Cette Europe n’est pas la nôtre
Dimanche 24 juin, seize chefs d’État et de gouvernement européens se sont réunis à Bruxelles en une « rencontre exceptionnelle » consacrée à « la crise des migrants ».
Dans les jours précédents, les 19 et 20 juin, plus de 200 migrants étaient morts noyés en Méditerranée centrale. Au total, selon le Haut-Commissariat aux réfugiés de l’ONU, plus de 1 000 migrants ont ainsi perdu la vie en Méditerranée depuis le début de l’année.
Qui étaient-ils ces migrants qui ont connu cette fin tragique ? Étaient-ils des « demandeurs d’asile légitimes » suivant la nomenclature officielle ? Ou appartenaient-ils à la catégorie des migrants voués à être renvoyés dans leur pays d’origine ? On ne le saura jamais.
Pour les chefs d’État et de gouvernement réunis à Bruxelles ce 24 juin, cette distinction est essentielle. Sur ce point, ils sont tous d’accord. Tous : le Premier ministre d’extrême droite italien, la chef du gouvernement de coalition Angela Merkel en Allemagne, le Premier ministre socialiste espagnol, Emmanuel Macron. Ainsi, Angela Merkel s’est félicitée de « la bonne volonté »et « des positions communes »affichées par les chefs d’État présents. Macron a dit sa satisfaction de ce que le débat a permis « d’éliminer des solutions non conformes à nos valeurs ».Giuseppe Conte, pour sa part, est reparti content de l’engagement pris par les autres dirigeants européens d’examiner ses propositions.
Les « valeurs » dont parle Macron ? C’est le tri sordide entre une poignée de migrants qui seraient « éligibles à être demandeurs d’asile » et l’immense majorité condamnés à être renvoyés dans leur pays.
Il y a, certes, des nuances entre les uns et les autres. Par exemple, des nuances sur la proposition commune de la France et de l’Espagne d’installer des « centres fermés » dans des « ports réputés sûrs » dans ou hors Union européenne. Des nuances aussi entre différents chefs d’État et de gouvernement et le chancelier d’extrême droite autrichien quand celui-ci propose que les personnes secourues en mer soient emmenées dans des pays en dehors de l’Union européenne… bien que, si l’on en croit le chancelier, cette proposition soit soutenue par un nombre grandissant de ses collègues.
Des nuances donc, mais, au-delà des nuances, il y a consensus pour dire : dehors, les migrants ! C’est le même consensus qui amène ces chefs d’État et de gouvernement à participer depuis trois décennies aux guerres d’intervention en Libye, en Irak, en Syrie, en Afrique ; à envoyer des troupes ; à piller l’uranium et les richesses naturelles ; à donner pleins pouvoirs aux multinationales pour s’approprier ces richesses et condamner les peuples à une extrême pauvreté en conséquence du pillage impérialiste.
On ose nous parler des « valeurs de l’Union européenne » ? Nous nous adressons solennellement aux travailleurs et aux militants de toutes tendances dans nos pays respectifs pour leur dire : ne vous laissez pas entraîner dans ce piège tendu par les gouvernements. Les valeurs de l’Union européenne, des valeurs de paix et de progrès social ? Non : des « valeurs » de destruction des retraites, des droits ouvriers et de privatisation.
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