35 heures : la polémique Macron illustre la nervosité suscitée par sa nomination
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POLITIQUE - C'est le sujet dont tout le monde parle ce jeudi. Et pour éviter que sa première polémique de ministre de l'Economie ne devienne incontrôlable, Emmanuel Macron aurait tout intérêt à préciser ses propos. Dans une interview au Point, il se prononce en effet pour un assouplissement des 35 heures, totem de la gauche que Martine Aubry a fait adopter en 1997.
Il propose ainsi qu'après négociation dans l'entreprise, le temps de travail puisse être allongé sans que l'augmentation de salaire suive dans les mêmes proportions. Mais y a-t-il vraiment une possibilité pour que cette mesure qui fait hurler la gauche mais est saluée à droite soit appliquée?
Sans attendre, Matignon, qui a déjà donné beaucoup de gages au patronat, a assuré que Manuel Valls "n'a pas l'intention de revenir sur la durée légale du temps de travail" qui relève d'un débat entre partenaires sociaux. Alors est-ce le premier couac du gouvernement Valls 2, comme l'affirme l'UMP Luc Chatel? Pas si sûr.
Des propos qui n'engagaient pas (encore) le gouvernement
L'interview d'Emmanuel Macron n'est en réalité pas sa première comme ministre de l'Economie. Elle a effectivement été réalisée dimanche 24 août alors même qu'il n'avait pas été nommé à Bercy. Manuel Valls n'avait même pas encore proposé la démission de son gouvernement. Quand il s'exprime, Emmanuel Macron n'est alors que l'ex-secrétaire général adjoint de l'Elysée. La précision est d'ailleurs apportée par l'hebdomadaire.
"Il nous a accordé cet interview à la veille de l'annonce du nouveau gouvernement. Et s'exprime donc ici à titre personnel. Librement", peut-on lire en préambule de l'entretien.
Mais ces propos ont inévitablement pris un tour particulier maintenant qu'il a remplacé Arnaud Montebourg. Et si la polémique est partie aussi rapidement, c'est que le climat politique de ces derniers jours a pu brouiller les lignes au sein de la gauche.
Cela a commencé par le geste d'autorité de Manuel Valls qui a décidé de se séparer des ministres qui réclamaient -trop ouvertement- une réorientation de la politique gouvernement. Alors qu'une partie de sa majorité demandait une inflexion, le président de la République et son premier ministre ont préféré envoyer le message que leur ligne ne bougera pas d'un iota.
Le travail du dimanche, les seuils sociaux...
Acclamé mercredi devant l'université d'été du Medef, Manuel Valls a achevé de dérouter une partie de sa majorité en déclarant qu'il souhaitait assouplir les règles sur le travail du dimanche ou les seuils sociaux. Aux yeux de certains, la remise en cause des 35 heures était une suite logique du cap social-libéral entrepris par le gouvernement. La droite a aussi très vite sauté sur l'occasion, trop contente de dire qu'elle pourrait voter une telle mesure. Une manière de semer encore plus la zizanie au sein du PS
Sur les réseaux sociaux aussi la controverse a pris très vite; à tel point que le nom du ministre de l'Economie et le sujet "35 heures" se sont retrouvés en tête des tendance Twitter. (voir diaporama en bas de l'article).
Macron demande à être jugé sur des actes
Les propos d'Emmanuel Macron ne vont donc pas arranger la réputation dont il jouit dans une partie de la gauche. Son passé d'ancien banquier chez Rothschild et d'architecte du pacte de responsabilité hérisse déjà considérablement les frondeurs. Dès mardi, le député Jean-Marc Germain, proche de Martine Aubry, disait ainsi tout le mal qu'ils pensaient de son arrivée à Bercy.
Lors de son premier discours à Bercy, Emmanuel Macron récusait pourtant "les réputations qui lui sont faites par la presse". Il demandait à être "jugé sur les actes". Pour l'heure, ce sont donc ses paroles qui ont déclenché un incendie. Pour tenter de l'éteindre, les services de Bercy ont annoncé qu'Emmanuel Macron recevrait les partenaires sociaux dans les tous prochains jours, sans doute la semaine prochaine.
Le nouveau ministre a revanche décliné une confrontation avec les militants du parti socialiste. Invité à l'université d'été du PS, il a préféré ne pas s'y rendre. "Il compose son cabinet et prend connaissance de ses dossiers", avance son cabinet.
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