Depuis des semaines, plutôt que de s’attaquer aux violences subies par les mineurs pour mettre un terme à celles qu’ils exercent, le gouvernement braque les projecteurs, dans la roue de l’extrême droite, sur ce qu’il définit - contre les statistiques - sur « le surgissement de l’ultraviolence dans le quotidien, chez des citoyens de plus en plus jeunes ». Tout en continuant de réduire les moyens d’accompagnement et d’encadrement, l’exécutif applaudit ainsi des deux mains les maires de Nice et Béziers qui instaurent un couvre-feu pour les mineurs. Une mesure qui s’appuie sur le « bon sens » - que ferait un enfant de 13 ans seul dehors à 23 heures ? - pour valider un discours qui fait de la jeunesse une « classe dangereuse » et des parents des « irresponsables », tout en détournant les regards sur des véritables enjeux : le défaut de protection de la République à l’égard de ses jeunes citoyens. Le reste du « sursaut d’autorité » promis par le premier ministre, Gabriel Attal, est du même tonneau : enfermer plutôt qu’éduquer.
Un retour vers le passé des plus inquiétants, mais très cohérent avec l’idéologie prétendue « moderne » véhiculé par la « start-up nation ». « Au lieu de standardiser la société par la concorde sociale, qui amène les individus à s’autoréguler dans le respect des uns des autres, (Emmanuel Macron) organise la loi du plus fort économique, et donc la loi de la violence », rappelait cet hiver dans nos colonnes Roland Gori. Et lorsque cette violence se manifeste dans des faits divers, le chef de l’État argue d’un « processus de décivilisation » pour justifier une réponse sécuritaire sur laquelle le RN n’a plus qu’à renchérir. Or si « décivilisation » il y a, prévient le psychanalyste, elle est « imputable au fait que le modèle que le président prône lui-même est en réalité incapable de transmettre d’autres valeurs que celles de violence ». Un cercle vicieux infernal face auquel il est des plus urgent de « réanimer une République sociale ».
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