L'attentat du 26 septembre 2022 n'a pas « seulement » détruit un gazoduc vital pour l'économie allemande. L'enquête pointe du doigt des suspects ukrainiens que la justice polonaise refuse d'extrader, provoquant la colère des autorités allemandes. Dans la perspective d'élections cruciales l'année prochaine en Allemagne avec la montée de l'AfD, l'acte de guerre de 2022 met à mal la cohésion de l'UE. Le 26 septembre 2022, des explosions ont irrémédiablement endommagé le gazoduc Nord Stream 2 au fond de la mer Baltique... En 2024, des suspects de nationalité ukrainienne – qui seraient liés aux services spéciaux de leur pays – ont été identifiés par les procureurs allemands. Or, en septembre 2025, le dénommé Volodymyr Zhuravlov a été arrêté en Pologne à la suite d'un mandat d'arrêt européen émis par les autorités allemandes. Il est suspecté d'avoir organisé l'opération, contre ce que Berlin considère comme faisant partie de ses intérêts stratégiques. Mais en octobre, un tribunal polonais a rejeté l'extradition, arguant que son lien avec les forces de sécurité ukrainiennes lui conférait une « immunité fonctionnelle ». Notons que la justice italienne a utilisé un argument similaire pour empêcher l'extradition d'un autre citoyen ukrainien, qui faisait partie de l'équipe ayant loué le bateau sous pavillon russe présent dans les parages de l'explosion. Le refus polonais fait ressurgir les vieilles fractures entre Varsovie et Berlin. L'enquête sur Nord Stream 2 se poursuit dans un climat politique tendu en Allemagne, alors que l'année 2026 sera très chargée avec une série d'élections. L'AfD – très critique sur les positions pro-ukrainiennes du pouvoir détenu par la fragile coalition CSU/CDU – est en pleine croissance et réclame la vérité sur cette affaire. Car l'Allemagne vit un cauchemar économique à cause du déclin de son industrie, accéléré par la hausse des prix de l'énergie. Le gazoduc Nord Stream 2 offrait justement l'assurance d'une fourniture fiable et bon marché : il ajoutait au premier pipeline Nord Stream 1 une capacité annuelle de 55 milliards de mètres cubes. Il rejoignait directement les ports allemands depuis la Russie, en évitant le territoire ukrainien. Ce projet avait fortement déplu aux Américains, dont les intérêts géostratégiques vont à l'encontre de tout rapproc… Ludovic Lavaucelle |
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