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jeudi 31 mai 2018

Le chef de l'Etat met (un peu) la pression sur les patrons


31 mai 2018

Le chef de l'Etat met (un peu) la pression sur les patrons

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Après le Père Noël,le Père Fouettard ? Accusé depuis le début du quinquennat de distribuer des cadeaux aux " riches " et aux entreprises, afin de relancer la -croissance et, espère-t-il, diminuer le chômage, Emmanuel Macron a décidé de hausser le ton et multiplie les mises en garde à l'attention du patronat.
" Je veux que vous preniez votre part ", a ainsi lancé le chef de l'Etat aux dirigeants du SBF120, l'indice boursier qui regroupe les 120 principales valeurs françaises, lors de son discours sur les banlieues, le 22  mai. " Vous allez m'aider et montrer à tous les esprits chagrins que, quand on aide les entrepreneurs à réussir, ça peut être efficace et juste ", a-t-il déclaré, -appelant ceux-ci à une " mobilisation -citoyenne " en faveur des quartiers, par le biais de l'apprentissage, des emplois francs ou de la lutte contre les discriminations à l'embauche.
" Il n'y a pas de repas gratuit ! ", a surenchéri le lendemain M. Macron face à une soixantaine de patrons de la -high-tech invités à l'Elysée. " J'attends de vous des discussions franches et directes pour voir comment faire plus pour amé-liorer la situation sociale, les inégalités, le changement climatique, et résoudre ensemble ces problèmes collectifs ", a insisté le président de la République, pour qui la défense de ces" biens communs " ne doit pas être uniquement assurée par les Etats. " On ne peut pas être des “passagers clandestins” de la collectivité même quand on fait de bonnes affaires ", a ajouté le locataire de l'Elysée. Bercy a également indiqué qu'il envisageait de réduire les aides aux entreprises de 5 milliards d'euros d'ici à 2022.
" Aucun état d'âme "Officiellement, ces injonctions ne sont pas nouvelles. " Emmanuel Macron a -toujours dit que les entreprises avaient une responsabilité dans la réparation du pays ", rappelle un proche. Mais le chef de l'Etat sait également que la réussite de son quinquennat, et donc son éventuelle candidature à un second mandat en 2022, sera jugée à l'aune de ses -résultats économiques. " Nous n'avons aucun état d'âme à aider les entreprises pour créer de la richesse. Mais le but est que ça marche, on ne fait pas ça pour la beauté du geste ", met ainsi en garde -Benjamin Griveaux, le porte-parole du gouvernement.
Le président l'a rappelé lui-même, notamment lors de son entretien télévisé le 15  avril, sa politique économique repose en effet sur un " pari " : que la suppression de l'impôt de solidarité sur la fortune, la réforme du droit du travail ou la baisse de l'impôt sur les sociétés donneront suffisamment de marge et de confiance aux entreprises pour que celles-ci se remettent à embaucher. " Si les entreprises ne sont pas au rendez-vous, tout le dispositif s'effondre et on peut dire adieu à 2022 ", reconnaît un député La République en marche proche de l'Elysée.
Le " temps deux " du quinquennat, sur lequel le gouvernement devait plancher lors d'un séminaire à l'Elysée mercredi 30  mai, devrait donner au chef de l'Etat de nouvelles occasions de rappeler les entreprises à leurs responsabilités, à défaut de leur demander des contreparties formelles, ce à quoi il s'est toujours refusé. Cela suffira-t-il à les mobiliser ? Lorsqu'il était en poste à Bercy sous la présidence de François Hollande, M.  Macron n'avait pas hésité à aller au bras de fer avec des patrons qui lui résistaient, comme Henri Proglio (EDF) ou Carlos Ghosn - (Renault-Nissan). Le ministre de l'économie l'avait à chaque fois emporté.
Cédric Pietralunga
© Le Monde

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