Le poisson pourrit par la tête
Depuis quelques semaines, Manuel Valls occupe le devant de la
scène politique : après avoir affirmé que les Roms avaient vocation à
retourner en Roumanie et en Bulgarie, au motif qu’ils ne pouvaient pas
s’intégrer à la société française, quelques semaines plus tard, il est
confronté à l’affaire Leonarda – cette jeune Rom kosovare arrêtée dans son bus
scolaire et expulsée sur le champ – déclenchait une tempête dans
« l’opinion de gauche » et au sein du PS. La loi opposée aux
« valeurs » : voilà la tragédie qui se jouerait au sommet de
l’État.
L’agitation confuse de toutes ces affaires est cependant
révélatrice d’une crise politique profonde qui ébranle les sommets de L’État et
le parti « majoritaire » (est-ce encore le bon terme ?),
c’est-à-dire les deux piliers de la Ve République. La focalisation sur le
personnage de Valls a quelque chose d’un peu ridicule : Valls est, certes,
un personnage de second ordre, dont les positions droitières ne sont un secret
pour personne ; il avait été approché par Sarkozy en 2007, mais il a été
choisi par Hollande et Ayrault et il reçoit leur soutien dans toutes ses
actions même si, selon son habitude, Hollande s’efforce de cultiver l’ambiguïté
et le malentendu. En matière d’immigration, la politique de Valls est
sensiblement celle qu’ont suivie tous les ministres de l’Intérieur, de droite
ou de gauche, depuis une trentaine d’années. C’est pourquoi les appels à la
démission de Valls venus d’une large partie de la gauche n’ont guère de sens et
encore moins les pétitions pour qu’il soit exclu de la gauche. Valls remplit
parfaitement la mission que Hollande lui a confiée et ses déclarations
sécuritaires qui font bondir toute la gauche sentimentale ont l’avantage de
faire du bruit au moment où la gauche au pouvoir allonge à 67 ans l’âge de
départ à la retraite, au moment où les plans « sociaux » succèdent
aux plans sociaux et où, avec le fameux crédit impôts compétitivité » les
impôts versés par les salariés et les ménages vont servir à des cadeaux
somptuaires qui finiront pour l’essentiel dans la poche des grands groupes du
CAC 40.
Le clivage fondamental, celui qui menace le plus gravement le
gouvernement est non pas celui qui oppose la gauche des valeurs à celle de
« la loi et l’ordre », c’est celui qui oppose les tenants de l’ordre
mondial « néolibéral » et ceux qui tentent – bien ou mal – de s’y
opposer et de résister à la machine infernale qui broie les peuples, les
cultures, les acquis sociaux et les solidarités sur lesquelles se sont édifiées
les communautés humaines. Et derrière ce clivage, il y en a un autre encore
plus essentiel : celui qui oppose les défenseurs du mode de production
capitaliste et les forces qui tendent à le renverser, forces qui naissent de la
dynamique même de ce mode de production. Les courants
« antinéolibéraux » et « anticapitalistes » de la gauche ne
forment aujourd’hui qu’une minorité souvent confuse et prompte à faire passer
au premier rang des combats de troisième importance, voire des combats qu’il
eût mieux valu ne pas mener....
pour lire la suite cliquer ici --->le-poisson-pourrit-par-la-tete
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire