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mardi 27 mars 2018

Européennes, municipales… La droite modérée tentée par Macron

27 mars 2018

Européennes, municipales… La droite modérée tentée par Macron

Agir et les centristes de l'UDI revendiquent leur indépendance mais les futurs scrutins pourraient accélérer leur rapprochement avec LRM

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Existe-t-il une vie pour un parti politique  entre Emmanuel Macron et Les Républicains (LR), ou bien faut-il nécessairement choisir de s'arrimer à l'un de ces deux pôles ? Plus le temps passe et plus la réponse pour les élus centristes ou ceux de la droite modérée qui ont quitté LR semble se trouver du côté de la deuxième option. L'option d'un partenariat avec les macronistes se précise à mesure qu'approche l'échéance des élections européennes de 2019 et celle des élections municipales de 2020, où la question des alliances s'annonce cruciale dans un paysage politique toujours en recomposition.
En clair, La République en marche (LRM) a toutes les chances de trouver des partenaires chez les centristes de l'UDI et les ex-LR d'Agir, tout en pouvant espérer a minima la bienveillance de grands élus locaux de droite, tels que Christian Estrosi.
Pour l'instant, l'indépendance est officiellement de mise entre les structures partisanes que représentent LRM, l'UDI et Agir. Jean-Christophe Lagarde, le président de l'UDI, définit d'ailleurs sa formation – longtemps alliée à la droite – comme un " partenaire libre " de la majorité. Il soutient alternativement des candidats LRM et LR lors des législatives partielles.
" Notre positionnement est compliqué, inhabituel, mais… constructif ", veut convaincre de son côté un chef de file d'Agir, qui assure qu'il est " trop tôt pour parler d'alliances ". Mais la perspective de listes communes avec LRM se dessine bien en prévision des européennes, un scrutin lors duquel le président de la République veut réduire l'enjeu à un match entre pro et anti-européens.
" Nous sommes plutôt favorables à l'idée d'une liste centrale. Mais il reste des discussions sur le projet. Rien n'est finalisé, loin s'en faut, affirme le député de Seine-et-Marne, Franck Riester, cofondateur d'Agir. Il faut réformer l'Europe, pas avec moins d'Europe mais plus d'EuropePlus d'intégration en matière d'immigration, de politique économique, environnementale. Ce n'est pas en se recroquevillant sur quelques pays qu'on relève les défis. " Une référence au projet du président de LR, Laurent Wauquiez, qui veut recentrer le cœur de l'action européenne sur un noyau dur de quelques Etats.
Changement d'attitude" Nous voulons porter le débat fédéraliste, assure de son côté Jean-Christophe Lagarde. Soit nous le ferons seuls, soit on le portera avec d'autres. " Le président de l'UDI se félicite que " Christophe Castaner - délégué général de LRM - ait la volonté de construire une liste ouverte ". Mais la décision de son parti sur une éventuelle alliance sera " tranchée en début d'année prochaine ", dit celui qui a applaudi au discours d'Emmanuel Macron sur l'Europe prononcé à la Sorbonne, en septembre  2017.
Le 28  février, le chef de l'Etat a reçu, autour d'un déjeuner à l'Elysée, un panel d'élus du centre et de la droite " constructive " – M.  Riester en tête – pour discuter de l'échéance européenne. Certains ont noté à cette occasion un changement dans l'attitude de M. Macron, qui se montrait jusqu'à présent peu intéressé à l'idée de voir des satellites graviter autour de LRM. " Il a évolué ", estime M. Riester, qui jure : " Nous ne sommes pas là pour balkaniser la majorité "" Il y a un changement de comportement depuis deux ou trois mois, ajoute quant à lui M. Lagarde, qui n'était pas du déjeuner à l'Elysée mais s'était entretenu avec M. Macron fin 2017. Quand Edouard Philippe nous reçoit pour parler de la réforme constitutionnelle, son écoute semble réelle et pas factice. "
" Plagier l'extrême droite "Lors de ce déjeuner du 28  février, le maire de Nice, Christian Estrosi, qui émarge encore chez LR mais ne siège plus dans aucune des instances du parti, comptait également parmi les convives. " Emmanuel Macron nous écoute beaucoup depuis dix mois, nous les élus locaux, même si ça ne se traduit pas encore dans les faits ", estime celui qui a lancé un mouvement de maires, La France audacieuse. " Je sais qu'une majorité d'électeurs de la droite et du centre ne se reconnaissent pas dans les postures qui consistent à plagier l'extrême droite. Je ferai tout pour contribuer à les rassembler ", avance-t-il. Mais l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy dit ne pas vouloir se préoccuper des questions partisanes, lui qui a en tête avant tout les municipales, une échéance qu'il estime décorrelée des appareils.
La droite modérée et le centre sont éclatés, et personne n'envisage pour l'heure de chercher à les fédérer. " Chacun est un peu dans son agenda, son parcours, son histoire personnelle. Christian Estrosi fédère les territoires, les maires. Xavier Bertrand anime un think tank avec la Manufacture. Nous avons fait le choix, avec Agir, de créer un parti politique ", souligne Franck Riester. Reste à démontrer qu'il existe un espace pour pouvoir respirer.
Olivier Faye
© Le Monde

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