Tensions avant l'ouverture de la conférence sociale
ReutersReuters/Reuters - Réunion préparatoire de la conférence sociale de lundi et mardi, à l'Elysée. La troisième conférence sociale du quinquennat de François Hollande, lundi et mardi, sera un moment de vérité
PARIS (Reuters) - Syndicats et patronat ont échangé lundi matin attaques et accusations à quelques heures de l'ouverture de la troisième "grande conférence sociale" du quinquennat de François Hollande, une réunion sous tension sur fond de chômage record.
Le secrétaire général de Force ouvrière (FO), Jean-Claude Mailly, a en outre accusé le Premier ministre, dans une interview au Figaro, d'avoir du "mépris pour les syndicats".
Manuel Valls a suscité la semaine dernière la colère des syndicats en annonçant le report partiel d'un mécanisme de compensation de la pénibilité au travail pour apaiser la Medef et la CGPME, qui menaçaient de boycotter la conférence.
FO et la CGT ont alors brandi à leur tour la menace d'un boycott au moins partiel de la réunion.
Ces deux syndicats doivent annoncer dans la journée s'ils participeront ou non mardi aux sept tables rondes prévues et à la conclusion de la conférence par le chef du gouvernement.
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, avocat d'une culture du compromis à l'allemande et jusqu'ici soutien des réformes entreprises par le gouvernement, a pour sa part réaffirmé lundi matin qu'il n'avait "pas du tout apprécié" le report partiel du compte pénibilité.
Mais il a assuré que la politique de la chaise vide n'était pas du tout dans la tradition de son organisation et a confirmé sa participation à l'ensemble de la conférence.
"Les postures, les ultimatums, les menaces de la part du patronat (...) puis de certaines organisations syndicales, ce n'est pas la position de la CFDT, ça ne le sera jamais", a dit Laurent Berger sur France Inter.
"AU PIED DU MUR"
Le chef de l'Etat doit pour sa part avoir un échange de deux heures en début d'après-midi avec les dirigeants des huit principales organisations patronales et syndicales au Conseil économique, social et environnemental, avant de prononcer en fin d'après-midi le discours d'ouverture de la conférence.
Le ministre du Travail, François Rebsamen, s'est dit convaincu lundi matin que la CGT et FO finiraient par participer à l'ensemble de la réunion. "Il y a des postures, des tensions avant une grande conférence sociale", a-t-il constaté sur RTL.
Jean-Claude Mailly met notamment en cause la méthode de François Hollande et de Manuel Valls, à qui il reproche d'avoir annoncé le pacte de responsabilité - 40 millions de baisses de charges et d'impôts pour les entreprises - et le report du compte pénibilité sans consulter les syndicats.
Son homologue de la CGT, Thierry Lepaon, a pour sa part subordonné la participation de son organisation à la réponse de François Hollande sur la façon dont il entend faire respecter les engagements pris dans le cadre du dialogue social.
Cette attitude irrite le président de la CGPME, qui a lancé lundi matin sur Europe 1 : "La CGT, ras-le-bol !".
"La CGT commence à nous énerver un tout petit peu", a expliqué Jean-François Roubaud. "Ils nous disent qu'on leur refuse le dialogue social et dans le même temps ils nous bloquent la France avec la grève de la SNCF, ils sont en train de bloquer les relations entre le continent et la Corse (avec le conflit de la SNCM). Et puis il y a les intermittents du spectacle" (qui menacent de bloquer les festivals de l'été).
Il a dit espérer que Thierry Lepaon participerait à la conférence afin de pouvoir lui dire de "tenir ses troupes".
CAMBADÉLIS ACCUSE LE MEDEF
"Ce sera peut être tendu (...) mais on va être au moins maintenant dans un dialogue clair, franc, on est au pied du mur", a ajouté le président de la CGPME.
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a pour sa part imputé en grande partie les difficultés du dialogue social en France au Medef, qu'il a accusé d'avoir la culture du "prends l'argent et puis sauve-toi" et pas celle de la négociation.
Mardi, les tables rondes animées par des ministres porteront sur l'emploi, l'insertion professionnelle des jeunes, l'agenda économique et social européen, l'investissement, la politique de santé, le pouvoir d'achat, et la réforme de l'action publique.
D'autres organisations que le Medef, la CGPME, l'UPA, la CGT, la CFDT, FO la CFTC et la CFE-CGC y sont invitées, comme l'Unapl (professions libérales) et la Fnsea (exploitants agricoles) du côté patronal, la FSU et l'Unsa côté syndical.
Manuel Valls souhaite que les partenaires sociaux se saisissent de sujets sensibles comme les simplifications "possibles" du code du travail ou la question des seuils sociaux et de la représentation des salariés.
La relance de l'apprentissage et de l'emploi des seniors, jugée cruciale pour lutter contre le chômage des jeunes et des plus de 50 ans, est également au programme.
(Emmanuel Jarry et Elizabeth Pineau, avec Marine Pennetier)
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