Translate

dimanche 26 août 2018

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie se L'Histoire - LES COLLINES MORTUAIRES

HISTOIRE et MEMOIRE



 La Galerie de l'Histoire.
   
Christian LE Moulec
23 août, 15:43
LES COLLINES MORTUAIRES 
Le temps des « picorées ». 

Dans cet ouvrage, empruntant tour à tour à la légende et à la réalité, feu le chanoine au Chapitre de la cathédrale de Saint-Claude (Jura) nous raconte les rixes mortelles, bien réelles, entre Cuanais et Bugistes. 
C’est le traité de Lyon, conclu en 1601, entre le roi de France Henri IV et Charles-Emmanuel, duc de Savoie, qui fut à l’origine de ces affrontements impitoyables entre Cuanais et Gris. 
Ainsi, la Bresse et le Bugey passaient au royaume de France, tandis que la Franche-Comté restait sous la suzeraineté du royaume d’Espagne. Autrement dit, (ayez donc une carte sous les yeux) des villages comme Champfromier, Montanges, Giron et Belleydoux étaient placés sous le signe des lys de la couronne de France, tandis que Viry et les Bouchoux arboraient le lion de la Comté dite espagnole. 
Les Franc-Comtois riverains étaient désignés sous le nom de Cuanais, diminutif de Séquanais, et les Bugistes sous celui de Gris, terme peu flatteur attribué au baudet, à l’âne ou au mulet. 
Des bornes, ornés du lys d’un côté et du lion de l’autre, jalonnaient la nouvelle frontière. On allait ainsi de la borne au lion de Magras à la borne du Nerbier. En somme, à pas même une portée d’arquebuse, vous étiez Gris d’un côté et Cuanais de l’autre ; autrement dit : ennemis jurés ! 
Mais comment se fait-il qu’entre voisins : même genre de vie, même habitat, même race (quoique le mot est devenu obsolète), même religion, on n’ait pas été capable de s’entendre ? 
De fait, point il ne faut en chercher bien loin la raison. En effet, le cardinal de Richelieu n’avait de cesse d’exciter plus ou moins secrètement Bugistes et Comtois à se faire la guerre, pour se donner l’occasion d’intervenir et de mettre la main sur la Comté sous le prétexte d’y « rétablir l’ordre ». N’a-t-il pas prétendu, cet « honorable » cardinal des manuels d’histoire, au cours de libations entre intimes, ou copains de comptoir si vous préférez, que, par le moyen de ses intrigues, il ne lui faudrait, pour mater les partisans de la province, que le « temps d’un déjeuner » ? La réalité fut tout autre… 
Toujours est-il que le 19 mai 1635, Richelieu déclare la guerre à l’Espagne. 
Point n’évoquerons ici le duc Bernard de Saxe-Weimar et ses mercenaires suédois auteurs d’atrocités sans nom, mais seulement les « Maquisards de la Trinité » : Jean Varroz, colonel du roi d’Espagne ; le curé Marquis du village de Saint-Lupicin, et enfin Lacuzon et ses lieutenants : Pierre Prost dit « Pile-Muguet », Jean Vernier aubergiste, Mathieu Garbas, et puis encore les dits « Tranche-Montagne », « La Jeunesse », « Brise-Bataille ». Bref, des noms évocateurs de l’audace et de l’intrépidité de ces montagnons, devenus farouches partisans, les maquisards de l’époque, au sujet desquels le duc de Luxembourg écrivait « On ne peut pas dans ce maudit pays aller ni à droite ni à gauche à cause des montagnes et de ces croquants de paysans ! ». 
Cela dit, jouxtant le territoire du Bugey, deux personnages, l’un chef de bande à la solde des Français, et l’autre authentique résistant, vont s’y affronter en un duel féroce et sans merci. Alors vous aviez du côté collabo, le Champfromérand Etienne Maire, dit « L’Espinassou » car espinasseur de son métier. C’était un colosse à la barbe fauve et affligé d’une balafre récoltée dans une rixe peu glorieuse. Côté résistance, vous aviez le Boucherand Claude de Saint-Oyend, dit « La Suche ». 
Et c’est ici qu’interviennent les « picorées », sauvages guérillas de part et d’autre de la frontière. En fait, il s’agissait de brusques incursions : enlèvement de bétail, incendie de fermes et de récoltes, tortures et massacres de pauvres gens… 
Mille épisodes : un beau jour, La Suche et ses compagnons intervinrent dans une chaumière du Pré-Bijonnet où un énergumène de la bande à L’Espinassou promenait une torche sous les pieds d’une vieille femme, patronne de céans. L’individu fut transpercé par La Suche, mais l’Espinassou réussit à prendre le large ! Ces tortionnaires n’étaient pas à leur coup d’essai. On les appelait les « chauffeurs du Bugey ». 
Et puis, on ne peut se dispenser d’évoquer le massacre du Pont d’Enfer. Pour punir une incursion des Gris, La Suche fit une descente sur Champfromier. Mais le petit groupe fut surpris et fait prisonnier. On les conduisit sur le pont de pierre qui enjambe les eaux tumultueuses de la Volférine. D’un coup de massue dans la poitrine, on les précipita dans l’abîme. L’un des malheureux se jeta dans le gouffre avant le coup fatal. Il en réchappa et parvint à regagner la rive. Le nom « d’Estacca » fut donné à ses descendants. Depuis ce jour, le pont fut appelé « Pont d’Enfer ». 
Un beau jour, après une picorée où l’on coupa les doigts des femmes portant une bague, un des sbires de l’Espinassou se saisit, lors du pillage d’une maison de la Semine, une marmite de cuivre. Le pillard se la met sur le chef, tout fier d’arborer cet original couvre-chef. Sauf qu’un peu plus loin, un groupe de Cuanais se tenait en embuscade. Evidemment, on prit d’abord pour cible le porteur de marmite qui tomba raide mort. 
Faut-il le plaindre ? 
Ci-dessous : Borne au Lion, La Pesse. Photographie « maison », octobre 2017.
LES COLLINES MORTUAIRES
Le temps des « picorées ».
Dans cet ouvrage, empruntant tour à tour à la lég...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire