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dimanche 1 septembre 2013

Municipales : le PCF conforte sa stratégie

Municipales : le PCF conforte sa stratégie

LE MONDE |  • Mis à jour le  |Par 
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Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, à Saint-Martin-d'Hères (Isère) le 25 août.
Aux Karellis, les communistes ont pris de la hauteur. Le Parti communiste français (PCF) avait choisi cette station de Savoie, perchée au milieu des montagnes et des sapins, pour tenir ses universités d'été de vendredi à dimanche. Trois jours où il aura été beaucoup question des municipales."Nouvelles lois de décentralisation""Les enjeux des prochaines élections municipales""Quelle politique de transport ?" : de nombreux ateliers y étaient consacrés où se pressaient des militants curieux.
Il était donc logique que Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, y consacre une bonne part de son discours de clôture. D'autant que le sujet a provoqué la semaine dernière une passe d'armes avec Jean-Luc Mélenchon, coprésident du Parti de gauche (PG). Même si le numéro un communiste a affirmé être "passé à autre chose", la tension reste vive entre les deux hommes qui n'ont échangé que quelques SMS dans la semaine, selon M. Laurent.
"OBJECTIFS CLAIRS"
Les communistes doivent déterminer en octobre les stratégies qu'ils souhaitent mettre en place localement – autonomie vis-à-vis du PS, comme le réclame le PG, ou union avec les socialistes. Après avoir plaidé pour un vote du Parlement sur une éventuelle intervention en Syrie et dénoncé une réforme "injuste" des retraites, M. Laurent a rappelé à ses troupes les"objectifs clairs" à avoir en tête au moment de leurs votes : "Battre la droite partout, barrer la route aux appétits de l'extrême droite, réélire des majorités de gauche." "Qu'on en finisse avec la fable des élus que nous irions quémander, a-t-il ajouté. Les communistes ne sont aux ordres de personne !"
Une ligne qui ne semble pas vraiment faire débat chez les militants communistes. Selon les configurations, certains partiront avec le PS, d'autres en autonomie. "L'objectif est que la droite ne reprenne pas les territoires, explique Christine, 58 ans. A Mont-Saint-Aignan [Seine-Maritime], on a gagné la ville ensemble avec le PS en 2008 et on l'a dirigée ensemble depuis. Nos électeurs ne comprendraient pas que l'on parte séparément." Cela ne pose aucune difficulté à cette élue municipale de s'opposer au niveau national aux socialistes et de s'allier avec eux localement. "Ça ne veut pas dire qu'on adopte les positions du PS, assure-t-elle. On se met d'accord sur un programme municipal."
 "À CÔTÉ DE LEURS POMPES"
Florian, 28 ans, s'interroge tout de même sur cette cohérence, d'autant plus facilement qu'il vient de Montreuil, où le Front de gauche partira uni face au PS. "Comment dire aux socialistes qu'ils sont à côté de leurs pompes et dire au niveau local qu'on va travailler avec eux ?". Son regard sur la stratégie du PG n'en est pas moins tendre. "Le PG n'a pas d'élus donc ils s'en foutent de les perdre", juge-t-il.
Laurence Rossignol, secrétaire nationale du PS à l'écologie, aura cependant pu mesurer que le rassemblement que le PS appelle de ses vœux ne se fera pas à n'importe prix. Invitée à débattre par le PCF avec l'un de ses dirigeants, Olivier Dartigolles, et Jérôme Gleizes, de la direction d'EELV, la sénatrice de l'Oise n'a pas été ménagée par des militants communistes remontés contre la politique du gouvernement. "Nous avons à travailler à un rassemblement non pas fictif mais à un rassemblement qui prolonge celui à l'œuvre dans les territoires", a-t-elle expliqué avant d'ajouter, sous les regards perplexes de la salle : "Il y a un message de rassemblement d'autant plus intéressant qu'il est le complément de nos discussions, de nos désaccords au niveau national." Désaccords dont la sénatrice de l'Oise a pu mesurer l'étendue : éventuelle intervention militaire en Syrie que le PCF dénonce, réforme des retraites qu'il rejette ou encore droit de vote des étrangers aux élections locales qu'il réclame.
Dans la salle, un participant a d'ailleurs fait remarquer à Mme Rossignol que"le PS peut faire preuve d'un sentiment unitaire à deux vitesses". La preuve selon lui ? A Saint-Denis, où un député PS, Mathieu Hanotin, vient défier le maire PCF Didier Paillard. "Quand on envoie des élus socialistes, comme Mathieu Hanotin, faire la guerre à des maires communistes, nous aussi on peut montrer les dents", a poursuivi ce militant.
Mme Rossignol a soigneusement éviter de répondre à la question. Le sujet est en effet sensible. Samedi, M. Laurent avait expliqué avoir peu goûté cette candidature. "C'est en totale contradiction avec les déclarations des dirigeants socialistes, avait-il fait remarquer. Le PS doit faire revenir M. Hanotin sur sa décision et choisir entre le rassemblement et la division."

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