Créer une " dynamique collective " autour des valeurs de " l'engagement ". Emmanuel Macron avait promis la mise en place d'un service national universel. Le gouvernement a officialisé cette promesse lors du conseil des ministres, mercredi 27 juin. Mais ce dispositif est loin de celui qu'avait imaginé le président : " un service national de durée courte, obligatoire et universel (…) encadré par les armées et la gendarmerie nationale " ; devant intervenir dans les trois ans suivant le dix-huitième anniversaire de chacun. Par ailleurs, il souhaitait une période obligatoire comprise entre trois et six mois.
A l'arrivée, face aux réticences de l'armée et au coût du projet, les ambitions du gouvernement ont été revues à la baisse. Dans les grandes lignes, il a finalement retenu les recommandations du groupe de travail présidé par le général Daniel Ménaouine rendues fin avril. Dans la mouture présentée mercredi, on retrouve donc l'idée d'un service obligatoire d'un mois pour les quelque 800 000 jeunes que compte en moyenne une tranche d'âge : quinze jours consacrés à un
" apprentissage ", et quinze jours à l'
" expérience d'un projet d'engagement ". Les premiers devraient effectuer leur SNU en 2019. Selon les projections, le dispositif ne touchera pas l'ensemble des jeunes avant au moins 2025.
Sur les quinze premiers jours, qui seront pris sur le temps scolaire, les jeunes réfléchiront à la notion d'engagement et de citoyenneté. Ils seront formés à des notions de sécurité civile et apprendront les premiers secours. Sur les quinze jours suivants, ils réaliseront un projet associatif. A priori, les participants choisiront vers quel projet ils souhaitent se diriger.
Avec l'objectif de créer une
" dynamique collective ", le rapport préconisait de favoriser un
" brassage social " en sortant les adolescents de leur cadre de vie habituel. Pour ce faire, ils pourraient être réunis en internat pendant le second module. Même si aucun calendrier n'est arrêté pour l'instant, l'Elysée indique que le
" plus logique "serait d'organiser les deux modules en fin d'année, avec par exemple quinze jours pendant le temps scolaire et quinze jours au début des grandes vacances.
Outre ce service obligatoire d'un mois, les concernés seront invités à participer à une deuxième séquence de trois à six mois, facultative et consacrée à un projet de volontariat. Elle s'inspire du service civique fondé sous la mandature Hollande, une opération à succès qui comptabilise 100 000 participants par an. Ce volontariat serait probablement indemnisé comme le service civique. Mais d'autres mesures doivent lui assurer une attractivité : il pourrait s'agir de financer une partie du permis de conduire ou du brevet d'aptitude à la fonction d'animateur (BAFA).
1,7 milliard d'eurosMalgré quelques grandes orientations données par le gouvernement, le contenu des deux modules obligatoires reste flou, et c'est volontaire. Le SNU doit faire l'objet d'une vaste concertation, en ligne et sur le terrain, sous l'égide du groupe de travail rédacteur du rapport. Les lycéens seront particulièrement invités à faire des suggestions, mais aussi les associations, les syndicats et divers acteurs territoriaux. L'encadrement doit lui aussi être précisé. Le gouvernement devrait retenir les préconisations du rapport, qui conseillait d'offrir une formation
" pointue " aux encadrants. Pour l'Elysée, cette fonction doit devenir un
" métier à part entière ". Mais impossible d'en savoir plus sur le profil des futurs encadrants, qui dépendra des projets choisis.
Le coût du service universel est lui aussi encore flou. Selon le rapport, la mise en place du dispositif coûtera 1,7 milliard d'euros, puis entre 1 milliard et 1,5 milliard par an lorsqu'il touchera l'ensemble de la tranche d'âge.
L'une des grandes inconnues de ce projet reste la fameuse " contrainte ". Comment obliger un jeune à se présenter à une formation qui ne relève ni de la scolarité obligatoire ni de la défense nationale ?
" La Constitution devra être modifiée pour permettre l'intégration du SNU dans la continuité scolaire ", précise l'Elysée. Le SNU constituera donc une sorte de troisième voie, obligatoire mais ne relevant pas de la scolarité.
Violaine Morin
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