29
Mar
2015
[2 poids 2 mesures] Nouvelles frappes de l’Arabie saoudite au Yémen
Alors si je comprends bien :
- il y avait un président légitime au Yémen
- il a été chassé par une très large rébellion interne
Hmmmm, c’est moi ou ça me rappelle en gros la situation il y a 1 an dans un très grand pays dans l’Est de l’Europe ???Mais là, le grand voisin explique tranquillement qu’il lance une coalition et bombarde “logiquement” ce pays pour mettre en déroute les rebelles – sans aval de l’ONU. Et c’est donc apparemment normal…
A Sanaa, des rebelles Houthis manifestent contre les frappes aériennes menées par Riyad au Yémen, jeudi 26 mars.
L’Arabie saoudite poursuit son opération militaire au Yémen. Riyad a lancé de nouvelles frappes ce jeudi soir. C’est le deuxième jour d’un opération destinée à contrer l’avancée des rebelles chiites Houthis, qui contrôlent notamment la capitale Sanaa. Dix Etats soutiennent à des degrés divers cette opération, nommée « Tempête de fermeté ». Outre cinq pays du Golfe, ainsi que l’Egypte, la Jordanie et le Maroc - qui ont confirmé officiellement leur participation - et les Etats-Unis, le Pakistan et le Soudan pourraient également participer à cette initiative.
► Les forces en présence : L’Arabie saoudite a mobilisé 150 000 militaires et 100 avions de combat, tandis que les Emirats arabes unis ont engagé 30 avions de combat, Bahreïn et Koweït 15 appareils chacun et le Qatar 10 (source : al-Arabiya)
► Les pays mobilisés : les pays membres du Conseil de coopération du Golfe (Oman excepté) + l’Egypte, la Jordanie, le Soudan, le Pakistan et le Maroc
L’opération militaire de la coalition menée par Riyad se poursuit ce soir, jeudi 26 mars, avec de nouvelles frappes aériennes qui ont visé la base militaire d’Al-Tarik, à proximité de Taëz, la troisième ville du pays, sur la route entre Sanaa et Aden, dans le Sud. Un porte-parole de la coalition a déclaré que les frappes allaient continuer jusqu’à ce que les « objectifs » soient atteints. Il a également précisé qu’il n’y avait pas de projet d’offensive terreste dans l’immédiat.
L’opération « Tempête de fermeté » a débuté par des frappes aériennes dans la nuit de mercredi à jeudi. Les bombardements ont visé des sites stratégiques tenus par la milice chiite des Houthis : une base aérienne, le palais présidentiel, le siège du bureau politique de la rébellion ainsi que l’aéroport international qui a été repris par les forces gouvernementales.
Les Houthis s’approchaient ces derniers jours d’Aden, la grande ville du Sud, et ils étaient en passe de contrôler le détroit de Bab el-Mandeb par où transitent des énormes quantités de pétrole par voie maritime à destination principalement de l’Occident. L’offensive étrangère au Yémen aurait fait au moins treize victimes, selon la Défense civile yéménite citée par l’AFP ce jeudi 26 mars au matin. Un quartier résidentiel de Sanaa a été notamment touché par les bombardements.
L’offensive annoncée des Etats-Unis
C’est lors d’une conférence de presse donnée à Washington que l’ambassadeur saoudien, Adel al-Jubeir, a annoncé l’offensive en cours au Yémen. Le fait est assez rare pour être souligné, pointe notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio.
« L’opération vise à défendre le gouvernement légitime » du président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, a déclaré le diplomate.
Les opérations se limitent à des frappes aériennes, mais d’autres forces militaires sont mobilisées et la coalition, qui implique, selon lui, dix Etats, « fera tout ce qu’il faudra », a ajouté M. Adel al-Jubeir. « Nous avons une situation où vous avez une milice qui contrôle ou pourrait contrôler des missiles balistiques, des armes lourdes et une force aérienne », a fait valoir l’ambassadeur saoudien.
mashambulizi ya operesheni ” Dhoruba ilio imara” katika mji mkuu wa Yemen, Sanaa, yamewaua watu kadaa, Alhamisi Machi 26 mwaka 2015.
