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jeudi 3 mai 2018

Delphine Batho quitte le PS : " Ma vie et ma tâche sont ailleurs "


3 mai 2018

Delphine Batho quitte le PS : " Ma vie et ma tâche sont ailleurs "

La députée des Deux-Sèvres va prendre la tête de Génération Ecologie

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Delphine Batho, 45 ans, députée des Deux-Sèvres, ancienne ministre de l'écologie, quitte le PS pour prendre la tête, à partir de septembre, de Génération Ecologie (2 000 adhérents).


Pourquoi quittez-vous le Parti socialiste pour prendre la tête de Génération Ecologie ?

L'écologie est partout dans la société, mais nulle part dans le paysage politique. Mon objectif est de faire de Génération Ecologie le parti d'une révolution non violente, celui de l'écologie intégrale. Je veux que l'écologie ne soit plus considérée comme une force d'appoint ou marginale, mais centrale. Quand 15 000 scientifiques disent " bientôt il sera trop tard ", cela doit déterminer nos choix économiques et sociaux. L'écologie est la question historique de ce siècle.


Plusieurs formations ont cet objectif : Europe écologie-Les Verts, l'Union des démocrates et écologistes, voire Génération.s ou La France insoumise…

Aucune ne préconise une ligne d'autonomie, de construire une force politique de l'écologie à vocation majoritaire, pour avoir un gouvernement 100 % écologiste. Génération Ecologie est une formation pionnière de l'écologie, une écologie ouverte, pragmatique, non sectaire et ancrée dans le travail de terrain. Je veux que l'on devienne une alternative. On doit s'attaquer à la crédibilité économique et sociale du projet écologiste.


EELV n'est pas crédible ?

Avec tout le respect que j'ai pour les militants EELV et l'action de ses élus dans les territoires, ce parti n'a pas échappé aux travers des vieux appareils. Il ne détermine pas ses décisions en fonction de cette cause. Je me souviens du silence sur la baisse du budget de l'écologie, qui était une régression.


Le PS n'a pas pris le virage -écologiste ?

Il n'y a pas d'amour sans preuves d'amour… C'est difficile de donner du crédit à des changements de logos, à des slogans, quand on déplore l'abandon du projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes ou que l'on ne se prononce pas pour l'interdiction du glyphosate. Cela fait un moment que je ne me fais plus d'illusions. J'ai proposé un tournant, pour faire du PS une force écologiste et féministe. Un autre chemin, conservateur, a été choisi. Mais je ne suis pas dans une obsession revancharde. Ma vie et ma tâche sont ailleurs. Je n'ai pas de regrets.


La social-démocratie est-elle dépassée ?

La nouvelle ligne d'affrontement avec le capitalisme est sur la question écologique. Tout est lié. Tous les pays développés vivent dans un système où une protection sociale et de la régulation existent, même si des progrès restent à accomplir. Mais si le seul horizon est le retour de la croissance, c'est une impasse. On le voit en France : avec la reprise, tout repart à la hausse, notamment les émissions de CO2. Il faut penser un nouveau modèle. Mais l'écologie dans un seul pays n'a pas de sens. On souffre de l'absence d'une internationale écologique. Il y avait les altermondialistes dans les années 1990 et 2000. Mais leur élan a été cassé par les violences.


Continuerez-vous à siéger au sein du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée nationale ?

Non. A ce stade, je siégerai parmi les non-inscrits.


L'exécutif est-il à la hauteur sur la question écologique ?

Les marges de manœuvre des ministres de l'écologie au sein de gouvernements qui ne sont pas écologiques sont toujours limitées, se heurtent à des résistances. J'en sais quelque chose. A cet égard, on est plus dans une continuité par rapport au passé que dans un nouveau monde.


Y aura-t-il une liste Génération Ecologie aux européennes ?

Le débat est ouvert. Je suis députée des Deux-Sèvres et je ne cours pas après un autre mandat. Mais ces élections sont une échéance importante. On se déterminera à la rentrée.
propos recueillis par Abel Mestre
© Le Monde

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