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vendredi 21 septembre 2018

Les Crises.fr - La quête catalane pour l’indépendance ne faiblit pas. Par Attilio Moro


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21.septembre.2018 // Les Crises

La quête catalane pour l’indépendance ne faiblit pas. Par Attilio Moro



Source : Attilio Moro, Consortium News, 25-07-2018
Dans une interview accordée à Consortium News, un leader indépendantiste et membre du parlement espagnol déclare à Attilio Moro que les Catalans n’ont pas renoncé à chercher à se séparer de Madrid.
Par Attilio Moro à Barcelone
« Liberté pour les prisonniers politiques », proclament des banderoles accrochées sur des centaines de balcons, de la Place de Catalogne aux Ramblas, et de la Vila de Gracia dans le Quartier Gothique. Elles appelaient à la liberté pour les nombreux militants de base réclamant l’indépendance vis-à-vis de l’Espagne et qui ont été arrêtés. Et aussi pour la liberté de Charles Puigdemont, l’ancien président de la Generalitat de Catalunya, qui a été arrêté en mars par les autorités allemandes. Un juge allemand a rejeté la demande d’extradition de l’Espagne le 19 juillet. Il ferait face à des accusations de rébellion et de sédition s’il retournait en Espagne.

Puigdemont s’était enfui en Belgique le lendemain du référendum sur l’indépendance, le 1er octobre 2017, avec la police espagnole à ses trousses. Les agents des services secrets de Madrid ont ensuite caché un traceur GPS dans la voiture dans laquelle il se rendait d’Helsinki, où il avait assisté à une conférence, à Bruxelles. Il est maintenant à Hambourg, sous la surveillance de la police allemande.
Huit ministres du gouvernement catalan dissous (le vice-président Junqueras, Joseph Rull, Dolores Bassa, Meri Borras, Joaquim Forn, Charles Mund, Jordi Torull, Raul Romeva) sont tous détenus dans une prison de Madrid, accusés d’avoir menacé l’intégrité du pays. Sept leaders indépendantistes et intellectuels se sont échappés en Écosse et en Hollande pour éviter d’être arrêtés.
Il n’y a eu ni armes ni violence lorsque ces dirigeants ont organisé le référendum sur l’indépendance, qui a remporté un succès retentissant et qui, selon Madrid, a violé la Constitution espagnole. Ces arrestations avaient pour but d’empêcher la tenue du référendum.

Puigdemont : Recherché en Espagne.
Plus tôt ce mois-ci, au siège du Partit Democrata, l’un des deux grands partis catalans indépendantistes, j’ai rencontré Sergi Miquel, un leader indépendantiste et membre du parlement national.
« Ma génération n’avait jamais vu ce genre de mesures, nous pensions qu’elles appartenaient au passé, à l’époque franquiste », m’a-t-il dit. « Mais tout cela se passe aujourd’hui en Espagne, en Europe : des députés et des gouverneurs démocratiquement élus sont arrêtés et détenus pour des raisons politiques. La sentence sera prononcée à l’automne. Ils risquent jusqu’à trente ans de prison. »
J’ai demandé à Miquel si le nouveau gouvernement minoritaire espagnol du Premier ministre socialiste Pedro Sanchez serait plus disposé à faire des compromis que l’ancien Premier ministre, Mariano Rajoy.
« Dans deux ans, il y aura de nouvelles élections en Espagne, et aucun des partis politiques ne nous parlera, afin de ne pas perdre les électeurs espagnols qui sont contre nous », a dit Miquel. « Nos dirigeants pourraient même recevoir une peine exemplaire. Beaucoup dépendra de l’Europe : l’UE doit cesser de fermer les yeux sur cette violation flagrante de la démocratie et des droits de l’homme sur son territoire. »
Le 9 juillet, Sanchez et Quim Torra, premier ministre de Catalogne qui a succédé à Puigdemont, se sont rencontrés à Madrid pour tenter de relancer le dialogue. Ils ont convenu de reprendre les réunions dans sept ans entre les ministres espagnol et catalan. Et ils ont discuté de la possibilité de commémorer conjointement l’attentat terroriste perpétré à Barcelone en août dernier. Mais Sanchez s’est opposé catégoriquement à la tenue d’un nouveau référendum sur l’indépendance de la Catalogne.
« L’indépendance nous attend »

Miquel: « Notre chemin est tracé »
J’ai demandé à Miquel ce qu’on pouvait faire en attendant pour les prisonniers catalans. « Malheureusement pas grand-chose », dit-il. « Depuis mars dernier, les familles des prisonniers n’ont obtenu qu’un seul jour de voyage pour voir leurs proches pendant 45 minutes dans une prison de Madrid. Nous demandons – et les organisations humanitaires devraient nous rejoindre – qu’ils soient au moins transférés dans une prison à Barcelone. Bien sûr, nous espérons une amnistie, puisque aucun crime grave n’a été commis. Nous espérons que le nouveau gouvernement, après les prochaines élections, sera formé par le Parti socialiste et le groupe politique le moins hostile à notre égard, Podemos. »
Miquel n’a pas exclu que le gouvernement catalan organise un nouveau référendum sur l’indépendance, malgré les arrestations et la violente répression contre les électeurs la première fois. « Nous pouvons subir des pertes et des revers, mais notre chemin est tracé », a-t-il dit.
Miquel a déclaré que même chercher à obtenir plus d’autonomie par rapport à Madrid serait difficile, du moins à court terme.
« Nous serions prêts », a-t-il dit. « Mais le gouvernement espagnol ne l’admettra pas. Au contraire, ils érodent lentement le peu d’autonomie que nous avons réussi à obtenir au cours des 50 dernières années. Les Basques aujourd’hui sont beaucoup plus autonomes que nous. Nous voulons que notre droit à l’autodétermination soit reconnu en Espagne et en Europe. Nous savons que le processus sera long et complexe. Nous devrons faire face à d’autres difficultés, arrestations et violations des droits. Mais nous savons qu’au bout du chemin, l’indépendance nous attend. »
Attilio Moro est un journaliste italien chevronné, correspondant du quotidien Il Giorno de New York, qui a travaillé auparavant à la radio (Italia Radio) et à la télévision. Il a beaucoup voyagé, couvrant la première guerre en Irak, les premières élections au Cambodge et en Afrique du Sud, et a couvert le Pakistan, le Liban, la Jordanie et plusieurs pays d’Amérique latine, dont Cuba, l’Équateur et l’Argentine. Il est actuellement correspondant pour les affaires européennes à Bruxelles.
Source : Attilio Moro, Consortium News, 25-07-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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Commentaire recommandé

Kiwixar // 21.09.2018 à 07h00
Il ne s’agit pas d’un mouvement d’indépendance mais d’un mouvement de changement de dépendance (de Madrid/Bruxelles à Bruxelles tout court). Les “indépendantistes” catalans ont clairement affirmé qu’ils souhaitent rester dans le machin eurocratique.
Quelle “indépendance” revendiquent-ils donc s’ils doivent toujours prendre leurs ordres à Bruxelles auprès d’eurocrates non-élus, respecter les GOPE, obéir aux quotas divers décidés par des euroïnomanes, faire partie de l’Otan sans discuter et être contributeurs nets à la pieuvre?
Les vrais indépendantistes, ce sont les Britanniques qui ont voté par référendum pour reprendre en main leur destin.

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