L’opération a débuté mercredi à 23h00 TU, a-t-il précisé. Selon certaines sources, des avions de guerre auraient lancé tôt dans la nuit de jeudi une attaque contre l’aéroport de Sanaa. Des témoins et des sources militaires indiquent également que les raids aériens saoudiens ont visé des sites sensibles tenus par la rébellion chiite dans la capitale, dont la base aérienne al-Daïlami, dans le nord de la capitale, ainsi qu’un campement des forces spéciales. Selon ces mêmes sources, un incendie se serait déclaré dans le palais présidentiel.
Selon la chaîne de télévision Al Arabiya citée par Reuters, l’Arabie saoudite contribue à hauteur de 100 avions de guerre et de 150 000 soldats à l’opération militaire au Yémen. L’offensive réunit aussi des avions de l’Egypte, du Maroc, de Jordanie, du Soudan, du Koweït, des Emirats arabes unis, du Qatar et de Bahreïn, précise la chaîne.
Soutien des Etats-Unis « en logistique et en renseignement »
Dans un communiqué conjoint, publié par l’agence officielle de presse saoudienne, cinq Etats du Golfe déclarent avoir « décidé de répondre à la demande de Son Excellence Abd-Rabbou Mansour Hadi, président du Yémen, de protection du Yémen et de son cher peuple de l’agression des milices houthis. »
Informée de l’opération, la Maison Blanche a fait savoir dans un communiqué que les Etats-Unis l’approuvaient et allaient fournir un soutien « en logistique et en renseignement ». « Bien que les forces américaines n’agissent pas en direct sur le plan militaire au Yémen pour soutenir cet effort, nous sommes en train de mettre sur pied une cellule de planification commune avec l’Arabe saoudite », peut-on lire dans le communiqué de la présidence. Des responsables américains, cités par l’AFP, envisagent plus clairement de fournir à Riyad du ravitaillement en vol et des avions radars.
« Nous travaillons étroitement avec nos partenaires saoudiens », expliquait hier la porte parole du département d’Etat, ajoutant que Washington était en contact avec le président yéménite en fuite, rapporte notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio.Washington a évacué, le week-end dernier, tous ses personnels encore présents sur place, une centaine de diplomates et les hommes des forces spéciales qui se trouvaient toujours en territoire yéménite. L’Arabie saoudite, déclare l’ambassadeur aux Etats-Unis, s’est coordonnée avec Washington avant de lancer ces bombardements, et la Maison Blanche avait lancé des appels répétés à l’arrêt des combats ces derniers jours.
Des responsables américains avaient rapporté hier dans la journée que l’Arabie saoudite regroupait des troupes et du matériel militaire lourd, notamment de l’artillerie dans des zones situées près de sa frontière avec le Yémen.
Le Conseil de coopération du Golfe en soutien
YÉMEN : QUI SONT LES HOUTHIS ?
Les pays du Conseil de coopération du Golfe, Oman excepté, soutiennent l’offensive, informe notre correspondante à Doha, Laxmi Lota. Le Qatar a signé le communiqué du Conseil de coopération du Golfe cette nuit : les pays du CCG ont décidé, peut-on lire, « de protéger le Yémen et son peuple face à l’agression de la milice [chiite] houthi ». On ne sait pas encore précisément de quelle manière le Qatar intervient. Les Emirats arabes unis ont, eux, envoyé 30 avions de combat.
L’option militaire a été prise « avec réticence », indiquait cette nuit l’ambassadeur saoudien à Washington. Le Qatar s’était dans un premier temps positionné en faveur du dialogue. Doha devait d’ailleurs accueillir la conférence de réconciliation inter-yéménite proposée par Riyad, mais aucune date n’avait été avancée pour cette réunion. Face à la dégradation continue de la situation au Yémen, les pays du Golfe ont finalement opté pour la force et la « fermeté ». Et pour ne pas être accusés d’ingérence, ils précisent dans leur communiqué que leurs appels au dialogue envers les chiites houthis sont restés sans réponse.
De son côté, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe ont décidé aujourd’hui même de mettre en place une force militaire conjointe, lors d’une réunion à Charm el-Cheikh en Egypte. L’objectif de cette force sera notamment de combattre les groupes terorristes. Le projet a donc été accéléré avec une intervention militaire arabe au Yémen, étant donné la nature de la situation dans le pays.
