Université d'été du PS : Martine Aubry, absente à La Rochelle, prépare sa riposte
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POLITIQUE - Elles seront deux absentes. L'université d'été du PS qui se tient jusqu'à dimanche à La Rochelle va se tenir sans Ségolène Royal, occupée à promouvoir la transition énergétique dans les outre-mer. La rentrée du parti socialiste se fera aussi sans Martine Aubry qui fait l'impasse sur le rendez-vous rochelais pour la première fois depuis très longtemps.
"Ce n'est pas une absence qui est dictée par les circonstances puisque la décision a été prise de longue date. Elle a même été annoncée avant l'été par le porte-parole du PS", précise l'entourage de la maire de Lille. Le retour médiatique de l'ancienne patronne de Solferino n'est donc pas programmé pour les toutes prochaines heures. Mais à en croire le message de ses principaux lieutenants, dont beaucoup font partie des frondeurs, il ne va plus tarder.
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"Elle prendra la parole très prochainement et s'exprimera sur l'ensemble des sujets politiques. Elle va reprendre une place plus grande au sein de notre parti", confie auHuffPost l'eurodéputé Gilles Pargneaux, patron de la fédération PS du Nord, évoquant notamment les Etats généraux que le PS s'apprête à lancer. S'il ne donne pas de date, son ancien directeur de cabinet, Jean-Marc Germain est tout aussi clair: "Oui l'abstinence médiatique de Martine Aubry est terminée", a déclaré le député des Hauts-de-Seine à l'Opinion.
Aubry surprise par le remaniement
Mais ne comptez pas sur la maire de Lille pour apporter sa voix dans le concert des réactions au remaniement du début de semaine. Elle refuse de le faire publiquement, laissant ses proches dire tout le mal qu'elle pense de la situation. "Ce qui a été accompli par le président de la République et le premier ministre, c'est un acte d'autoritarisme. La réponse m'est apparue comme disproportionnée. J'ai été surpris de cette réaction et je la regrette, je la déplore", a déclaré Gilles Pargneaux à des médias nordistes confiant par ailleurs que l'ex-candidate à la primaire avait aussi été "surprise".
Et pas seulement de la nomination de Patrick Kanner au ministère de la Ville. Ce n'est pas parce qu'il est du Nord, comme elle, qu'il est un proche. Pierre de Saintignon, 1er adjoint de Martine Aubry depuis 2001, le confirme: "On s'entend bien mais ce n'est pas un proche politiquement, c'est clair. Même si certains voudraient le faire croire". Selon l'élu lillois, sa désignation au gouvernement peut même être vue comme "un acte inamical à l'égard d'Aubry dans des perspectives du futur congrès du PS".
Explication de ce spécialiste du PS: en 2012, le maire de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier avait été nommé par François Holande ministre délégué aux Transports pour qu'il y ait un relais dans la région Nord-Pas-de-Calais" et qu'elle "ne soit pas une forteresse aubryste". Or, avec le départ du ministre "ils ont perdu un relais dans la forteresse qui est importante en cas de congrès". "Ils en ont créé un" avec l'arrivée de Patrick Kanner.
"Pas trop tard pour réussir le quinquennat"
"Quand elle s'exprimera, ce ne sera pas pour commenter mais pour dire ce qu'elle pense utile pour le pays dans les trois ans à venir. Seul le fond l'intéresse", fait savoir son entourage. Ce sera donc différend de sa dernière sortie médiatique. C'était au mois de juillet quand les contours de la réforme territoriale. Elle avait alors convoqué la presse pour s'étonner des choix du gouvernement pour sa région Nord-Pas-de-Calais, unie à la seule Picardie.
Elle en avait tout de même profité pour envoyer quelques piques au chef de l'Etat: "Il n'est pas trop tard pour réussir le quinquennat. Depuis deux ans, si sur tous les domaines, on avait eu une grande vision, et une méthode, nous aurions eu un peu moins de problèmes. Je pense qu'on a fait de belles choses, qu'on en a loupé d'autres. Si l'on revient vers une vision de la société que nous voulons pour demain, nous avons une chance pour réussir le quinquennat", avait déclaré la maire de Lille.
"La page est blanche, il faut l'écrire"
Une certitude donc, sa prise de parole ne sera pas un blanc-seing à la politique sociale-libérale menée par l'exécutif. "Elle n'est pas au gouvernement, elle n'est pas tenue par cette forme de solidarité. Elle ne pourrait pas accepter que le parti soit godillot. Elle expliquera donc comment, selon elle, des réorientations sont possibles. Mais elle ne le fera pas pour gêner le gouvernement", précise timidement son entourage.
A la rentrée 2013, elle avait publié une tribune dans Le Monde dans laquelle, elle livrait ses conseils à François Hollande et Jean-Marc Ayrault. C'est à nouveau par le biais d'un texte qu'elle va sortir de son silence. "Elle ne veut pas de réaction à l'emporte-pièce, elle préfère prendre le temps d'écrire pour avoir une expression de fond et réfléchie", assure Gilles Pargneaux.
Pourquoi le faire maintenant? "Les deux premières années ont consisté à mettre en oeuvre les 60 engagements du candidat Hollande. Mais maintenant, pour les trois ans qui viennent, la page est blanche. Il faut l'écrire", explique Jean-Marc Germain. "Le choc des élections municipales et européennes l'a aussi marquée", note un proche.
Percer ses réelles ambitions est toutefois bien difficile. Revenir à la tête du PS à la faveur du prochain congrès n'est pas dans ses plans. Alors se prépare-t-elle pour la présidentielle, au cas où François Hollande ne pourrait se représenter? "Ce qu'elle souhaite, c'est la victoire d'un président socialiste en 2017", jure Gilles Pargneaux. "La victoire de François Hollande", s'empresse-t-il de rajouter.
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