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vendredi 29 juin 2018

Les salariés d'Autolib' sous le choc : " En quelques jours, on vous dit “on arrête tout” "


27 juin 2018

Les salariés d'Autolib' sous le choc : " En quelques jours, on vous dit “on arrête tout” "

Le service parisien de voitures électriques en libre-service s'interrompra le 31 juillet

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LES DATES
21  juin
Le Syndicat Autolib'Vélib'-Métropole vote la résiliation du contrat avec le groupe Bolloré. Le syndicat refuse d'éponger les pertes de ce service. Le groupe Bolloré demande à Paris et aux communes de banlieue de verser 233  millions d'euros sur environ 293  millions de déficit attendus d'ici à 2023.
2  juillet
A partir de cette date, le nombre de véhicules et de stations sera progressivement réduit.
31  juillet
Arrêt définitif du service.
Une extinction progressive du service plutôt qu'un arrêt brutal. Mais à l'arrivée, le résultat sera le même : Autolib's'arrêtera le 31  juillet. Le service parisien de voitures électriques en libre-service va, à partir du 2  juillet, -progressivement diminuer le nombre de véhicules et de stations disponibles. Les élus locaux avaient demandé " un arrêt progressif (…),  afin de prendre le temps de bien informer les usagers et que le groupe Bolloré reclasse ses 254  salariés ", a indiqué à l'Agence France-Presse une porte-parole du syndicat Autolib'.
Pour les salariés, ce calendrier ne change rien. La résiliation de la délégation de service public -signée avec le groupe Bolloré par le Syndicat des communes franciliennes Autolib'Vélib'Métropole (SAVM), le 21  juin, a fait l'effet d'une bombe. D'autant que les deux parties se sont un temps renvoyé la balle concernant le sort des salariés de cette activité.
Le fait que Bolloré doive trouver une solution pour les salariés a quelque peu rassuré Samir -Mohamdi, secrétaire FO de la délégation unique du personnel d'Autolib': " Bien sûr, l'arrêt du -service reste un choc, mais au moins, on n'est plus dans l'incertitude ", fait-il valoir.
Après l'arrêt définitif du service s'ensuivra, très probablement, un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE). " Le 31  août, chacun sera fixé sur son sort : ce sera -licenciement ou reclassement ", annonce M. Mohamdi. Le responsable syndical exprime tout de même un certain optimisme concernant la probabilité pour les salariés d'être recasés en interne dans le groupe.
Salarié en CDI depuis trois ans chez Autolib', un manageur, qui a préféré rester anonyme, se dit aussi sous le choc. " En l'espace de quatre-cinq jours, on vous dit on arrête tout” : il faut repartir à zéro, refaire ses preuves…, déplore-t-il. Je ne suis pas sûr de retrouver un poste identique. " Dans l'immédiat, le jeune homme doit dire adieu à ses vacances d'été. C'est d'abord l'incertitude concernant l'avenir qui lui pèse : " Pour le -moment, tout reste flouOn n'ose pas prendre d'initiatives, postuler ailleurs… "
" Un vrai gâchis "" On voyait bien qu'il y avait des problèmes, mais on ne pensait pas que l'arrêt du service arriverait aussi brutalement ", témoigne cet autre salarié d'Autolib', un agent de maîtrise âgé d'une trentaine d'années. Préférant lui aussi -conserver l'anonymat, pour " avoir des chances de retrouver du boulot ", l'homme dénonce une mauvaise gestion des deux bords, société et élus.
Marié, avec des enfants, une maison et un crédit sur le dos – " la famille française classique, quoi ! " –, le trentenaire doit composer avec le manque de visibilité. Pour lui aussi, le choc est rude. " Comme c'était un grand groupe, on pensait que c'était du solideC'est un vrai gâchis. " Et de citer le cas d'un collègue âgé de 22 ans qui vient de prendre un -crédit immobilier.
Le jeune homme n'en est pas à sa première boîte. Comme beaucoup de ses collègues, il appartient à la génération des salariés qui ne croit plus à l'emploi à vie dans la même entreprise et préfère rester pragmatique. " Je préférerais rester dans le groupe, ne serait-ce que pour conserver mon ancienneté, par exempleMais si demain ce n'est pas possible, il y a des alternatives : chez Renault, Peugeot… On a une expertise, une connaissance du terrain que l'on peut faire valoir. "
Du côté des sous-traitants, l'avenir est plus incertain : tout dépend du poids d'Autolib' dans leur chiffre d'affaires. " Nous ne sommes pas inquiets pour notre travail, au vu des projets en cours et futurs, indique Louis - le prénom a été changé - , qui travaille pour un des sous-traitants d'Autolib'. Mon emploi n'est pas menacé. " Lui aussi espère le remplacement d'Autolib'par un autre service d'auto-partage : " Nous attendons aussi les annonces de la Mairie de Paris concernant les nouvelles offres qu'elle aimerait voir mises en place, étant donné notre expertise dans ce domaine ", précise-t-il. La balle est désormais dans le camp des élus franciliens.
Catherine Quignon
© Le Monde

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