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L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES n°320
Avec les pilotes en grève
L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.
Il n’aura pas fallu longtemps pour que le soufflé provoqué par le « retour » programmé de Sarkozy retombe aussi vite qu’il était monté, aiguisant au passage la crise de décomposition politique. Il n’empêche : en focalisant tout sur la présidentielle de 2017, Sarkozy a tenté de venir en aide au gouvernement Hollande-Valls. Il l’a dit lui-même : Hollande doit aller au terme de son mandat. Sur ce point, un large consensus réunit toutes les forces politiques institutionnelles.
Pour une fois, l’éditorial de L’Humanité dénote quelque peu, qui dénonce une opération destinée à enfermer « le débat politique dans le présidentialisme » pour « condamner le peuple de gauche à attendre gentiment 2017 » (1).
Ne pas « attendre gentiment 2017 » ? Soit. Mais alors, qu’y a-t-il lieu de faire ?
A son neuvième jour, la puissance de la grève massive des pilotes d’Air France a entraîné avec elle toutes les catégories de personnels de la compagnie, avec leurs syndicats, unis sur la revendication : « Retrait du plan de Juniac ». C’est cette puissance de la grève qui a bousculé le plan initial du gouvernement, conduisant à des déclarations contradictoires entre Alain Vidalies, ministre des Transports, et le P-DG d’Air France, Alexandre de Juniac. Instruits par l’expérience, les pilotes et leurs syndicats, loin de se laisser abuser par l’annonce d’une suspension, ont réaffirmé l’exigence du retrait pur et simple du plan.
Dans cette exigence de retrait se concentre une question politique majeure : la satisfaction de la revendication des pilotes et de l’ensemble des catégories du personnel d’Air France remettrait en cause, de fait, les directives européennes et les traités, qui tous prétendent contraindre à privatiser, ouvrir à la concurrence, déréglementer, délocaliser (2). La satisfaction de cette revendication ouvrirait une brèche dans le carcan de l’Union européenne et de ses traités. Elle éclairerait concrètement la réponse à la question posée de l’issue politique : une issue politique qui, se libérant des contraintes de l’Union européenne, de la Ve République et donc du présidentialisme, permettrait à la démocratie de se frayer la voie à partir de la satisfaction des revendications de la classe ouvrière arrachées par la classe ouvrière elle-même.
A Air France, la grève d’une catégorie a fini par rassembler toutes les catégories et les organisations sur le mot d’ordre « retrait du plan Transavia de Juniac ». A l’échelle de tout le pays, une exigence grandit : retrait du pacte de responsabilité de Hollande-Valls et de toutes les attaques qui s’y relient. N’est-ce pas là le socle sur lequel peut se réaliser la lutte de classe unie de la classe ouvrière et de ses organisations, sur son propre terrain ? N’est-ce pas cela, « ne pas attendre 2017 » ?
(1) Dénoncer le présidentialisme, et se tourner en permanence vers François Hollande comme l’a encore fait, il y a quelques jours, Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français, pour lui demander de changer de Premier ministre… c’est toute l’ambiguïté du discours des dirigeants du PCF. Au fait… s’il s’agit d’en finir avec le présidentialisme, la meilleure voie ne serait-elle pas la suppression pure et simple de la fonction de président de la République élu au suffrage universel et le remplacement de ces institutions vermoulues par une Assemblée constituante chargée de définir elle-même la signification et le contenu de la démocratie ?
(2) Tout comme, sur un autre plan, la grève de quatorze jours des cheminots en juin dernier pour le retrait de la réforme ferroviaire.
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