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dimanche 29 juillet 2018

Le ralentissement de Facebook sanctionné par les marchés


27 juillet 2018

Le ralentissement de Facebook sanctionné par les marchés

Le réseau social de Mark Zuckerberg a perdu 125 milliards de dollars de capitalisation boursière, mais sa marge brute reste de 44 %

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En quelques heures, 125  milliards de dollars (106 milliards d'euros) de capitalisation se sont évaporés – l'équivalent de la valeur boursière d'IBM ou de quatre fois celle de Twitter. Avec Facebook, les proportions sont souvent effarantes. Le réseau social de Mark Zuckerberg a été durement puni par les investisseurs pour avoir fait état, mercredi 25  juillet, de signes de ralentissement de la croissance du nombre de ses utilisateurs et de son chiffre d'affaires. La sanction est à la hauteur des attentes, stratosphérique.
Beaucoup de gens s'attendaient à ce que Facebook continue à croître de manière insolente, malgré les polémiques sur les données personnelles ou les fake news(fausses informations) à l'image de Google. La firme de Mountain View (Californie) avait en effet publié la veille des résultats impressionnants : 8,3  milliards de dollars de résultat net pour 32,2  milliards de chiffre d'affaires au deuxième trimestre, contre " seulement " 3,5  milliards et 26  milliards un an plus tôt. Un tel excédent lui a permis d'avaler en deux mois l'amende historique de 5  milliards de dollars que lui a infligée la Commission européenne, le 18 juillet, pour pratiques anticoncurrentielles.
Les chiffres publiés par Facebook pour le deuxième trimestre ont toujours de quoi faire pâlir la quasi-totalité des entreprises de la planète : un chiffre d'affaires en hausse de 42  %, à 13  milliards de dollars, et un résultat net en croissance de 31  %, à 5,1  milliards de dollars. Soit une marge brute de 44  %. Même le cours de Bourse reste, à 173  dollars, proche de ce qu'il était début mars, avant la révélation du scandale d'exploitation indue de données par le prestataire britannique Cambridge Analytica. Le titre a perdu 20  % en une soirée, mais il avait atteint son record historique quelques heures plus tôt, à 217,5 dollars.
Ralentissement des revenusToutefois, les investisseurs ont des motifs d'inquiétude. Certains sont liés aux reproches faits à Facebook sur sa gestion de la publicité ciblée ou du contenu nocif sur sa plate-forme ; d'autres ont des causes plus structurelles. Le réseau social vient ainsi de -connaître la plus faible croissance trimestrielle du nombre de ses utilisateurs : + 1,54  %, contre + 3,14  % au premier trimestre. Facebook a 2,23  milliards d'utilisateurs et même 2,5  milliards, en comptant ceux des autres plates-formes qu'il possède, comme Instagram, WhatsApp ou Messenger.
Mais aux Etats-Unis, leur nombre stagne et en Europe, trois millions de personnes ont quitté le réseau au cours du trimestre, en partie en raison du nouveau Règlement général sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur le 25  mai. A l'échelle globale, Facebook semble se rapprocher du maximum d'utilisateurs possibles.
Du côté des revenus, un ralentissement se profile également. La croissance de 42  % devrait baisser de 5 à 10 points environ au cours des prochains trimestres, a prévenu le directeur financier David Wehner. La marge brute devrait progressivement se rapprocher de 35  %. Pour l'expliquer, M.  Wehner a évoqué les effets de change ou le récent renforcement de la protection de la vie privée, qui permet davantage de refuser les publicités ciblées.
Fin 2017, Mark Zuckerberg avait déjà annoncé que les résultats pourraient souffrir des mesures prises par Facebook pour répondre aux critiques – par exemple la lutte contre les contenus du type " attrape-clics " ou le fait d'accorder la priorité à des éléments publiés par les " amis " ou la famille au détriment de ceux mis en ligne par des médias professionnels, notamment les vidéos.
Ces changements peuvent réduire le temps passé par les utilisateurs sur la plate-forme mais ils sont " positifs ", a jugé M. Zuckerberg mercredi, à l'occasion d'une conférence téléphonique. " Nous allons continuer dans cette direction ", a-t-il souligné.
Une dernière évolution crée une incertitude sur le chiffre d'affaires : l'évolution vers lesstories. Ce format de vidéos éphémères, tournées sur smartphone par les utilisateurs ou certaines entreprises, a été popularisé par Snap, une plate-forme concurrente. Mais il a été répliqué par Instagram ou WhatsApp et désormais par Facebook. Or, ce qui devrait être le premier type de contenu échangé en  2018 est aujourd'hui moins facile à commercialiser auprès des annonceurs.
Pour regagner les faveurs de la Bourse, la société de Mark Zuckerberg a quelques pistes possibles, comme développer Instagram et WhatsApp ou poursuivre ses efforts pour tenter de connecter les parties du monde qui n'ont pas accès à Internet.
Alexandre Piquard
© Le Monde

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