SÉNATACLYSME
Le PS en déroute, l'UMP triomphe, le FN historique
Sénatoriales 2014: le PS sèchement battu, le Sénat rebascule à droite
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Conquis par la gauche en 2011, le Sénat rebascule à droite après la victoire de l'UMP aux municipales de mars dernier | AFP
SENATORIALES - Le PS redoutait une défaite, c'est une déculottée que les grands électeurs lui ont administré ce dimanche 28 septembre à l'occasion du renouvellement partiel du Sénat. Alors que la majorité sortante de gauche ne disposait que de 7 sièges d'avance, ce fragile avantage avait déjà totalement fondu à la mi-journée dans les départements votant au scrutin majoritaire.
Les résultats obtenus en fin d'après-midi au scrutin proportionnel n'ont fait que confirmer cette débâcle annoncée. Résultat des courses: sur les 179 sièges à pourvoir, l'UMP et l'UDI enregistraient un gain net d'une vingtaine de sièges, selon des sources UMP. En attendant les derniers résultats d'Outre-mer, l'ensemble de la droite compterait aux alentours de 189 sièges contre 157 pour la gauche.
EN IMAGES - Les grands vainqueurs des sénatoriales
Surprise du jour: le Front national a réussi à faire élire deux de ses onze maires au Sénat. Une première sous la Ve République qui ne change rien au décompte final: très logiquement, la Haute assemblée conquise par le Parti socialiste en 2011 rebascule donc à droite pour trois ans.
Municipales, mariage gay, Corrèze... Une déroute hautement symbolique
Ces résultats avaient été très largement anticipés par les appareils politiques. Et pour cause: l'essentiel du corps électoral des sénatoriales se compose de conseillers municipaux. Or l'ampleur de la vague bleue-UMP aux dernières municipales, additionnée à la très faible avance de la gauche au Palais du Luxembourg, laissaient très clairement entrevoir un changement de majorité.
Le seul véritable suspense consistait à évaluer l'ampleur de la défaite pour le Parti socialiste et ses alliés. "La gauche résiste mieux que l'effet mécanique des résultats des municipales", a bien tenté de relativiser le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis. La déroute n'en demeure pas moins cuisante et surtout hautement symbolique.
Proche conseiller de François Hollande auquel il a succédé à la mairie de Tulle, le socialiste Bernard Combes a été balayé dès le premier tour en Corrèze où le PS perd ses deux sièges. A Belfort, la place détenue par la gauche depuis plus de 30 ans et occupée jusqu'alors par Jean-Pierre Chevènement (qui ne se représentait pas) a été enlevé par l'UMP Cédric Perrin. Un compagnon de route du nouveau maire UMP de Belfort, Damien Meslot. En Côte d'Or, l'ancienne suppléante du ministre François Rebsamen, très proche du président de la République, a elle aussi été battue.
Autre claque douloureuse, le très emblématique rapporteur socialiste de la loi sur le mariage pour tous, Jean-Pierre Michel, a lui aussi été éliminé dans son département de Haute-Saône où le PS a perdu ses deux sièges dès la matinée. L'ancien ministre des Affaires européennes, Thierry Repentin, a lui aussi été battu en Savoie.
Maigre consolation: le successeur du président sortant du Sénat, Jean-Pierre Bel, qui ne se représentait pas, a bel et bien été élu en Ariège, un des fiefs socialistes à résister à cette deuxième vague bleue. Idem pour le président du groupe socialiste, Didier Guillaume, réélu dans la Drôme où le PS perd malgré tout un siège à la droite.
Dernier allié du PS, le PRG très affaibli
Jusqu'ici très influent au Sénat et de plus en plus à l'Assemblée nationale où il est le dernier allié du PS, le Parti radical de gauche (PRG) sort lui aussi très affaibli de ce renouvellement partiel. L'ancienne ministre du gouvernement Ayrault, Anne-Marie Escoffier, chargée de la Décentralisation, n'a pas réussi à se maintenir à la chambre haute. Une défaite là encore emblématique de la déroute de la gauche de gouvernement, Anne-Marie Escoffier ayant défendu le premier volet de la réforme territoriale devant les sénateurs.
Le PRG a également perdu un siège en Corse du Sud au profit de l'UMP Jean-Jacques Panunzi. Même le tout puissant président du PRG, Jean-Michel Baylet, ancien candidat à la primaire socialiste, s'est vu contraint à un ballotage très défavorable. Dans son fief de Tarn-et-Garonne, il n'a pu recueillir que 37,4% des suffrages au premier tour avant d'être battu au second.
De son côté, Europe-Ecologie Les Verts, dont les dix sénateurs ne remettaient pas en jeu leur mandat, n'a pas réussi à grignoter d'autres sièges à la chambre haute. Et ce malgré son départ du gouvernement et sa progression dans certaines communes aux élections municipales. Mais à en croire l'ancienne ministre Cécile Duflot, les scores du parti écologiste sont en progression. Manière pour elle de sous-entendre que son électorat soutient le départ des Verts du gouvernement.
Hostiles au gouvernement, au point de faire échouer plusieurs projets de loi au Sénat, les élus communistes n'ont pas réussi non plus à faire réélire tous leurs sortants.
L'UMP fait carton plein
A l'inverse, la droite peut se réjouir d'avoir atteint presque tous ses objectifs ce dimanche. Non seulement sa victoire est incontestable, mais elle conforte la domination de l'UMP dans l'opposition, en dépit des querelles internes et des dissidences qui risquaient d'affaiblir sa progression à la Haute assemblée.
Candidat à la présidence du Sénat, l'ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin a été réélu dès la matinée et dans un fauteuil. Nouvel entrant, le futur ex-député UMP de l'Aube François Baroin a lui aussi été élu sans grande difficulté.
Cette embellie électorale sourie également au centre qui revendique une progression de huit élus, soit 20% de ses effectifs au Sénat.
Ce nouveau succès pour la droite, qui fait un peu oublier sa médiocre seconde place aux européennes de fin mai, annonce l'ouverture d'un autre scrutin tout aussi symbolique: l'élection du président du Sénat, troisième personnalité protocolaire de la République.
Trois figures de l'UMP (Gérard Larcher, Jean-Pierre Raffarin et Philippe Marini) se disputent cette fonction honorifique dans le cadre d'une primaire interne à l'UMP. Mais tous défendent le même crédo: en attendant 2017, le Sénat va devenir le laboratoire de l'alternance.
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