Translate

jeudi 31 mai 2018

HISTOIRE et MEMOIRE - La Galerie de l'Histoire - LA FRANCE LIBRE ABSENTE DE YALTA


HISTOIRE et MEMOIRE


 La Galerie de l'Histoire.
   
Christian LE Moulec
31 mai, 09:26
LA FRANCE LIBRE ABSENTE DE YALTA

Cette conférence, dite des « trois grands », a eu lieu du 04 au 11 février 1945, à Yalta, station balnéaire sur les rives de la mer Noire, en Crimée.
Présente sur tous les livres d’histoire traitant de la Seconde Guerre mondiale, la photo qui montre réunis Churchill, Roosevelt et Staline, demeure encore le symbole de l’alliance des grandes puissances contre l’Allemagne nazie.
En ce début février, la défaite des nazis ne fait plus guère de doute. L’Armée Rouge est à moins de 100 km de Berlin et la campagne d’Allemagne ou campagne du Rhin, si vous voulez, va commencer le 08 février.
Il s’agit donc de statuer sur le sort des puissances ennemies. Figurent également au programme de la conférence: l'avenir des pays européens libérés du joug de l'Allemagne nazie, l'entrée en guerre de l'URSS dans le Pacifique face au Japon et la préparation de la conférence de San Francisco qui actera la naissance de l'Organisation des Nations unies.
Yalta s'inscrit dans la continuité de la conférence de Téhéran (28 novembre - 01 décembre 1943) qui avait validé entre autres l'organisation du débarquement en Normandie, et sera suivie de celle de Potsdam (17 juillet-02 août 1945), qui statuera de nouveau sur le sort des perdants (l'Allemagne, bien sûr, mais aussi l'Italie et le Japon, qui n’a pas encore capitulé). Dans l'esprit collectif, c'est Yalta qui symbolise la victoire des Alliés.
Le choix de la station balnéaire de Yalta est une exigence de Staline, qui requiert que la rencontre ait lieu en terre soviétique, pour marquer sa puissance. L’Armée Rouge s’approchait de la capitale du Reich, alors que les puissances occidentales commençaient tout juste la campagne d’Allemagne.
Toujours est-il qu’aucun représentant de la France libre, pas plus de Gaulle qu’un autre, ne figure sur la photo. Pourquoi ? Tout simplement, parce que la France libre n’a pas été invitée.
Symboliquement, le pays n’est donc pas situé dans le camp des vainqueurs. Pourtant, la France libre n’est pas restée les deux pieds dans le même sabot. Deux mots sur l’évolution de cette France libre au cours du conflit. Le 13 juillet 1942, la France libre est renommée « France combattante » par le Comité national français pour marquer l’union de la France libre et des groupements qui à l'intérieur du pays participaient activement à la Résistance. Le 03 juin 1943, la France libre, désormais France combattante, devint l'une des composantes du Comité français de Libération nationale (CFLN) et le 01 août 1943, les Forces françaises libres (FFL) devinrent l'Armée française de la Libération.
Yalta est un revers cinglant pour de Gaulle qui entendait redonner à la France son rang de grande puissance en se plaçant en position d’arbitre entre les Alliés anglo-américains d’une part, et les Soviétiques d’autre part.
Amèrement, il écrira dans ses -Mémoires de guerre- :
« Qu'on s'abstint de nous inviter me désobligeait sans nul doute, mais ne m'étonnait aucunement. »
En fait, si les Britanniques respectèrent à peu près leur parole d’aider à la restauration de la France, les Alliés de la seconde heure, Russes et Américains, n’eurent pas la même perception de la France libre de de Gaulle, quoique les Russes aient gardé un souvenir bienveillant des Français libres de l’escadrille Normandie-Niemen.
La France doit sans doute son absence à Franklin Roosevelt. Le président américain nourrissait une aversion particulière pour le général, qu'il considérait, selon certains historiens américains, comme un « apprenti dictateur », seul et autoritaire.
Selon Annie Lacroix-Riz, professeure d’histoire contemporaine, les Etats-Unis auraient ainsi prévu d'imposer à la France - comme aux futurs vaincus - un statut de protectorat qui aurait aboli toute souveraineté, y compris le droit de battre monnaie. Et d’ajouter que Washington se rendit coupable d’une certaine complaisance envers Vichy, car ce régime aurait l’échine plus souple qu’un gouvernement à forte assise populaire. Les Etats-Unis espéraient aussi, en administrant la France, mettre la main sur son empire, riche en matières premières et en bases stratégiques.
D’après Roosevelt, de Gaulle se prend pour Jeanne d'Arc et cherche à majorer le rôle de la France.
En outre, Roosevelt ne digéra jamais le ralliement, orchestré par de Gaulle, à la France libre de l’archipel Saint-Pierre-et-Miquelon, 24 décembre 1941.
Cependant à Yalta, Churchill, qui craignait sans doute de se retrouver seul en Europe face à l'URSS, et son secrétaire au Foreign Office, Anthony Eden, défendirent les intérêts français. Et à la veille de Yalta, Edward Reilly Stettinius, secrétaire d’Etat avait conseillé à Roosevelt de mettre de l’eau dans son vin, par cette note :
« Il est de notre intérêt d'aider la France à regagner son ancienne position dans les affaires du monde, et notre gouvernement gagnerait sans aucun doute plus à traiter la France, sur la base de son pouvoir et de son influence potentiels, plutôt que sur la base de sa force actuelle. »
En fait, malgré son absence, la France s’en tira plutôt bien à Yalta et obtint, entre autres, le statut de membre permanent du futur « Conseil de Sécurité » de l’ONU.
LA FRANCE LIBRE ABSENTE DE YALTA
Cette conférence, dite des « trois grands », a eu lieu du 04 au 11 ...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire