"IDIOCRACY" ET POPULISME

On démarre avec Idiocracy, de Mike Judge (2007). Peut-on relier ce film, qui présente un président stupide, à l'élection de Donald Trump ? Loïc Blondiaux tend à freiner la comparaison : "Le discours dominant sur l'arrivée de Trump porte la responsabilité de ce phénomène sur les classes populaires, leur vote, renouant avec un vieux stéréotype". "Il y a une responsabilité systémique", ajoute Isabelle Attard, par la "dépolitisation" des citoyens. Pour Blondiaux, on assiste à un "abaissement du seuil de tolérance à la remise en cause des institutions". Pour Attard, c'est Emmanuel Macron qui est plus inquiétant, dans sa condescendance à l'égard de la presse et des citoyens.
La baisse du QI, encore très discutée dans ses causes et conséquences, peut-elle conduire à l'effondrement démocratique ? "Reconnaître ce qui est juste ou injuste, ce n'est pas du domaine de l'intelligence", réfute Blondiaux. "Il y a une volonté d'abrutir la population pour n'avoir aucune conscience citoyenne de groupe", attaque Isabelle Attard.
En Italie, le président italien refuse de valider le premier gouvernement proposé par Matteo Salvini et Luigi Di Maio ; le ministre de l'économie est jugé trop anti-européen. "Aujourd'hui, ceux qui influencent le plus les décisions politiques en Europe, ce sont des pouvoirs non élus", rappelle Loïc Blondiaux. Pour Isabelle Attard, "aucun gouvernement n'a à se faire dicter sa loi par Bruxelles".

"LA DÉMOCRATIE N'EST PAS QUE LE POUVOIR DU PEUPLE"

On se concentre sur l'affaiblissement des corps intermédiaires, par exemple les syndicats. Les cortèges de tête sont-ils une solution face à la perte de vitesse des syndicats ? "Personnellement, je ne crois plus aux manifestations pour faire changer les choses", avoue Attard. Mais le cortège de tête est "l'expression d'une révolte".
Autre phénomène : les institutions indépendantes, non élues. Par exemple le Défenseur des droits, Jacques Toubon, entré en conflit avec les députés LREM sur la loi asile et immigration.  Pour Loïc Blondiaux, "c'est la tension constitutive de l'idéal démocratique". "La démocratie n'est pas seulement le pouvoir du peuple", abonde Sandra Laugier.

LA SOLUTION DANS LES MICRO-ACTIONS CITOYENNES ?

La solution est-elle dans les micro-expérimentations ? Le documentaireDémocraties de Datagueule propose des exemples d'expériences démocratiques citoyennes. Côté consommateurs, il existe depuis quelques années la marque "C'est qui le patron ?", qui propose de rémunérer les producteurs au juste prix. Une initiative qui ne convainc pas Isabelle Attard. "S'il y a un appauvrissement des institutions démocratiques, il y a une extension du domaine de la démocratie", conclut Loïc Blondiaux, qui y voit une "bonne nouvelle