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lundi 30 juillet 2018

Les Crises.fr - La Turquie consolide discrètement sa présence en Afrique, par Peter Kenyon

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29.juillet.2018 // Les Crises



La Turquie consolide discrètement sa présence en Afrique, par Peter Kenyon

Source : NPR, Peter Kenyon, 08-03-2018

Le président turc Recep Tayyip Erdogan serre les mains de la population locale à Port Soudan, au Soudan, le 25 décembre, l’un des nombreux endroits en Afrique où le dirigeant turc s’est récemment rendu. Kayhan Ozer/AP
Quand on pense aux grands investisseurs en Afrique, les États-Unis, la Chine, la Grande-Bretagne et la France peuvent venir à l’esprit. Mais au cours de la dernière décennie, la Turquie n’a cessé d’améliorer son image en Afrique, y compris dans certains des pays les plus perturbés du continent.
Récemment, des dizaines de ministres africains se sont pressés dans la salle de bal d’un hôtel d’Istanbul, planifiant le Sommet de coopération Union africaine-Turquie de l’année prochaine. Au cours d’une pause dans la réunion, Abdulkadir Ahmed-Kheir Abdi, ministre d’État somalien des affaires étrangères, a salué l’aide de la Turquie à son pays en proie à la famine, à la guerre civile et à une insurrection islamiste.


Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu prend la parole lors d’une conférence Turquie-Afrique à Istanbul, le 12 février. AP
« La Turquie est arrivée en Somalie pour la première fois en 2011, alors que personne n’osait y aller », a-t-il dit. « Il y [avait] une sécheresse, une famine, des activités terroristes et tout le monde est resté à l’écart. »
Abdi a dit que lorsque le président Recep Tayyip Erdogan et son épouse sont descendus de l’avion à Mogadiscio et ont visité un camp plein d’enfants affamés, ce fut un moment très fort. Et lorsque la Turquie a promis de l’aide et signé des accords commerciaux, d’autres pays ont suivi.
« Donc pour nous en tant que Somaliens, la Turquie est dans notre cœur à cause de l’aide qu’ils nous apportent en cas de besoin », a dit Abdi.
Depuis 2003, année où l’actuel président Erdogan a commencé à être le premier ministre de son pays, la Turquie est un acteur de plus en plus important en Afrique.
Erdogan a effectué plus de 30 visites sur le continent depuis son arrivée au pouvoir, dont une visite en Algérie, en Mauritanie, au Sénégal et au Mali au début du mois. Il est revenu en qualifiant la tournée de « productive », et a tweeté, « Nous voulons accompagner l’Afrique pendant qu’un nouvel ordre mondial est en train de se mettre en place ».
Les analystes disent que la Turquie a une foule de motivations, qu’elles soient culturelles, économiques ou géopolitiques.
Au cours des 15 dernières années, les échanges commerciaux de la Turquie avec les pays africains ont été multipliés par six pour atteindre 17,5 milliards de dollars, selon l’agence de presse officielle Anadolu. Une grande partie de ce commerce se fait avec des pays d’Afrique du Nord comme l’Égypte, mais la Turquie étend également sa présence au sud du Sahara. Il y a maintenant plus de 40 ambassades turques en Afrique, et la compagnie d’État Turkish Airlines, dessert plus de 50 destinations africaines. L’automne dernier, la Turquie a ouvert une base militaire en Somalie, sa première en Afrique et la plus grande de ses bases outre-mer.

Le Général Hulusi Akar, chef d’état-major des forces armées turques, au centre, et le Premier ministre somalien Hassan Ali Khayre, deuxième à gauche, visitent un nouveau centre de formation militaire turco-somalien à Mogadiscio, en Somalie, le 30 septembre. Farah Abdi Warsameh/AP
Si vous tombez malade en Somalie, vous pouvez être soigné à l’hôpital Recep Tayyip Erdogan. Les visiteurs arrivent à un terminal d’aéroport géré par une société turque et voyagent sur des routes tracées par l’autorité turque chargée du développement. La collecte des ordures est assurée par le Croissant-Rouge turc.
Il y a cependant des interrogations. Les critiques parmi les organisations non gouvernementales internationales et les groupes pro-transparence notent que la participation de la Turquie a été facilitée par des contrats somaliens non concurrentiels attribués par un État notoirement corrompu. Suivant les recommandations des conseillers, le gouvernement de Mogadiscio a commencé à renégocier certains de ces contrats.
La Somalie n’est pas le seul État africain en difficulté où la Turquie fait sensation. La Turquie renforce également sa présence au Soudan. Erdogan s’est récemment adressé au parlement soudanais et a parlé chaleureusement de l’homme fort du pays, Omar al-Bashir, accusé de crimes de guerre par la Cour pénale internationale.
« Mon frère al-Bashir et moi allons parler affaires, et je suis sûr que nous quitterons cet endroit en nous serrant la main sur un certain nombre de grands partenariats », a déclaré M. Erdogan.

La mosquée el-Geyf sur l’île de Suakin, au Soudan. Bertramz/Wikimedia Commons
Le Soudan a accordé à la Turquie un bail à long terme et des droits pour restaurer les bâtiments de l’époque ottomane sur l’île soudanaise de Suakin, dans la mer Rouge. L’île était autrefois une escale pour les pèlerins musulmans qui se rendaient à la Mecque.
Sedat Aybar, directeur du Centre de recherche sur l’Afrique à l’Université d’Aydin à Istanbul, affirme que le fait de mettre en valeur la Turquie en tant que défenseur du patrimoine musulman fait partie de la motivation du projet de restauration de l’île de Suakin. Le gouvernement est intéressé à « réactiver le souvenir turc » de la présence des Turcs dans les territoires africains contrôlés par l’Empire ottoman jusqu’à la fin des années 1800, dit-il.
Ceci, dit-il, « est une partie très importante de la restauration des sites musulmans en ruines sur l’île ».
Mais la motivation première de la présence du pays en Afrique est d’ordre économique.
L’Afrique dispose des ressources naturelles dont la Turquie a besoin pour ses secteurs manufacturier et industriel, y compris le pétrole et le gaz, et l’Afrique a besoin de revenus, d’infrastructures et d’emplois pour sa population.
Aybar considère la présence militaire de la Turquie en Somalie davantage comme un investissement économique à long terme que comme une démonstration de la puissance turque.
Alors que de vastes régions de la Somalie sont toujours sous le contrôle des extrémistes d’al-Shabab, M. Aybar affirme qu’un meilleur environnement en matière de sécurité est essentiel à l’amélioration de l’économie du pays d’Afrique de l’Est.
Et cela aide aussi la Turquie, dit-il : « Une Somalie stable et plus sûre procurera à la Turquie des retombées économiques plus positives ».
Source : NPR, Peter Kenyon, 08-03-2018
Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.
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Fabrice // 29.07.2018 à 08h27
La Turquie ne fait que ce que nous faisons depuis des décennies et ce que la Chine ainsi que les américains du Nord font.
Mais qui se soucie des africains sauf quand ils se pressent à nos frontières poussés hors de chez eux par le pillage en règle ainsi que la déstabilisation ou corruption systèmatique de leur pays par ces mêmes profiteurs ?

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