Mise en garde des Houthis contre une guerre dans la région
L’Egypte et la Jordanie ont confirmé officiellement ce jeudi matin leur participation à l’opération. L’Egypte devrait envoyer dans le Golfe d’Aden quatre navires de guerre pour protéger cette voie maritime stratégique. L’Egypte est un proche allié de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Ces pays ont déjà effectué des manoeuvres militaires communes.
Soutien actif de l’Egypte
Le communiqué de la diplomatie égyptienne indique qu’une coordination est en cours avec l’Arabie saoudite et les pays du Golfe en vue d’une participation de forces aériennes et navales à l’opération « Tempête de fermeté ». Il ajoute que l’Egypte est aussi disposée à participer avec des forces terrestres, « si cela s’avérait nécessaire », rapporte notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti. Dans la capitale égyptienne, des sources indiquent qu’une vingtaine d’avions de combats égyptiens ont été dépêché en Arabie saoudite et que des bâtiments de la marine égyptienne sont en route pour le détroit de Bab el-Mandeb qui contrôle l’entrée sud de la mer Rouge. Un détroit vital pour l’Egypte puisque sa fermeture entraînerait automatiquement celle du canal de Suez, une des principales sources de revenus pour Le Caire. L’Egypte semble toutefois moins partisane d’un engagement de troupes au sol, même si elle dispose d’une force d’intervention rapide de 50 000 hommes. On n’a pas oublié, au Caire, l’intervention militaire égyptienne des années 1960 au Yémen. Une guerre qui avait été surnommée « le Vietnam de l’Egypte ».
Selon une dépêche publiée par l’agence officielle saoudienne SPA, le Maroc, le Pakistan et le Soudan se sont également portés volontaires pour participer à l’opération. Plus concrètement, le Bahreïn et le Maroc vont fournir des avions de combat.
La réaction des miliciens houthis a été immédiate. Dans un entretien accordé à la chaîne al-Jazeera, cité par l’agence Reuters, Mohammed al-Boukhaiti, membre du bureau politique des Houthis, a déclaré qu’une « agression » était « en cours au Yémen ». « Nous y ferons face vaillamment », a-t-il déclaré, mettant également en garde contre une guerre dans la région.
Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, qui s’était réfugié à Aden après la chute de Sanaa, avait dû quitter sa résidence sous la pression des attaques des rebelles houthis. Hier, mercredi 25 mars, les milices chiites houthis, ainsi que des forces alliées à ces milices, ont accentué la pression sur Aden. Ils se seraient emparés de l’aéroport international de la ville dans l’après-midi. Le président yéménite, de son côté, a finalement quitté le pays pour rejoindre l’Arabie saoudite, où il est arrivé aujourd’hui, jeudi.
La chaîne de télévision al-Hadath, propriété de l’Arabie saoudite, a annoncé que les navires étrangers avaient été priés de ne pas approcher des ports yéménites.
Source : RFI, le 26 mars 2015.
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Au Yémen, le pari risqué de l’Arabie saoudite
LE MONDE |27.03.2015
Intervenir au Yémen, au risque de s’enliser dans un conflit impossible à remporter, ou ne rien faire, et alors perdre toute crédibilité dans sa zone d’influence immédiate ? Tel est le dilemme auquel a été confrontée l’Arabie saoudite ces dernières semaines, lorsque la rébellion houthiste, après avoir pris la capitale yéménite, Sanaa, à l’automne, a fondu sur Aden, la grande métropole du Sud, où s’était réfugié le président Abd Rabo Mansour Hadi, qui est arrivé dans la capitale saoudienne jeudi 26 mars.
C’est finalement la tentation de l’action qui l’a emporté à Riyad. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des avions de chasse saoudiens ont mené des raids contre les positions de la rébellion chiite, avant de reprendre leurs opérations jeudi soir et vendredi matin. Dans la foulée, huit pays arabes (Emirats arabes unis, Koweït, Qatar, Bahreïn, Egypte, Jordanie, Maroc, Soudan), en plus du Pakistan, annonçaient leur participation à la coalition dirigée par le royaume saoudien.
