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mardi 29 octobre 2013

Le poisson pourrit par la tête

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Le poisson pourrit par la tête

Par Denis Collin • Actualités • Dimanche 20/10/2013 • 

Depuis quelques semaines, Manuel Valls occupe le devant de la scène politique : après avoir affirmé que les Roms avaient vocation à retourner en Roumanie et en Bulgarie, au motif qu’ils ne pouvaient pas s’intégrer à la société française, quelques semaines plus tard, il est confronté à l’affaire Leonarda – cette jeune Rom kosovare arrêtée dans son bus scolaire et expulsée sur le champ – déclenchait une tempête dans « l’opinion de gauche » et au sein du PS. La loi opposée aux « valeurs » : voilà la tragédie qui se jouerait au sommet de l’État. 
L’agitation confuse de toutes ces affaires est cependant révélatrice d’une crise politique profonde qui ébranle les sommets de L’État et le parti « majoritaire » (est-ce encore le bon terme ?), c’est-à-dire les deux piliers de la Ve République. La focalisation sur le personnage de Valls a quelque chose d’un peu ridicule : Valls est, certes, un personnage de second ordre, dont les positions droitières ne sont un secret pour personne ; il avait été approché par Sarkozy en 2007, mais il a été choisi par Hollande et Ayrault et il reçoit leur soutien dans toutes ses actions même si, selon son habitude, Hollande s’efforce de cultiver l’ambiguïté et le malentendu. En matière d’immigration, la politique de Valls est sensiblement celle qu’ont suivie tous les ministres de l’Intérieur, de droite ou de gauche, depuis une trentaine d’années. C’est pourquoi les appels à la démission de Valls venus d’une large partie de la gauche n’ont guère de sens et encore moins les pétitions pour qu’il soit exclu de la gauche. Valls remplit parfaitement la mission que Hollande lui a confiée et ses déclarations sécuritaires qui font bondir toute la gauche sentimentale ont l’avantage de faire du bruit au moment où la gauche au pouvoir allonge à 67 ans l’âge de départ à la retraite, au moment où les plans « sociaux » succèdent aux plans sociaux et où, avec le fameux crédit impôts compétitivité » les impôts versés par les salariés et les ménages vont servir à des cadeaux somptuaires qui finiront pour l’essentiel dans la poche des grands groupes du CAC 40.

Le clivage fondamental, celui qui menace le plus gravement le gouvernement est non pas celui qui oppose la gauche des valeurs à celle de « la loi et l’ordre », c’est celui qui oppose les tenants de l’ordre mondial « néolibéral » et ceux qui tentent – bien ou mal – de s’y opposer et de résister à la machine infernale qui broie les peuples, les cultures, les acquis sociaux et les solidarités sur lesquelles se sont édifiées les communautés humaines. Et derrière ce clivage, il y en a un autre encore plus essentiel : celui qui oppose les défenseurs du mode de production capitaliste et les forces qui tendent à le renverser, forces qui naissent de la dynamique même de ce mode de production. Les courants « antinéolibéraux » et « anticapitalistes » de la gauche ne forment aujourd’hui qu’une minorité souvent confuse et prompte à faire passer au premier rang des combats de troisième importance, voire des combats qu’il eût mieux valu ne pas mener....
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