31
Mar
2018
[Enquête] L’attitude initiale ambigüe des États-Unis envers l’État Islamique (Série complète)
Ce billet reprend en un seul billet toute la longue série en 5 parties publiée cette semaine.
Le rôle des États-Unis dans la guerre de Syrie et d’Irak prête régulièrement à controverse, au point que des analystes occidentaux ont mis en cause l’attitude ambiguë avant 2016 des Américains dans le combat contre le terrorisme de l’État Islamique.
Nous allons vous présenter dans ce billet certains faits qui vont dans le sens de cette thèse, tout en insistant sur la nécessité de rester méthodiques et rigoureux, afin de ne pas tomber dans des explications conspirationnistes simplistes, facilement encouragées par la complexité et le manque de clarté de ces sujets.
Voici le plan de notre étude :
- “Une guerre aérienne non sérieuse contre Daech”
- De lourds soupçons sur l’attitude américaine au cours des premiers mois
- Les bombardements initiaux limités de la coalition ont pu être contreproductifs
- La Russie se met à combattre sérieusement les milices
- Une stratégie de bombardements de la coalition peu efficace
- Des livraisons (involontaires ?) d’armes à l’ennemi
- Un embarrassant rapport de renseignement
- Le rôle (initial) de Daech : « atout stratégique » des États-Unis ?
I. “Une guerre aérienne non sérieuse contre Daech”
À l’été 2014, les victoires et les massacres de l’État islamique en Irak et en Syrie ont finalement poussé la communauté internationale à intervenir. À cet effet, sera créée une nouvelle coalition arabo-occidentale se donnant pour objectif d’affronter l’État islamique. À ses débuts, elle rassemble vingt-deux pays, parmi lesquels les États-Unis, les grandes armées de l’Union Européenne, le Canada, l’Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar, le Bahreïn, les Émirats arabes unis…
Les premières frappes de cette opération (baptisée Inherent Resolve – “Détermination absolue”) contre des positions de l’État Islamique débutent le 8 août 2014 en Irak et le 23 septembre en Syrie.
Les premiers mois, les bombardements sont effectués en nombre ridiculement faible : 7 frappes par jour en moyenne, ce que déplore rapidement le Wall Street Journal (Sources : ici et là) :
“Une guerre aérienne non sérieuse contre DaechLa campagne contre la Serbie en 1999 a utilisé en moyenne 138 frappes aériennes par jour. Celle contre l’État islamique en Irak et en Syrie en a utilisé 7.[…] Au cours des deux derniers mois, les avions américains et un petit nombre de forces partenaires ont effectué 412 frappes au total en Irak et en Syrie, soit une moyenne de 7 frappes par jour. L’État islamique contrôlant une superficie de près de 130 000 kilomètres carrés, il est facile de comprendre pourquoi ce niveau d’effort n’a pas eu beaucoup d’impact sur ses opérations. […]En fin de compte, et quelle qu’en soit la raison, il est peu probable qu’une utilisation aussi timide de la puissance aérienne contre les combattants islamiques en Irak et en Syrie réduise le territoire sous leur contrôle, freine l’assassinat brutal de civils innocents ou empêche la création d’un sanctuaire pour un ennemi qui a juré de poursuivre sa lutte à l’échelle mondiale.” [Wall Street Journal, 14/10/2014]
Plus précisément, voici un comparatif de l’intensité des frappes aériennes au cours de 7 interventions occidentales dans les 25 dernières années (on a scindé la dernière d’Irak/Syrie en deux, avec la première année de frappes de 08/2014 à 08/2015, et la période suivante, qui court encore) :
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