La coalition, qui témoigne de la forte capacité de mobilisation diplomatique de l’Arabie saoudite, ressemble fort à une alliance sunnite dirigée contre l’Iran et son axe chiite, soupçonné de financer et d’encadrer la rébellion houthiste. La Turquie, autre grande puissance sunnite non arabe, a d’ailleurs appuyé la décision saoudienne sans s’y associer. Après le Liban, l’Irak, la bande de Gaza et la Syrie, le Yémen entre donc à son tour dans la tourmente de la grande guerre régionale entre puissances chiites et sunnites, pas tant motivée par des raisons religieuses que de suprématie géopolitique.
Coup d’état
Même si cette grille de lecture ne s’applique que partiellement au complexe kaléidoscope yéménite, c’est elle qui s’est imposée aux dirigeants saoudiens : face à ce qu’ils ont interprété, à tort ou à raison, comme une nouvelle avancée de l’Iran dans un pays qu’ils considèrent comme leur arrière-cour, l’absence de réaction valait capitulation. Il est vrai que les bruyantes rodomontades des dirigeants iraniens, qui ne cessent depuis quelques mois de se vanter d’avoir reconstitué « l’empire perse » et de contrôler désormais quatre pays arabes (le Liban, la Syrie, l’Irak et le Yémen), notamment à la faveur de la guerre contre les djihadistes sunnites de l’organisation Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, où Téhéran est massivement présent militairement, n’ont pu que hérisser une monarchie saoudienne fragilisée.
Les enseignements du passé avaient pourtant de quoi faire hésiter les dirigeants saoudiens : à deux reprises, le Royaume s’est fourvoyé militairement au Yémen, dans les années 1960 en soutenant sans succès le camp monarchiste (qui était à l’époque d’obédience zaïdite, une branche minoritaire du chiisme) puis en 2009 en intervenant, déjà, contre la rébellion houthiste à l’appel du président déchu Ali Abdallah Saleh. A chaque fois sans succès. Si la décision de s’engager a quand même été prise, c’est que les dirigeants saoudiens ont jugé leur survie en jeu.
Il est vrai que l’arrivée au pouvoir d’un groupe chiite aidé par l’Iran au Yémen pourrait réveiller la question chiite au Bahreïn, où Riyad était intervenu militairement en 2011 pour écraser un soulèvement interprété comme confessionnel, voire à l’intérieur du royaume saoudien qui compte une minorité chiite non négligeable. Mais la récente succession à la tête de l’Arabie saoudite semble avoir également joué un rôle important dans la décision de Riyad, ainsi que les négociations en cours sur le programme nucléaire iranien, dans lequel les dirigeants saoudiens soupçonnent Washington de vouloir trop céder à Téhéran, son ennemi héréditaire.
Les négociations en cours sur le nucléaire iranien semblent avoir joué un rôle important dans la décision de Riyad.
Après avoir pris Sanaa à l’automne, les houthistes ont en effet parachevé leur coup d’Etat le 6 février, moins de deux semaines après la mort du roi Abdallah d’Arabie saoudite. Le nouveau roi Salman et surtout son fils, le jeune Mohamed Ben Salman Al-Saoud, 35 ans, nommé depuis ministre de la défense et gouverneur de Riyad, ont jugé qu’il en allait de leur crédibilité. Mais l’opération lancée en fanfare mercredi soir au Yémen a tout d’un piège, même si elle a permis de desserrer l’étau autour d’Aden. Le risque est grand, en effet, de dresser contre l’Arabie saoudite une partie de la population en cas de dommages civils trop élevés (les bombardements saoudiens ont fait 39 morts depuis mercredi, selon l’AFP, dont plusieurs civils) et de devoir engager des troupes au sol sur un terrain particulièrement mouvant et risqué. Riyad, qui a mobilisé 150 000 hommes, dit pour l’instant ne pas envisager un tel scénario.
L’Arabie saoudite ne dispose, en effet, pas d’allié fiable sur le terrain. Le président Hadi, réfugié aujourd’hui à Riyad, ne peut compter que sur une partie de l’armée. Les unités d’élite, dont la garde républicaine, restent en effet acquises à l’ex-président Ali Abdallah Saleh, qui avait renoncé au pouvoir fin 2011, poussé dehors par une médiation saoudienne après plusieurs mois de manifestations. Depuis, Saleh, qui avait combattu les houthistes sans pitié de 2003 à 2011, alors même qu’il est issu de la même communauté zaïdite, s’est retourné pour faire alliance avec eux.
