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jeudi 1 novembre 2018

Macron à la recherche d'un second souffle - le 16.10.2018


16 octobre 2018

Macron à la recherche d'un second souffle

Le chef del'Etat, qui devait remanier son gouvernement, veut tourner la page d'une rentrée calamiteuse

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Rebondir. Reprendre l'initiative. Emmanuel Macron espérait procéder au remaniement du gouvernement lundi 15  octobre, mais les inondations survenues dans l'Aude dans la nuit de dimanche pourraient encore provoquer le report des annonces prévues. Lundi matin, le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé qu'il se rendait sur place dans l'après-midi. En tout état de cause, la nouvelle équipe exécutive devrait être au complet pour le conseil des -ministres prévu mercredi.
Depuis cet été, Emmanuel Macron cherche à sortir de cette mauvaise passe où l'a plongé l'affaire Benalla, fin juillet, et que les démissions successives de Nicolas Hulot, fin août, puis de Gérard Collomb, le 3  octobre, ont prolongée. Rien n'y a fait, ni le plan de lutte contre la pauvreté, ni le plan santé, ni sa tentative aux Antilles de paraître plus proche des Français. A chaque fois que le président de la République espérait avoir trouvé la parade pour relancer son quinquennat, il s'est trouvé confronté à de nouvelles difficultés, parfois de son propre fait, d'ailleurs. A l'Elysée, on espère que le remaniement permettra enfin de mettre un point final à cette mauvaise séquence et de trouver un second souffle.
" Vivier resserré "Il aura donc fallu près de quinze jours à l'Elysée et à Matignon pour former un nouveau gouvernement. Jamais remaniement n'aura pris aussi longtemps sous la Ve  République. Jusqu'au bout, Emmanuel Macron a hésité, revu sa copie, évalué les avantages et inconvénients des différents scénarios. Avec un cahier des charges parfois paradoxal. D'une part, le chef de l'Etat veut maintenir l'équilibre subtil qu'il tente de réaliser entre ses alliés du MoDem, la droite et la gauche, le monde politique et la société civile, les hommes et les femmes. D'autre part, il a à cœur de ne pas fâcher la droite dite " constructive ", à quelques mois des élections européennes qui pourraient donner l'occasion d'une alliance entre La République en marche (LRM) et les amis d'Alain Juppé et de Jean-Pierre Raffarin notamment. " Une véritable alchimie ", commente-t-on dans son entourage.
Ce week-end encore, Emmanuel Macron a poursuivi les tractations politiques. Même ceux de la -Macronie historique qui avaient quitté Paris pour assister au -mariage d'Ismaël Emelien, le -conseiller spécial du président de la République, n'ont pas totalement décroché. " Le président a beaucoup consulté samedi et dimanche ", fait savoir l'Elysée. Il s'est entretenu avec le premier ministre, Edouard Philippe, Richard Ferrand, le président de l'Assemblée nationale, et Christophe Castaner, le délégué général de LRM. Il a également " beaucoup "parlé avec le président du MoDem, François Bayrou, confie-t-on dans son entourage, et discuté avec le centriste Jean-Louis Borloo, ainsi qu'avec certains élus locaux.
Ce remaniement laissera sans aucun doute des traces. Le président de la République, même s'il s'en défend, est apparu comme ayant du mal à trancher. Par ailleurs, juge Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l'IFOP, le chef de l'Etat puise désormais dans un " vivier assez resserré " de personnalités. " Un certain nombre d'acteurs politiques se disent que la recomposition politique, lancée par Macron au moment de la présidentielle, a du plomb dans l'aile ", explique le sondeur.
Au cours de ces deux semaines qui auront été nécessaires pour former un nouveau gouvernement, des tiraillements se sont exprimés au sein de la Macronie, notamment entre les partisans d'un rééquilibrage à gauche et ceux qui militent pour une plus grande ouverture à droite. Si Emmanuel Macron et Edouard Philippe n'ont manifesté aucune divergence publique et affirment travailler en excellente entente, leurs entourages, en revanche, n'ont pas toujours été à l'unisson.
" En prenant beaucoup de temps pour ce remaniement, l'exécutif a créé des attentes fortes ", juge un député LRM, " il faut qu'il en sorte quelque chose qui nous donne un second souffle "" La semaine sera consacrée à engager cette nouvelle étape du quinquennat, commente-t-on à l'Elysée, notamment en relançant le lien avec les territoires. " L'agenda d'Emmanuel Macron pour les jours à venir est à cet égard éloquent. Mardi, le chef de l'Etat recevra à l'Elysée Jean -Rottner, le président du conseil régional du Grand-Est, Hervé Morin, qui dirige Régions de France, et Dominique Bussereau, son homologue de l'Association des départements de France, ainsi que Gérard Larcher, le président du Sénat. Vendredi, le chef de l'Etat rencontrera Xavier Bertrand, le patron des Hauts-de-France.
" Pacte girondin "" Le président veut évoquer avec eux la République contractuelle ", qu'il a évoquée devant le Congrès, le 9  juillet, explique l'un de ses conseillers. Alors que les relations entre l'Etat et les collectivités locales sont tendues, Emmanuel Macron veut apaiser les tensions et donner du corps à ce " pacte girondin " qu'il appelle de ses vœux. " La première phase - du quinquennat - a été d'une grande verticalité mais elle était nécessaire. Aujourd'hui, nous devons davantage nous appuyer sur toutes les forces de progrès. Seuls on va plus vite, mais ensemble on va plus loin ", avait expliqué au JDD du 7  octobre le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand.
Alors que les résultats de la politique menée tardent à arriver, le président de la République est conscient qu'il lui faut à la fois " reprendre de la hauteur et paraître moins déconnecté ", confie l'un de ses proches. A l'occasion du centenaire de la première guerre mondiale, Emmanuel -Macron a d'ailleurs prévu une " itinérance mémorielle " inédite, qui le verra, du 4 au 9  novembre, se déplacer dans onze départements du Grand-Est et des Hauts-de-France.
Invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, dimanche 14  octobre, François Bayrou l'a exhorté à s'exprimer devant ses concitoyens. " Je suis certain qu'il doit le faire et je pense qu'il le fera ", a glissé l'ancien garde des sceaux, ajoutant qu'Emmanuel Macron " aurait dû sortir de l'Elysée pour aller à la rencontre " des Français dès cet été, après l'affaire Benalla. " Toute la question est de savoir si la baisse de Macron dans les sondages relève de sa personnalité et de son exercice du pouvoir, ou si elle sanctionne sa politique. Auquel cas, tant que le président garde son cap, le remaniement n'y changera rien ", nuance Brice Teinturier, directeur général délégué d'Ipsos.
Virginie Malingre
© Le Monde

