, marqué par l'affaire Ferrand, la démission du général de Villiers et les couacs d'une majorité novice, le chef de l'Etat avait abordé la rentrée pied au plancher, multipliant les annonces et les réformes, pour sidérer l'opposition et les Français. Une stratégie carpet bombing gagnante : dès le mois d'octobre, le président avait recouvré une partie de sa popularité.
Un an plus tard, même constat… et même réponse. Mis en difficulté par le ralentissement de la croissance, mais aussi par le retentissement pris par l'affaire Benalla, qui a montré la fragilité de son dispositif politique, Emmanuel Macron a  décidé, selon son entourage, de ne rien changer à sa stratégie.
Calendrier soutenu" Comme en  2017, la rentrée sera très dense au niveau économique et social, avec de nombreuses réformes qui seront engagées, assure-t-on à l'Elysée. La feuille de route est tracée -depuis la campagne, la volonté d'aller au bout des choses est intacte. " Comprendre : pas de changement de rythme et encore moins d'infléchissement du cap, comme certains observateurs l'avaient anticipé.
Pour marquer ce choix, l'exécutif compte une nouvelle fois mettre en scène le gouvernement au travail. De retour à l'Elysée mardi soir, après un séjour de près de trois semaines au fort de Brégançon (Var), où il a consacré son temps " au repos et à travailler ses dossiers ", Emmanuel Macron présidera, mercredi 22  août, un conseil des ministres de rentrée, où il devrait insister sur le calendrier soutenu qui attend les membres du gouvernement. Un point sur la reconstruction des îles de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy, dévastées par l'ouragan Irma il y a un an et où le chef de l'Etat compte à -nouveau se rendre en septembre, devrait également être fait.
Continuer à fracturer la droiteSurtout, l'Elysée a fait savoir que le président organiserait mercredi après-midi une réunion d'arbitrage sur le budget, à laquelle -participeront le premier ministre Edouard Philippe mais aussi Bruno Le Maire, le ministre de l'économie et des finances, Agnès Buzyn, la ministre des solidarités et de la santé, -Muriel Pénicaud, la ministre du -travail, et Gérald Darmanin, le ministre de l'action et des comptes publics. Objectif : décider où se feront les économies pour respecter la promesse de 2,3  % de déficit public en  2019, martelée par l'exécutif depuis le printemps mais rendue incertaine par la mauvaise conjoncture économique.
Selon différentes sources, Emmanuel -Macron n'entend pas revenir sur cet engagement, considéré comme essentiel pour la crédibilité de la France au niveau européen. Pas question de laisser penser que Paris, une nouvelle fois, n'est pas capable de tenir ses promesses.
" La croissance un peu moins dynamique va vous permettre de démontrer que nous sommes capables de réaliser de vraies économies. Ces choix seront exigeants, mais il n'y aurait rien de pire que donner le sentiment que nous adaptons nos ambitions à la -conjoncture. Ce serait politiquement et économiquement irresponsable et nous priverait de l'influence que nous sommes en train de recouvrer en Europe ", estime Gilles Le Gendre, vice-président du groupe La  République en marche (LRM) à l'Assemblée -nationale. La question est d'autant plus sensible que le chef de l'Etat veut continuer à fracturer la droite en vue des prochaines échéances électorales, qu'il s'agisse des européennes en mai  2019 ou des municipales au printemps 2020.
