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dimanche 30 septembre 2018

La révolution verte encore à la peine


29 septembre 2018

La révolution verte encore à la peine

Entre écoblanchiment et démarche sincère, tout repose sur la bonne volonté des sociétés et des clients

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Alors que 2017 a été proclamée Année internationale du tourisme durable par l'ONU, la vague verte atteint le voyage d'affaires dans toutes ses dimensions. Hôtels, palais des congrès, etc. : l'ensemble des prestataires de la filière s'en est emparé, ne serait-ce que pour se -conformer aux attentes des clients qui incluent désormais des critères RSE (responsabilité sociétale des entre-prises) dans leur cahier des charges. " L'engagement du prestataire en matière de développement -durable est désormais réclamé par beaucoup de grands groupes ", indique Michel Wittwer, le directeur général du Hyatt Regency Nice Palais de la Méditerranée.
Toutes les grandes chaînes hôtelières se sont ainsi lancées dans une démarche de développement durable. Le groupe Hilton s'est -engagé, en mai  2018, à diviser par deux son empreinte écolo-gique d'ici à 2030. Depuis une vingtaine d'années, le programme Planet  21, mis en place par -AccorHotels, œuvre pour la -conception de bâtiments basse consommation, les économies d'énergie, ou encore contre le -gaspillage alimentaire. Le Novotel de Nantes Carquefou va jusqu'à réutiliser les viennoiseries non consommées du petit déjeuner pour préparer des puddings.
Mais la révolution verte passe aussi par les hôtels  4 et 5  étoiles. Au luxueux Hyatt Regency de Nice, clients et personnel sont sensibilisés à la réutilisation des serviettes pour économiser l'eau. " On recycle aussi tout ce qui est produit d'hygiène en les donnant à des associations carita-tives ", fait valoir Michel Wittwer. Et, en cuisine, les circuits courts sont favorisés.
Les centres d'accueil et de -congrès, qui génèrent énormément de déchets à travers les manifestations qu'ils reçoivent, repensent aussi leur modèle. Au parc des expositions de Bordeaux, la moquette utilisée lors d'un -événement est recyclée sous forme de revêtement de sol, ou même de chaussons. Du côté de l'événementiel, les sept principales associations professionnelles de la filière ont mis en place une charte écoresponsable dès 2007.
Toutefois, les préoccupations environnementales restent encore secondaires pour la clientèle d'affaires. " Même si nos clients ont de plus en plus de critères “développement durable”, leur prise en compte au niveau du choix des prestataires reste encore marginale ", révèle Christophe Renard, directeur de CWT Solutions Group. " Un salarié ne va pas choisir un hôtel parce qu'il est écolabelisé, dit Ziad Minkara, directeur de la centrale CDS Groupe. Encore faut-il qu'il y ait une sensibilisation des collaborateurs sur ces questions. "
Des labels pas très sérieux" L'engagement en faveur du développement durable a un coût et -demande une rigueur de gestion ", souligne M. Minkara. Les prestataires sont d'autant moins incités à faire des efforts qu'il n'existe pas vraiment d'aides ou d'obligations en la matière, sauf au niveau de la construction des bâtiments. Tout repose donc sur la bonne volonté des prestataires – et des attentes des clients. Soumises à l'obli-gation de publier des reportings RSE, les grandes entreprises sont plus concernées que les petites.
Difficile, aussi, de faire le tri dans les structures engagées : les labels " verts " ne sont pas toujours sérieux, et les démarches entreprises relèvent parfois du green-washing (l'écoblanchiment), et ne sont alors qu'un simple argument de communication. Au niveau des palais d'exposition, le réseau France Congrès précise que 55  % de ses membres ont reçu une certification ou sont engagés dans une démarche de développement durable. Mais il ne recense sur son site Internet qu'une petite vingtaine de centres de congrès certifiés ISO, seule norme officielle, sur les cent vingt que compte la France. Côté hôtellerie, le nombre d'hébergements touristiques titulaires de l'Ecolabel européen, le seul label écologique officiel européen, a régressé pour la première fois entre 2015 et 2016, passant de 286 à 276  structures recensées. Particulièrement exigeant, ce label interdit notamment les échantillons de produits de bain au profit de distributeurs de savon. Un point de détail ? Pas pour les hôtels haut de gamme, qui craignent la réaction de leur clientèle.
Mal connues du grand public, coûteuses et fastidieuses à -obtenir, les certifications restent peu incitatives. Pour changer la donne, la loi de 2015 sur la transition énergétique a mis en place l'affichage environnemental. Moins contraignant que les certifications, cet affichage repose sur une base volontaire : les établissements qui le désirent pourront indiquer à leurs clients leur impact environnemental. Au niveau des hôtels, une centaine d'établissements pilotes participent actuellement à une phase d'expérimentation. " L'investissement dans le développement durable dépend aussi de la volonté de chaque dirigeant ", observe Ziad Minkara. A bon entendeur…
Catherine Quignon
© Le Monde



