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Pour Philippe Tesson, les alliances nouées par le candidat Hollande lors de sa conquête du pouvoir coûtent cher à la France. Le mal n'est pas seulement idéologique, il est politique.
François Hollande, président de la République. © Prm / Sipa
Par PHILIPPE TESSON
Personne n'oserait de bonne foi affirmer que François Hollandetravaille sciemment contre les intérêts de la France. Son échec tient plus simplement à son aveuglement, à son déni incompréhensible de la réalité et enfin, pour ce qui est de la pratique gouvernementale, à sa maladresse. À l'origine, il a péché par idéologie. Non seulement la raison mais l'exemple des pays voisins de la France, à commencer par l'Allemagne hier et l'Angleterre aujourd'hui, lui commandaient de mettre de l'ordre et de la rigueur dans la politique économique de la France par d'autres voies que celles qu'il privilégia dès son arrivée au pouvoir. Ce n'est pas par la taxation démesurée des entreprises, ce n'est pas par le matraquage fiscal des classes moyennes, ce n'est pas par le traitement social du chômage, ce n'est pas par la prime à l'écologie que passait et que passe la solution des problèmes français. Le dogmatisme socialiste s'est cru plus fort que l'évidence, avec au départ une arrogance insupportable. Il s'est ensuite ravisé, mais il a de beaux restes. Malgré quelques corrections de tir et une résipiscence verbale de façade dont Moscovici a le secret, la nature a repris le dessus dès qu'elle l'a pu. C'est ainsi que, sournoisement, la taxation de l'épargne a montré la tête la semaine dernière au cours de la discussion budgétaire, quitte à ce qu'on la lui coupe quelques jours après. L'idéologie socialiste est comme l'eczéma, on n'en guérit pas.
Le mal n'est pas seulement idéologique, il est politique. Les alliances nouées par le candidat Hollande lors de sa conquête du pouvoir coûtent cher à la France. Mitterrand, lui, avait au moins le talent de savoir les trahir. Question d'autorité. Hollande depuis dix-huit mois n'a cessé de se soumettre aux fantaisies des Verts, dont le poids politique est inversement proportionnel à l'importance numérique. Qu'importe que la réforme du logement conçue par Duflot soit une aberration économique, l'essentiel était qu'elle donnât une coloration de gauche à la politique de ce gouvernement. Ce génie de la synthèse qu'on prête au président de la République n'est en fait qu'un médiocre savoir-faire du balancement, au gré de l'événement et des contraintes électorales. Là encore, la culture socialiste ne ment pas. Opportunisme, improvisation et reniement. On ne répugne pas à la reculade. On dit que l'impôt, c'est fini, et le lendemain on taxe. On dit qu'on va taxer et on vote la taxation, et le lendemain on négocie.
Le peuple est patient. Jusqu'au jour où il est pris à la gorge. Cette échéance approche. La France est un pays riche, qui vit sur ses réserves, et ces réserves s'épuisent. Elles sont mal partagées. Il est juste que cette inégalité soit corrigée, à la mesure des mérites de chacun. Le chômage est certes la pire sanction de l'inégalité. Mais celle-ci frappe aujourd'hui brutalement, du fait d'une politique incohérente, des catégories nouvelles de Français, actifs menacés dans leur activité. On perçoit un grondement s'amplifier dans le pays, venu de cette partie du peuple dont les fruits de travail risquent de ne plus suffire à sa survie. Il est trop tôt pour parler de jacquerie. Mais une forme de désobéissance civique tend à s'installer. Aveugle devant la réalité, François Hollande va-t-il rester sourd à ce cri parce que la perspective des très prochaines consultations électorales lui conseillerait la prudence ? Va-t-il encore sacrifier ses intérêts partisans à l'intérêt général ? Ce serait un mauvais calcul. Il est urgent qu'il fasse le clair sur ses dispositions d'esprit et sur ses intentions, le mieux étant, s'il en est encore temps, qu'il rassure le pays par un acte politique courageux et lucide dont son actuel gouvernement ferait les frais.
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