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mardi 31 juillet 2018

La guerre commerciale commence à pénaliser les Etats-Unis


31 juillet 2018

La guerre commerciale commence à pénaliser les Etats-Unis

Depuis le début de l'année, le prix de l'acier a augmenté de 33 %, celui de l'aluminium de 11 %

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Les amandes de Californie sont frappées à leur tour. Pas par les incendies ou un dangereux parasite, mais par la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump. Victimes des droits de douane de 50  % imposés par les Chinois. Pékin mène la guerre sérieusement : elle a fermé un " trou " dans sa réglementation qui permettait jusqu'à présent d'importer semi-légalement en franchise de droit les amandes via le Vietnam et s'approvisionne désormais en Australie ou en Afrique. Conséquence, les Américains, qui sont de très loin les premiers producteurs au monde, subissent une chute des prix de 10 %, incapables d'écouler leur production. Selon leWall Street Journal, cerises de Californie et citrons de Floride subissent désormais des délais avant d'être dédouanées dans les ports chinois. Quant aux véhicules Ford, il serait question de les démonter pour examiner leurs composants à Tianjin, le port de Pékin.
La guerre commerciale frappe les exportateurs américains, essentiellement les agriculteurs, victimes des rétorsions étrangères. Mais aussi les producteurs, touchés par la hausse des produits importés dont ils ont besoin pour fournir leur marché national, à commencer par l'acier et l'aluminium. Depuis le début de l'année, les prix de ces matières essentielles ont progressé respectivement d'un tiers et de 11  %.
L'entreprise Whirlpool, qui fut aux premières loges de la guerre commerciale en obtenant une taxation des lave-linge en janvier, n'en finit pas de descendre aux enfers : son cours de Bourse a perdu près d'un tiers de sa valeur depuis janvier. Plus fondamentalement, toutes les industries augmentent leurs tarifs, mettant à mal la légende selon laquelle l'acier et l'aluminium représentent une part minime du prix final payé par le consommateur. Les entreprises ont accru de 3,4  % leurs dépenses et répercutent en partie ces hausses sur les consommateurs (l'inflation est 2,9  %).
Tout comme les fabricants de bière, Coca-Cola a annoncé une hausse de ses canettes de sodas, invoquant les droits de douane, mais aussi le coût des transports et des salaires, alors que l'économie est proche de la surchauffe avec une croissance de 4,1  % en rythme annualisé au deuxième trimestre.
Les trois constructeurs américains, General Motors, Ford et Fiat Chrysler ont vu leur cours de Bourse baisser la semaine dernière, en raison de leur trop faible compétitivité en Chine, de la hausse des coûts aux Etats-Unis et de la crainte de se voir imposer par ce pays des droits de douane de 25  %, y compris sur les importations de pièces détachées.
Panique généraliséeLes Américains découvrent que les rétorsions étrangères leur font plus de mal que prévu. L'allemand BMW a indiqué que les ripostes étrangères le contraindraient à délocaliser une partie de la production de son usine de Caroline du Sud. Le fabricant de motos Harley-Davidson, frappé par les droits européens, a également annoncé des mesures similaires, s'attirant les foudres de Donald Trump.
Enfin, les acquisitions sont plus difficiles que par le passé. L'entreprise de semi-conducteurs Qualcomm a renoncé à acheter pour 44  milliards de dollars (38  milliards d'euros) son concurrent néerlandais, faute d'avoir un feu vert rapide des autorités chinoises de la concurrence.
Les partisans pro-Trump assurent que la Chine perd la guerre commerciale : sa Bourse a perdu 25  %, la dévaluation du yuan a cependant été stoppée, car l'arme monétaire est trop risquée pour Pékin. De plus, le boycott de l'entreprise ZTE, coupable d'avoir violé les embargos iranien et nord-coréen, a montré la dépendance technologique chinoise aux Etats-Unis. Mais les entreprises américaines souffrent aussi.
C'est dans ce contexte de panique généralisée qu'il faut remettre l'armistice signé entre l'Union européenne, représentée par le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, et Donald Trump, le 25  juillet à Washington : se concentrer sur un seul adversaire. Reste à savoir si le président américain se tiendra à cette stratégie.
Arnaud Leparmentier
© Le Monde

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