" Macron veut absorber le centre droit pour les élections, mais cet électorat est très -sourcilleux sur les questions d'équilibre -budgétaire, analyse Jérôme Fourquet, directeur du département opinion publique à l'IFOP. S'il laisse filer le déficit, il offrira un -angle -d'attaque idéal à la droite, qui l'accusera d'être le fils de Hollande. "
Désireux de montrer qu'il entend les -critiques sur son supposé isolement, l'exécutif compte également soigner sa relation avec les syndicats, que le président s'est -engagé, lors de son discours devant le -Congrès le 9  juillet, à davantage associer aux réformes sociales.
Les responsables des principales centrales seront reçus individuellement par Edouard Philippe à  Matignon entre le 29  août et le 4  septembre. Au menu : la réforme des règles de l'indemnisation du -chômage et celle des indemnités journalières lors des arrêts-maladie. Un séminaire avec l'ensemble du gouvernement sera enfin organisé le 31  août à l'Elysée, pour donner le tempo des réformes de l'an II du -quinquennat. " Avec les universités d'été, la rentrée sera très politique. Il ne faudra pas se laisser polluer par les attaques, rester -concentrés sur les réformes et ne pas ralentir ", estime-t-on à Matignon.
" Dimension émotionnelle absente "Reste à savoir si cette stratégie – un copier-coller  de 2017 – connaîtra le même résultat. Même s'ils s'en défendent en public, des parlementaires de la majorité s'inquiètent des effets durables de l'affaire Benalla sur l'image du chef de l'Etat, et plaident pour que celui-ci montre davantage d'empathie.
" Le président doit donner des signes aux Français, rajouter un peu de chaleur, de proximité. La dimension émotionnelle est trop absente du macronisme ", estime un parlementaire en vue. " Si on ne change rien, on va se normaliser. Etre au même niveau de popularité que Hollande ou Sarkozy, ce n'est pas bon ", ajoute un soutien du président.
Pas sûr qu'ils soient entendus. Selon -l'Elysée, où l'on estime que l'affaire Benalla " a eu un retentissement médiatique en décalage avec l'opinion ", Emmanuel Macron " n'a pas prévu de prise de parole dans l'immédiat " – c'est Edouard Philippe qui pourrait accorder un entretien à la presse -dimanche – et ne semble pas décidé à remanier son dispositif politique à la rentrée. Il n'envisage pas non plus d'augmenter le nombre de ses déplacements en province.
Son agenda international ne s'y prête guère, il est vrai. En visite au Danemark les 28 et 29  août, puis en Finlande le 30  août, le chef de l'Etat doit aussi se rendre le 6  septembre au  Luxembourg, où il participera à une consultation citoyenne sur l'Europe avec le premier ministre belge Charles -Michel et son homologue luxembourgeois -Xavier Bettel. Une rencontre avec la chancelière allemande Angela Merkel doit également avoir lieu en France lors de la première quinzaine de septembre. Autant d'occasions de prendre de la hauteur, loin des contingences politiques hexagonales.
Cédric Pietralunga
© Le Monde





