HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire. - LOUIS DE PARAMO

HISTOIRE et MEMOIRE

La Galerie de l'Histoire.     Christian LE Moulec 15 juillet, 14:23 LOUIS DE PARAMO Bien malin celui qui sera capable de faire la part des choses entre les élucubrations d’un Paramo supposé, d’un Voltaire et d’un Féval. Dans un ouvrage intitulé « De l’origine et des progrès de l’Inquisition », de Louis de Paramo, archidiacre et chanoine de Leon, inquisiteur, figurerait une singulière généalogie de cette institution. Louis de Paramo prétend que Dieu en personne fut le premier inquisiteur ; Adam et Eve, les premiers hérétiques. Ainsi, la conduite de Dieu est un exemple offert aux inquisiteurs. Adam, ubi es ? Adam, où es-tu ?- C’est la citation. Adam se présente : c’est l’obligation de comparaître. Dieu se trouve tête à tête avec le coupable : c’est l’interrogatoire. Dieu le juge et le bannit ; les inquisiteurs n’en usent point autrement, quand il s’agit d’une première incartade. Dieu garde pour lui le paradis terrestre qu’il avait donné à Adam : de fait, les inquisiteurs confisquent les biens de ceux qu’ils condamnent. Dieu ôte à Adam l’empire qu’il lui avait donné sur les animaux : les inquisiteurs dépouillent les hérétiques de toute autorité naturelle, politique et civile. Une fois, Dieu fit un autodafé par l’eau. Ce fut le déluge ! Une autre fois, l’autodafé s’opéra par le feu : Sodome et Gomorrhe ! Dieu se démet de la place de grand inquisiteur ; il choisit pour lui succéder Sarah, la femme d’Abraham, qui débuta dans ses nouvelles fonctions par condamner à l’exil l’hérétique Ismaël. Et puis, on arrive aux lévites qui composèrent le premier Conseil suprême de l’Inquisition, et commencèrent par massacrer trente mille hommes. David fut ensuite grand inquisiteur ; Jésus-Christ le remplaça, et saint Paul remplaça Jésus-Christ, et ainsi de siècle en siècle, jusqu’à saint Dominique, et le reste du même tonneau… Quelle salade ! On peut lire ça dans un ouvrage de Paul Féval « Les tribunaux secrets. L’Inquisition ». J’ai voulu savoir si le dénommé Louis de Paramo avait vraiment écrit pareilles sornettes. Menons une enquête… Ce Louis de Parano a vraiment existé. C’est un fait. Sur le site de BnF (Bibliothèque nationale de France), on lit somme toute peu de choses. Entre autres, que notre homme est né en 1545 et mort en 16.. avec un point d’interrogation ; et qu’il fut théologien, inquisiteur de la sainte foi en Sicile et en Espagne. Mais l’ouvrage précité n’est pas mentionné. Sauf que le facétieux Voltaire écrit qu’il fut imprimé en l’an 1598, à l’imprimerie royale de Madrid. D’ailleurs, dans le « Dictionnaire philosophique » du même Voltaire, on retrouve tous les arguments présentés en amont par notre ami Féval, qui les a sans doute « empruntés » au philosophe des Lumières. Notons avec amusement que Féval (1816-1887), qui appartint au parti royaliste et au mouvement conservateur, se retrouve, sur ce coup-là du moins, sur la même longueur d’onde d’un Voltaire. Mais au fond, est-ce si étonnant que ça ? Reste à savoir si Louis de Paramo a bien écrit de telles âneries ou s’il ne s’agit que d’une nouvelle facétie de Voltaire. J’avoue me retrouver Gros-Jean comme devant… L’enquête n’est donc pas close. LOUIS DE PARAMO Bien malin celui qui sera capable de faire la part des choses entre les élucubration...