Sénatoriales 2014: la course à la présidence du Sénat est ouverte
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Les trois candidats UMP à la présidence du Sénat en 2014: Gérard Larcher, Jean-Pierre Raffarin et Philippe Marini | AFP
SENATORIALES - Au Sénat, la moquette est épaisse pour ne pas qu'on entende les corps tomber. La plaisanterie a beau être vieille comme la chambre haute, elle résume une fois encore la compétition feutrée que se livrent les candidats à la succession du président socialiste Jean-Pierre Bel.
Depuis la vague bleue des municipales de mars dernier, l'UMP est persuadée de reconquérir la présidence du Sénat, le fameux "Plateau" perdu en 2011 à la toute fin du quinquennat de Nicolas Sarkozy. Comme en 2008, trois figures de la seconde chambre se disputent le poste: Gérard Larcher, lui-même président du Sénat jusqu'en 2011, l'ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin et le sénateur de l'Oise Philippe Marini, actuel président de la Commission des finances. Comme en 2008, Nicolas Sarkozy pourrait jouer les faiseurs de roi à l'occasion d'un scrutin interne plus serré qu'on ne l'imagine.
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Une primaire interne et incertaine
Si chacun évite le triomphalisme pour ne pas froisser les grands électeurs qui voteront ce dimanche 28 septembre, tout le monde à l'UMP a fait ses comptes. Seule l'ampleur du succès demeure un objet de spéculation. Et c'est justement ce qui rend la bataille pour la présidence aussi incertaine. "On devrait avoir 105 sénateur UMP sortants et 35 ou 38 nouveaux, ce qui rend l’élection très ouverte", prédit le sarkozyste Roger Karoutchi, lui-même candidat à la présidence du groupe UMP.
Chez ceux qui briguent le Plateau, les pronostics se recoupent aussi: partie avec 7 sièges de retard, l'opposition UMP-centriste devrait largement rattraper son retard et franchir au minimum le seuil de la douzaine de voix d'avance. Qui ces nouveaux entrants désigneront-ils? C'est là le nerf de la guerre. Par sa notoriété, Jean-Pierre Raffarin semble partir favori. Mais Gérard Larcher a l'expérience de la fonction. Quant à Philippe Marini, il mise sur son statut d'outsider: "Je ne suis pas celui que l'on attend", prévient-t-il, soucieux de mettre en avant "l'indépendance d'esprit" des sénateurs à l'égard des médias comme des appareils politiques.
Pour les départager, une primaire interne au groupe est organisée le mardi 30 septembre, la veille de l’élection du président du Sénat. Et chaque postulant aura un quart d'heure pour défendre son programme devant les sénateurs UMP et apparentés.
Préparer l'alternance en 2017
Rendre son indépendance au Sénat, résister face au gouvernement socialiste, défendre les territoires, préparer l'alternance... A droite, les thèmes de campagne se suivent et se ressemblent. "Il faut que le président de la République, qui a changé plusieurs fois d'avis sur le département, sur la clause de compétence générale, sur le calendrier électoral, accepte que le Sénat contribue à éclairer la route", plaide Gérard Larcher. "Je connais bien l'Etat de l'intérieur et je crois pouvoir avoir la force d'être quelqu'un qui portera le Sénat haut, capable de résister quand le Sénat n'est pas respecté", renchérit Jean-Pierre Raffarin. "Le Sénat doit être réformateur, un réservoir de pensée politique", assure de son côté Philippe Marini.
La candidate centriste au Plateau, la sénatrice de l'Orne Nathalie Goulet, veut justement prendre le contre-pied de ce laboratoire de la reconquête. "Le programme que je propose ne vise pas à transformer le Sénat en machine de guerre pour préparer les élections de 2017, mais à moderniser, à dynamiser et à rendre plus efficace et mieux connu le travail remarquable que réalise cette maison", assure-t-elle.
La pique fait mouche. Car restaurer l'image dégradée du Sénat est une préoccupation forte chez les parlementaires. Pour la première fois, "le sénateur a commencé à douter. S'il n'est pas digne, le Sénat peut disparaître", reconnait Philippe Marini qui se veut exemplaire en matière de transparence. "Le Sénat a tout intérêt à être une maison de verre".
La vraie-fausse influence de Nicolas Sarkozy
Au-delà du débat d'idées, la compétition entre les trois favoris s'est compliquée ces dernières semaines avec le retour de Nicolas Sarkozy. Gérard Larcher étant un soutien affiché de François Fillon, Jean-Pierre Raffarin, jadis très critique, s'est rangé dans la roue de l'ancien président. A tel point que Le Parisien assure qu'un deal a été passé entre les deux hommes (lien payant): à l'un la présidence de l'UMP, à l'autre celle du Sénat.
"Il est très important pour nous de redonner de la crédibilité à l'alternance, de redonner une perspective de refondation à la droite et au centre. Ca, c'est le projet de Nicolas Sarkozy", plaide Jean-Pierre Raffarin. Un argument de poids en plein retour de sarkolâtrie.
Seul candidat issu du RPR (ses adversaires sont issus du centre) et convaincu que "Nicolas Sarkozy partage [sa] démarche sur le fond", Philippe Marini veut croire que l'ancien président "n'a aucun intérêt à exprimer publiquement un mot d'ordre". "Le bien qu'il ferait entraînerait des dégâts tout aussi importants", juge le sénateur-maire de Compiègne. Mais l'ancien président peut tout aussi bien tirer les ficelles en coulisses: "C'est une possibilité sérieuse".
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