Ataï ou le spectre de la lutte anticoloniale
« Soleil cou coupé » (Guillaume Apollinaire)
26 juin 1988 : signature des Accords de Matignon sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, dont un article stipule que la tête du chef kanak Ataï sera rendue à son peuple. Puis, pendant 26 ans, les autorités françaises renient leur engagement et gardent leur trophée de guerre.
28 août 2014 : le Museum d’histoire naturelle restitue le crâne aux chefs traditionnels kanaks qui le rapatrient cinq jours plus tard.
Septembre 2014 : il est déposé à Sarraméa, pour le deuil annuel, avant la cérémonie des funérailles.
Il y a deux siècles, la Grande Insurrection Kanake (juin 1878- juin 1879) éclate à la suite d’une révolte foncière contre le vol des terres des autochtones par les colons français. Son chef, Ataï, abat le commandant des troupes de la colonie, le colonel Gally-Passebosc (3 juillet).
Ataï, chef de la Révolution de 1878.
Jean Allemane et Louise Michel, communards déportés, soutiennent l’insurection : la seconde envoie à Ataï un morceau de son écharpe rouge de la Commune, en signe de solidarité.
Le 1er septembre, Ataï est tué, les armes à la main, dans un guet-apens, par un kanak de Canala (la tribu de Christian Karembeu…), un traître qui le frappe dans le dos, à coups de hache.
Il est décapité et sa tête est donnée à l’anatomiste Paul Broca (1879), le fondateur de la Société d’Anthropologie de Paris, qui l’étudie. En 1951, elle est transférée dans les réserves du Musée de l’Homme (qui recueille le fonds de la Société d’Anthropologie).
Le pouvoir colonial est contraint de restituer ses rapines : les restes de la « Vénus hottentote » et ceux d’Ataï ont regagné leur sol natal. Mais, à peine a-t-il lâché prise, que déjà les Inuits réclament leurs 20 squelettes. Et les terres spoliées aux kanaks n’ont toujours pas été rétrocédées…
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