Donald Trump a défendu, mardi 21 août, au cours d'un meeting électoral en Virginie-Occidentale, la légitimité des mesures de soutien au charbon présentées le même jour par le directeur par intérim de l'Agence américaine de protection de l'environnement (Environmental Protection Agency, EPA), Andrew Wheeler. " Nous rendons leur travail à nos super-mineurs ", a assuré M. Trump, qui a promis, pendant la campagne présidentielle de 2016, une improbable renaissance de l'extraction charbonnière.
" L'ère des obligations fédérales monolithiques et bureaucratiques est terminée ", avait annoncé, un peu plus tôt dans la journée, le patron de l'EPA, au cours d'une conférence téléphonique avec la presse. L'agence a décidé de désormais confier aux Etats le soin de définir leurs propres normes concernant la pollution produite par les centrales. En juin, la presse américaine avait déjà rendu compte de la volonté de cette même administration de préserver les centrales à charbon, comme les centrales nucléaires, au nom de la sécurité nationale.
La décision de l'EPA, évoquée pour la première fois par le
New York Times le 17 août, s'inscrit en droite ligne dans les efforts déployés par l'administration de Donald Trump pour revenir sur les mesures défendues par l'ex-président démocrate Barack Obama en matière d'environnement.
En 2014, ce dernier avait proposé un plan ambitieux, en vue de l'accord de Paris, conclu en 2015, pour lutter contre le réchauffement climatique, qui obligeait les Etats américains, par le biais de l'EPA, à fermer les centrales émettant le plus de gaz à effet de serre.
Ce plan, cependant, n'a jamais été appliqué. Il a été bloqué dès 2015 par une procédure en justice intentée par des gouverneurs républicains qui assuraient que l'agence outrepassait ses fonctions. La Cour suprême des Etats-Unis, la plus haute instance judiciaire du pays, a ensuite décidé que le plan resterait gelé jusqu'à ce qu'un jugement définitif soit rendu. L'administration Trump a également décidé, le 2 août, de revenir sur les objectifs d'efficacité énergétique souhaités par Barack Obama pour les véhicules.
La décision de l'EPA devrait également faire l'objet d'une offensive devant les tribunaux, lancée par les organisations de protection de l'environnement. Elle risque donc de ne pas entrer en vigueur avant longtemps. Elle confirme au demeurant l'attachement du président des Etats-Unis à une source d'énergie en déclin persistant depuis une décennie. Selon une note de l'Energy Information Administration datée du 3 août, la consommation de charbon des centrales utilisant ce minerai
a baissé de 36 % depuis 2008 aux Etats-Unis.
La concurrence du gaz de schisteTrump ne cesse de vanter sans plus d'explications, comme en Virginie-Occidentale, un
" charbon propre ", qui renvoie pourtant en grande partie à des techniques permettant de limiter l'émission de gaz à effet de serre par ces mêmes centrales thermiques.
Alors que le camp républicain n'a cessé de dénoncer une
" guerre idéologique " des élus démocrates contre cette source d'énergie, cette dernière a surtout fait les frais de la concurrence du gaz de schiste qui est produit massivement aux Etats-Unis, ainsi que de celle des énergies renouvelables comme l'éolien. Peu coûteux, le gaz de schiste présente, en outre, l'avantage d'être beaucoup moins polluant que le charbon.
Cette réalité n'a pas échappé à l'EPA elle-même, qui ne prévoit aucun renversement de tendance pour le minerai cher au président des Etats-Unis. Elle considère que la part des centrales thermiques utilisant cette source d'énergie dans la production d'électricité va de nouveau baisser de 19 % d'ici à 2030. Un recul moindre que celui prévu dans le plan de Barack Obama (29 %), mais qui n'annonce en rien un retour au premier plan du " roi charbon ". D'autant que l'agence fait le pronostic similaire d'une baisse de 33 % de la production d'ici à 2035.
Gilles Paris
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