22 août 2018

Le gouvernement aborde une rentrée sociale à hauts risques

Edouard Philippe recevra les syndicats dès le 29 août à Matignon. Au menu des discussions : assurance-chômage, plan pauvreté, retraites…

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Changement de méthode en cette rentrée. Le gouvernement entend retisser les liens avec des partenaires sociaux qui ont eu le sentiment, ces derniers mois, de n'être pas consi-dérés par l'exécutif. Après avoir été reçus mi-juillet par Emmanuel Macron à l'Elysée, syndicats et patronat s'apprêtent à rencontrer, chacun à leur tour du 29  août au 4  septembre, le premier ministre Edouard Philippe, qui sera accompagné de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, et de sa collègue du travail, Muriel Pénicaud. L'enjeu est de taille tant l'agenda social s'annonce chargé. " J'ai pris acte que la réunion à -l'Elysée dans un format multilatéral contribuait à la volonté de créer un climat, mais je veux voir de quoi il retourne en matière de sincérité des engagements ", note le président de la CFE-CGC, François Homméril. Panorama des dossiers chauds de la rentrée.
L'assurance-chômage La négociation d'une nouvelle convention Unédic sur les règles d'assurance-chômage, voulue par l'exécutif, devrait occuper les partenaires sociaux cet automne. Le but est d'aboutir, début septembre, à un diagnostic partagé qui serve de base à l'élaboration d'une lettre de cadrage préparée par le gouvernement. Syndicats et patronat, qui gèrent le régime, auront jusqu'à février  2019 pour tenter de se mettre d'accord. Le gouvernement attend d'eux qu'ils se penchent sur la question du bonus-malus, qui vise à pénaliser les entreprises abusant de contrats courts, ainsi que sur les règles d'indemnisation des demandeurs d'emploi en activité réduite et des chômeurs de longue durée. La santé au travail pourrait également s'inviter au programme des prochaines semaines. Au sommet de l'Etat, on réfléchit en effet à faire payer aux entreprises une partie des indemnités journalières pour les arrêts-maladie de courte durée.
Le plan pauvreté Déjà repoussée à plusieurs reprises, la " stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes " devait être annoncée début juillet. Elle est désormais attendue pour mi-septembre. Devant le Congrès, en juillet à Versailles, M.  Macron avait indiqué que le plan pauvreté " ne se contentera pas de proposer une politique de redistribution classique, mais une politique d'investissement et d'accompagnement social, non pas de nouvelles aides en solde de tout compte mais un accompagnement réel vers l'activité, (…) la santé, le logement, l'éducation ". Parmi les mesures attendues, la mise en place en  2019 du versement unique des allocations. Ces dernières seraient délivrées au même moment, sur les mêmes critères, épargnant au bénéficiaire de multiplier les justificatifs, et s'adaptant à ses ressources du moment.
L'hôpital Très attendue par un secteur à bout de souffle, la réforme " globale " du système de santé sera dévoilée " mi-septembre ", a annoncé Mme Buzyn, mardi 21 août. En février, cinq thèmes avaient été identifiés : la qualité et la pertinence des soins, les modes de financement et les rémunérations, le numérique en santé, les ressources humaines et l'organisation territoriale. " Notre objectif n'est pas de faire des économies mais de voir comment, avec le même montant de dépenses, on peut améliorer la qualité de vie des Français ", avait déclaré Mme Buzyn, en mars. Le gouvernement entend " corriger " et " rééquilibrer " la tarification à l'activité, qui pousse les hôpitaux à réaliser toujours davantage d'actes pour obtenir des financements.
Les retraitesLes concertations avec les partenaires sociaux, débutées au printemps et conduites par le haut-commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, vont reprendre à la rentrée. L'objectif de l'exécutif est de présenter, début 2019, un projet de loi qui doit être voté à l'été : il doit jeter les bases d'un système " universel " au sein duquel chaque euro cotisé donnera les mêmes droits à tous. Le gouvernement n'a pas dévoilé ses intentions sur la façon dont il entend conduire ce chantier explosif. Mais le climat pourrait se tendre à mesure que seront abordés les sujets sensibles comme l'avenir des régimes spéciaux ou le financement du futur régime.
Raphaëlle Besse Desmoulières
© Le Monde

