CHÔMAGE - Trois jours après la déroute de la majorité aux européennes, dans un contexte économique morose, le gouvernement ne s'attendait pas à une amélioration sur le front du chômage. Il a bien fait, car les statistiques d'avril ont été publiées mercredi par Pôle emploi. Et elle ne sont pas bonnes. Après +0,9% en février, une hausse quasi-nulle en mars, le chômage a de nouveau augmenté de 0,4% en avril. C'est déjà le quatrième mois de retard pour François Hollande, qui avait promis une inversion de la courbe avant décembre 2013.
"Ces chiffres reflètent la conjoncture observée en ce début d'année 2014", explique le ministère du Travail dans un communiqué. Ces mauvais chiffres "appellent à la mobilisation générale pour la croissance et l’emploi, à tous les niveaux. C’est dans la durée que s’inscrit l’action du gouvernement".
Cette aggravation est malvenue pour le gouvernement après la déroute des européennes, plaçant le Front national en tête, devant l'UMP et le PS. Pour François Rebsamen, "le chômage est une des composantes majeures" du vote FN. Le ministre du Travail attribue ainsi le vote des Français à un "ras-le-bol" face aux mauvais chiffres de l'emploi, ce que confirme une étude du cabinet de conseil Taddeo. Selon eux, là où le chômage a progressé de plus de 5 points entre 2008 et 2013, le FN a recueilli en moyenne 20,4% des suffrages au premier tour du scrutin des municipales.
Et ce n'est pas fini. Selon l'Unédic, l'organisme qui gère l'assurance chômage, 103.200 nouveaux demandeurs d'emploi sont attendus en 2014 et 60.000 en 2015. Si la situation s'est améliorée fin mars pour les moins de 25 ans (-0,8% en un mois, -2,6% en un an), elle a continué de s'aggraver pour les plus de 50 ans: +1% en un mois, +11,8% en un an. Le gouvernement, qui a jusqu'à présent mis l'accent sur le chômage des jeunes, doit présenter d'ici la mi-juin un plan pour l'emploi des seniors. "L'alternance sera comprise dedans mais il y aura aussi des mesures que Pôle emploi devra mettre en oeuvre pour faciliter l'accueil, l'accompagnement, le suivi des seniors", a souligné François Rebsamen.
Sans croissance, pas d'emplois
Tous âges confondus, l'exécutif mise sur le pacte de responsabilité, et ses 30 milliards d'euros de crédits d'impôt (CICE) et d'exonérations de cotisations patronales, pour créer jusqu'à 500.000 emplois à l'horizon 2017. Mais le ministre du Travail a concédé qu'une croissance nulle ne permettrait pas de créer des emplois. Dans le même temps, l'Insee a annoncé une stabilité du PIB au premier trimestre alors que Bercy tablait sur une croissance de 0,1%. "Une fois qu'on a mis en place tous les dispositifs pour l'emploi, il faut aussi de la croissance, c'est vrai", a admis Rebsamen. Malgré les chiffres du premier trimestre, le gouvernement a maintenu ses prévisions de croissance pour 2014 (1%) et pour 2015 (1,7%). Les économistes estiment en général que l'économie crée des emplois à partir d'une croissance moyenne annuelle de 1,5%.
De son côté, l'OCDE ne prévoit pas de baisse du chômage en métropole avant "fin 2015", tandis que la Commission européenne table, Outre-mer inclus, sur une hausse en 2014 et une baisse en 2015. A plus long terme, François Rebsamen s'est fixé l'objectif de ramener le nombre de chômeurs sans activité "le plus près possible des trois millions" d'ici la fin du quinquennat de François Hollande en mai 2017.
La baisse du chômage est "mon obsession, mon combat", a déclaré début mai François Hollande, estimant qu'il n'aurait pas la crédibilité nécessaire pour briguer un deuxième mandat si le chômage ne baissait pas d'ici 2017. Lundi, François Hollande a réaffirmé que "la priorité, c'est la croissance, c'est l'emploi, c'est l'investissement". Depuis son élection en mai 2012, près de 425.000 nouveaux demandeurs d'emploi sans activité ont poussé la porte de Pôle emploi. L'établissement n'a plus enregistré de baisse des inscriptions depuis octobre 2013.
"François Hollande aura bientôt plus de chômeurs que d'électeurs !"
L'opposition a réagi en associant directement cette augmentation à la politique menée par le gouvernement. Ces chiffres "catastrophiques" illustrent "l'échec saisissant de la politique économique" du PS et de l'UMP, a ainsi asséné Florian Philippot dans un communiqué publié sur le site du FN dont il est le vice-président.
"L'annonce du pacte de responsabilité fêtera ses 5 mois et tout indique que ce pacte ne connaîtra prochainement aucune réalité", a pour sa part réagi l'UMP, par la voix de Jérôme Dubus, l'un de ses secrétaires nationaux. "François Hollande aura bientôt plus de chômeurs que d'électeurs !", a aussi ironisé sur Twitter Jean-Christophe Lagarde, secrétaire général de l'UDI:
Parmi les syndicats, la CGT et FO ont chacune appelé le gouvernement à "changer de politique". Il faut "cesser les cadeaux faits au patronat sans contrepartie", a ajouté la CGT. De son côté, le Medef a au contraire appelé à "avancer plus vite et plus fort (...) dans la mise en oeuvre effective de mesures en faveur de la compétitivité des entreprises".
Sans croissance, pas d'emplois
Parmi les syndicats, la CGT et FO ont chacune appelé le gouvernement à "changer de politique". Il faut "cesser les cadeaux faits au patronat sans contrepartie", a ajouté la CGT. De son côté, le Medef a au contraire appelé à "avancer plus vite et plus fort (...) dans la mise en oeuvre effective de mesures en faveur de la compétitivité des entreprises".