Le camp sunnite est affaibli et fragmenté : la grande confédération tribale des Hached, affiliée aux Frères musulmans a aussi été lâchée par l’Arabie saoudite ; Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), bien implanté dans l’est du pays, est en guerre ouverte contre la monarchie saoudienne et l’un de ses membres a tenté d’assassiner le vice-prince héritier, Mohamed Ben Nayef, par ailleurs ministre de l’intérieur, sans compter l’EI qui monte en puissance au Yémen et ne cache pas son projet de renverser la monarchie « impie » des Saoud.
« Printemps yéménite »
De fait, cela fait déjà un moment que l’Arabie saoudite a « perdu » le Yémen. Longtemps, le dossier yéménite a été géré, au sein de la famille royale, par le prince Sultan bin Abdelaziz Al-Saoud, ministre de la défense et prince héritier à partir de 2005. Pour contrebalancer l’influence d’Ali Abdallah Saleh, jugé peu fiable, Riyad s’appuyait sur Abdallah Al-Ahmar, le chef de la confédération tribale des Hached et président du Parlement. Mais cette politique du « diviser pour mieux régner » et de prébendes reposait en grande partie sur des liens personnels. La mort, en décembre 2007, d’Abdallah Al-Ahmar a privé le royaume d’un levier efficace. Et la maladie du prince Sultan a pesé ensuite sur la diplomatie saoudienne. C’est son fils Khaled qui prend, en 2009, la direction des opérations militaires saoudiennes contre les houthistes, avec de piètres résultats.
Dans les décombres d’un quartier résidentiel proche de l’aéroport de Sanaa, touché par une frappe saoudienne dans la nuit du 25 au 26 mars. KHALED ABDULLAH / REUTERS
La mort du prince Sultan, en octobre 2011, oblige alors le roi Abdallah à intervenir dans le « printemps yéménite » qui embrase le pays cette même année et qui agglomère houthistes, islamistes et chefs tribaux contre le président Saleh en place depuis 1978. Convaincu de l’isolement de ce dernier, le roi Abdallah se résigne à le sacrifier en novembre de la même année. Le suivi de la délicate transition yéménite (le président déchu a obtenu de pouvoir rester à Sanaa et ses proches dirigent encore les services de sécurité) subit un nouvel à-coup avec la mort subite du prince Nayef, en juin 2012, qui était chargé du dossier.
Soutien à Washington
Au Yémen, après le départ de M. Saleh, les forces concurrentes de l’opposition reprennent progressivement les combats. Un théâtre qui devient particulièrement compliqué pour les Saoudiens, qui se privent de surcroît d’un puissant relais lorsque le roi Abdallah décide de passer à l’offensive contre la confrérie des Frères musulmans particulièrement bien représentée dans le parti Al-Islah et chez la confédération tribale des Hached.
Les houthistes, qui ont rallié des tribus laissées pour compte, forment un groupe bien armé, bien encadré – notamment par des cadres du Hezbollah libanais, estiment des observateurs – et bien implanté dans le nord du pays, notamment la capitale. Mais la bataille en cours dépasse désormais largement le sort du Yémen.
La Turquie a salué l’initiative saoudienne. L’Iran a exigé pour sa part « une cessation immédiate de toutes les agressions militaires et frappes aériennes contre le Yémen et son peuple ». Son ministre des affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, présent à Lausanne dans le cadre des négociations sur le nucléaire qui doivent s’achever avant mardi 31 mars, a mis en garde de manière voilée les pays occidentaux contre un soutien à l’Arabie saoudite au Yémen (Washington a promis à Riyad une aide en ravitaillement, logistique et surveillance radar), tout en assurant que les événements en cours n’auraient aucune répercussion sur la question nucléaire.
Quant à l’Arabie saoudite, qui a fait de son intervention au Yémen le symbole de son « réveil » face à l’hégémonisme iranien, elle va pousser son projet de force militaire conjointe arabe au sommet de la Ligue arabe qui doit s’ouvrir samedi chez son principal allié, à Charm El-Cheikh, en Egypte. Un projet qui ressemble fort à une coalition anti-Téhéran.
Source : Le Monde.fr
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Carte : le Proche-Orient déchiré entre chiites et sunnites
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