L'art de combiner travail et plaisir

Ce mélange des genres est de plus en plus assumé, mais n'est pas sans poser problème

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Dans le petit milieu du voyage d'affaires, c'est le nouveau concept à la mode : le bleisure. Un terme inventé par les agences marketing pour désigner une clientèle de businessmen qui combine business et détente (leisure). Il s'agit de profiter d'un déplacement professionnel pour découvrir une destination, la gastronomie locale et plus si affinités. " C'est effectivement une tendance que l'on voit chez nos clients, commente Michel Wittwer, le directeur général du Hyatt Regency Nice Palais de la Méditerranée. D'autant que notre destination favorise le bleisure. "
Rien de bien neuf sous le soleil : un repas bien arrosé ou une partie de golf sur un green n'ont-ils pas toujours permis d'accélérer la signature d'un contrat ? La vraie tendance, peut-être, est que ce mélange des genres semble de plus en plus assumé. L'arrivée sur le marché du travail des millennials, cette génération qui a grandi au début des années 2000 et qui n'a pas de tabou à mélanger travail et vie privée, a décomplexé ses adeptes. " C'est une pratique qui n'est pas nouvelle, mais à laquelle la plupart des entreprises doivent se résigner, car temps professionnel et temps privé sont de plus en plus fondus dans le quotidien des salariés et donc des voyageurs ", commente Michel Dieleman, le président de l'Association française du travel management.
La percée des plates-formes de réservation grand public sur le marché du voyage d'affaires a aussi contribué à brouiller les frontières entre travail et loisirs. Sur Airbnb, plus de la moitié des voyageurs qui ont réservé à titre professionnel en  2016 ont prolongé leur séjour sur le week-end.
Des notes de frais gonfléesLes entreprises ne craignent-elles pas que le salarié n'en profite pour se payer du bon temps à leurs frais ? Parue début septembre  2018, une étude du cabinet d'expertise-comptable Wity a fait grand bruit : 30  % des employés gonfleraient leurs notes de frais dès qu'ils le peuvent. Mais Chris-tophe Renard, directeur de CWT Solutions Group, relativise le risque d'abus : " Si le salarié réserve son billet de retour sur le week-end, cela peut même revenir moins cher à l'entreprise. " De plus, les entreprises ont, ces dernières années,cherché à contenir la durée des -déplacements d'affaires. Difficile alors pour le voyageur d'abuser.
Le principal risque est l'accident du travail, le salarié étant sous la protection de son entreprise -durant le temps de sa mission. L'employeur peut s'exempter de toute responsabilité s'il prouve que l'employé avait interrompu sa mission pour un motif personnel.
Il faut encadrer le bleisure dans la politique voyage de l'entreprise, bien définir ce qui est autorisé ou non ", conseille Christophe -Renard. Oui au bleisure, mais pas sans procédure.
C. qu.
© Le Monde

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