22 août 2018

La délicate équation du budget 2019

Acculé, le gouvernement va devoir faire des économies supplémentaires

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Ce sera le sujet phare de la rentrée. Après la pause estivale, les discussions sur le budget de l'an prochain vont reprendre à bon rythme. Dès mercredi 22  août, à l'issue du conseil des ministres, Emmanuel Macron présidera une réunion d'arbitrages budgétaires, à l'Elysée. Et à la fin du mois, l'architecture du projet de loi de finances pour 2019 aura, pour l'essentiel, été dessinée. Selon plusieurs sources, elle devrait être marquée par la suppression de postes de fonctionnaires et une nouvelle baisse drastique du nombre de contrats aidés. D'autres surprises ne sont pas à exclure, notamment dans le champ social. Le Parlement examinera le projet de loi de finances en octobre.
C'est un budget difficile pour le gouvernement. Les réformes économiques et sociales lancées depuis le début du quinquennat n'ont pas encore produit leurs effets. Celle de l'Etat a tout juste débuté. Or, dans le même temps, la croissance économique donne des signes de faiblesse. Pour 2019, le gouvernement tablait sur une progression du PIB de 1,9  %. Il devient de plus en plus évident que cet objectif se révèle trop optimiste.
Effort délicat" Les indicateurs économiques sont très bons, tempère Amélie de Montchalin, -députée La République en marche de l'Essonne. Le taux d'emploi est, par exemple, au plus haut depuis les années 1980. Je ne suis donc pas inquiète. Nous sommes loin d'être à la veille d'une récession. " Reste que moins de croissance, c'est moins de recettes fiscales. L'effort à fournir pour redresser les comptes publics, comme la France l'a promis à l'Union européenne, n'en sera que plus difficile à tenir.
Et comme si cela ne suffisait pas, le budget 2019 devra digérer aussi un gros morceau : la transformation du  crédit d'impôt pour la compétivité et l'emploi (CICE) en baisse permanente des charges pour les entreprises. Le CICE, créé en  2012 par François Hollande, vise à réduire le coût du travail dans les entreprises françaises. Cela représente une dépense de 20  milliards d'euros en  2019. Sa transformation, promise par Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, coûtera cher à l'Etat : il devra en effet payer le CICE au titre de 2018 et, dans le même temps, assumer la baisse des charges au titre de 2019. " C'est une dépense qui ne se reproduira pas, rappelle le président du Conseil d'analyse économiquel'économiste Philippe Martin, mais elle représente tout de même 0,8 point de PIB. "
Cette dépense supplémentaire conduira le gouvernement à dégager de nouvelles économies pour tenir son objectif de limiter son déficit à 2,9  % du PIB en  2019. Un effort d'autant plus délicat que l'exécutif souhaite poursuivre la revalo-risation d'un certain nombre d'aides, comme l'allocation aux adultes handicapés ou la prime d'activité.
Mais sauf à prendre des libertés avec ses engagements européens, le gouvernement n'a plus d'autre choix que de contenir fermement la dépense publique. Il s'est engagé à ce qu'elle n'augmente que de 0,4  % en  2019. Les montants prévus par les lettres-plafonds envoyées en juillet aux différents ministères " sont, à 500  millions d'euros près sur un total de 300  milliards d'euros, en phase avec nos objectifs européens, se réjouit Amélie de Montchalin. C'est très positif. "
Selon plusieurs sources, le gouver-nement envisagerait de supprimer autour de 10 000 postes de fonctionnaires en  2019 et davantage encore en  2020, " au fur et à mesure que les réformes se mettront en place "" Je ne vois pas -comment on récupère la moins-value liée à de moins bonnes recettes fiscales sans toucher aux emplois ", relève un sénateur socialiste. Le ministère de l'action et des comptes publics dément ce chiffre de 10 000 suppressions.
Reste que le président de la République s'est engagé à couper dans les effectifs de la fonction publique d'Etat à hauteur de 50 000 postes sur la durée du quinquennat. L'an dernier, le gouvernement avait indiqué que l'objectif n'était pas de " faire du rabot " mais de revoir les missions de l'Etat avant d'en tirer les conséquences. En  2018, seuls 1 600 postes ont été supprimés. Cette année, le premier ministre Edouard Philippe pourrait donc tailler dans le vif.
Sous-utilisation des contrats aidésLe nombre de contrats aidés devrait également continuer à baisser. Après les 320 000 contrats signés en  2017, seuls 200 000 avaient été budgétés pour 2018. Ils pourraient n'être qu'à peine plus de 100 000 l'an prochain. " On change totalement la politique de l'emploi en France, plaide encore Amélie de Montchalin. -Notre objectif est de faire monter les Français en compétences en les formant afin qu'ils occupent des emplois pérennes, -plutôt que des emplois tampons. " Par ailleurs, ajoute le député LRM Laurent Saint-Martin (Val-de-Marne), " beaucoup de contrats aidés ne sont pas utilisés par les collectivités locales ".
De fait, seuls 70 000 parcours emploi compétences – le nouveau nom des emplois aidés – avaient été signés au 31  juillet, selon le ministère du travail. " Cela m'étonnerait qu'on arrive à 150 000 cette année ", admet André Laigniel, premier vice-président de l'Association des maires de France. Ces contrats coûtent en effet plus cher qu'avant à leurs utili-sateurs (les collectivités locales ou les associations, par exemple). L'Etat n'assume plus que 50 à 60  % du coût de ces contrats contre 80 à 90  % auparavant. Par ailleurs, les préfets incitent les collectivités à ne pas y recourir.
D'autres décisions sont attendues. La réforme des APL se poursuivra, et permettra d'économiser " presque un milliard d'euros en  2019 ", confie une source proche du dossier. La mise en place du versement social unique est également attendue l'an prochain. Le gouvernement, enfin, doit arbitrer la question des indemnités journalières en cas d'arrêt-maladie, dont il voudrait qu'une partie soit dorénavant payée par les entreprises.
Benoît Floc'h
© Le Monde

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