Lu dans le DL du 22.02.2019
ÉDITO
Frédéric AÏLI
Un César pour Benalla
« Les films sont plus harmonieux que la vie, il n’y a pas d’embouteillages dans les films, il n’y a pas de temps morts ». La
formule est de François Truffaut dans “La nuit américaine”.
On ne va pas le contredire sur l’harmonie ni sur les embouteillages, mais pour le reste, Truffaut verrait qu’aujourd’hui, il y a
aussi de moins en moins de temps morts dans la vie.
Dans la vie
politique notamment, plus agitée et décomplexée que jamais.
Entre le monde réel et le cinéma, on ne sait d’ailleurs pas
vraiment qui emprunte le plus à l’autre.
Ce ne sont pas les scénarios qui manquent au quotidien.
Ni les grands rôles.
Et alors que ce soir seront décernés les César, on se dit qu’eu
égard à ce qu’on voit, ce qu’on entend, on pourrait parfois
remettre directement des César d’honneur (ou de déshonneur)
à ceux qui font ou défont l’actualité…
D’autant que la France a
cette capacité à faire émerger des noms de nulle part, sur fond de
scandales financiers ou politiques. Jérôme Kerviel en son temps.
Alexandre Benalla aujourd’hui.
Ce n’est pas la première fois qu’un jeune homme prêt à tout
pour approcher le pouvoir se prend les pieds dans le tapis.
Mais
là, avouez qu’avec l’ancien garde du corps de Macron, on a un
vrai talent.
Venu jouer “La grande vadrouille”, le voilà dans
“Garde à vue”. Un trophée pour Benalla, lui qu’on avait découvert simple figurant au côté du président.
Tout va si vite.
Seulement aux César, pour récompenser un film, il faut en
avoir vu la fin. Dans l’affaire Benalla, elle reste à écrire.
Mais ils
seraient déjà quelques-uns au sommet de l’État à la redouter.
Restera ensuite à lui trouver un titre. “Jusqu’à la garde”, “La
douleur”, “En liberté”, “Le monde est à toi”, ou “Le grand bain”
sont déjà pris cette année.
Dommage.
« Les films avancent comme des trains dans la nuit », disait
encore Truffaut.
Les affaires aussi.
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