16 octobre 2018

Jean-Michel Blanquer, premier de la classe en Macronie

Le ministre de l'éducation nationale, qui a su s'imposer sur les scènes politique et médiatique, est cité en exemple par l'Elysée et Matignon

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Il n'y a pas que Richard Ferrand qui rêve d'un " Blanquer de l'intérieur ", comme il l'a dit au JDD le 7 octobre, pour remplacer Gérard Collomb. A l'Elysée ou à Matignon, nombreux sont ceux qui, comme le président de l'Assemblée nationale, invoquaient ces derniers jours les qualités du ministre de l'éducation nationale quand il s'agissait de dresser le portrait-robot du ministre de l'intérieur idéal. " Technique et politique, il coche les deux cases ", explique un proche du président, au point qu'a été évoquée l'idée d'adjoindre la culture à l'éducation nationale. L'oiseau rare, issu de la société civile, inattaquable sur ses compétences, et en même temps à même d'expliquer sa vision. " Il est un objet macronien ", résume un ministre.
Certes, Jean-Michel Blanquer est plus proche de la droite. Cet ancien recteur de Créteil et patron de l'Essec a d'ailleurs contribué au programme d'Alain Juppé durant la primaire de la droite et du centre. Il a également été directeur général de l'enseignement scolaire sous la présidence de Nicolas Sarkozy entre 2009 et 2012, quand 80 000 postes ont été supprimés au sein de l'éducation nationale. Et a participé à plusieurs rapports pour l'Institut Montaigne, un think tank libéral. Mais Jean-Michel Blanquer a surtout su imposer son image de " pragmatique ", comme il aime à se définir. Il défend aussi bien le cartable numérique que l'apprentissage par cœur, les neurosciences ou la revalorisation des langues anciennes.
A l'instar d'Emmanuel Macron, le ministre de l'éducation pense aussi qu'il y a urgence à réformer. Depuis son arrivée rue de Grenelle, M. Blanquer est sur tous les fronts et lance des " transformations " tous azimuts. Quitte à mettre parfois le dialogue social en sourdine. Refondre le lycée, le bac, la voie professionnelle, la formation des enseignants… et les programmes en même temps. Lundi 15 octobre, le ministre devait présenter un projet de loi au Conseil supérieur de l'éducation qui va bien au-delà de l'abaissement de l'âge de l'instruction obligatoire de 6 à 3  ans, son objet initial.
" Déjà politique "A peine nommé, M.  Blanquer a mis en place le dédoublement des classes de CP dans les quartiers les plus défavorisés. Une mesure devenue l'emblème de la " jambe gauche " de M.  Macron. " Il a porté la réforme la plus puissante que le pays ait connue depuis trente ans en matière de lutte contre les inégalités. Une réforme qu'on aurait tous aimé porter ", commente le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux. Les Français ont également retenu l'interdiction du téléphone portable à l'école et au collège, une mesure concrète qui, là aussi, touche à leur quotidien.
" Blanquer était déjà politique quand il est arrivé rue de Grenelle, relève-t-on à Matignon, il avait déjà fait sa mue, quand d'autres ministres de la société civile sont en train de la faire. Il avait une vision de ce qu'il voulait faire. " Le ministre porte, en effet, un projet, conçu tout au long de sa carrière au sein de l'éducation nationale. Il a, par ailleurs, réussi jusqu'ici à avancer ses réformes sans mettre les enseignants dans la rue. Les rentrées 2017 et 2018 se sont passées sans encombre. A l'Assemblée nationale, où il s'est fait acclamer à plusieurs reprises, il évolue comme un poisson dans l'eau.
Très présent sur le terrain – deux à trois fois par semaine, le ministre visite un établissement ou une académie –, Jean-Michel Blanquer a aussi su occuper la scène médiatique, soignant habilement sa communication.
En février  2018, il est l'invité de " L'Emission politique " sur France 2, et il est plébiscité : 71 % des téléspectateurs l'ont trouvé convaincant, tandis qu'Edouard Philippe a obtenu la faveur de 52 % des sondés à la rentrée 2017 et seulement 47 % le 27 septembre, lors de sa deuxième prestation. En dehors du premier ministre, Jean-Michel Blanquer est d'ailleurs, avec Gérald Darmanin, le seul membre du gouvernement à avoir participé à cette émission. Dans Paris Match, le 29 août, on découvre même le ministre de l'éducation nationale en maillot de bain sur une planche à voile, voguant sur un lac du Jura. Décidément polyvalent.
Mattea Battaglia et V. Ma.
© Le Monde

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