Roms : l'affrontement Valls-Duflot ébranle la majorité
Manuel Valls dénonce les critiques "insupportables" de Cécile Duflot à son égard.
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François Hollande et Jean-Marc Ayrault vont-ils siffler la fin de la partie ? Plusieurs jours après avoir déclaré qu'une majorité de Roms n'avait pas "vocation" à rester en France, le ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, continue de semer le trouble à gauche. Alors que la ministre écologiste Cécile Duflot a estimé jeudi que ces propos allaient "au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain", Manuel Valls a jugé dimanche que les critiques de sa collègue étaient "insupportables".
Au-delà de l'affrontement public entre les deux intéressés, c'est désormais toute la majorité qui se trouve divisée, entre ceux qui soutiennent Manuel Valls, ceux qui soutiennent Cécile Duflot, et ceux qui appellent au cessez-le-feu.
Ceux qui soutiennent Valls
Dimanche, seize élus socialistes, parmi lesquels l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant et le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb, ont signé une tribune pour apporter leur soutien à Manuel Valls. "Nous voulons sortir de l'hypocrisie qui consiste à faire croire que parce qu'elle est humaniste, la gauche devrait laisser faire", écrivent ces élus.
Plusieurs ministres ont également défendu les propos de Manuel Valls. "La misère et l'insalubrité ne sont pas des modes de vie", clame la porte-parole du gouvernement,Najat Vallaud-Belkacem. "A juste titre, Manuel Valls a été choqué par la violence, l'outrance employée à son endroit", enfonce la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, en référence aux propos de Cécile Duflot. Manuel Valls "ne dit rien d'autre que ce qu'il y a dans la circulaire" de 2012 encadrant le démantèlement des campements de Roms, estime lui aussi Bernard Cazeneuve, ministre du Budget.
"Qui peut mettre en cause les valeurs républicaines de Manuel Valls ? Qui peut le mettre en cause ?", s'agace également le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone.
Ceux qui soutiennent Duflot
De son côté, Cécile Duflot, la ministre du Logement, a reçu samedi le soutien de Benoît Hamon. "La gauche ne postulera jamais l'impossibilité d'intégrer progressivement une population, juge le ministre délégué à la Consommation. Sommes-nous si supérieurs aux autres que nous puissions décréter l'inaptitude générale d'une population à l'intégration dans notre société républicaine ?" Se gardant d'en rajouter une couche, la garde des Sceaux, Christiane Taubira, précise tout de même qu'elle "soutient totalement" les propos de Benoît Hamon.
"Être un homme de gauche, mon cher Manuel, ça ne se proclame pas, ça se prouve, tance aussi le député et ancien premier secrétaire du PS Henri Emmanuelli. Quand on s'approche de ces sujets-là, la cote de popularité remonte. Mais qu'on laisse les démagogues jouer avec ça."
Ceux qui appellent au cessez-le-feu
D'autres ont préféré ne pas prendre partie explicitement pour l'un ou pour l'autre, appelant au contraire Cécile Duflot et Manuel Valls à ne pas s'invectiver publiquement. Dès vendredi, Jean-Marc Ayrault a appelé ses ministres à "faire preuve de sang-froid". "Les polémiques entre ministres au sein du gouvernement deviennent intolérables. Elles doivent cesser", fustige le député socialiste Jean-Christophe Cambadélis.
Un agacement partagé par Ségolène Royal. "Le gouvernement se doit de jouer collectif, estime la présidente de Poitou-Charentes. Rien n'est pire au sein d'un gouvernement que des querelles. Etre ministre, ce n'est pas faire de polémique, c'est apporter des solutions."
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