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dimanche 24 mars 2019

Priscillia Ludosky, tête chercheuse des gilets jaunes qui appelle à un "acte décisif" ce week-end - le 9.03.2018





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Priscillia Ludosky, tête chercheuse des gilets jaunes qui appelle à un "acte décisif" ce week-end

Pour l'acte 17 du mouvement, celle qui a déjà initié plusieurs modes d'action entend organiser une mobilisation sur trois jours au Champ-de-Mars.


Par Anthony Berthelier

Acte XVIII: Priscillia Ludosky, la tête chercheuse des gilets jaunes (photo prise le 23 février devant le Château de Chambord)


POLITIQUE - Un gilet jaune masqué avance bravement au cœur d'un Paris détruit où trône la tour Eiffel en déliquescence. C'est avec cette image apocalyptique -parmi plusieurs autres- que Priscillia Ludosky entend mobiliser les foules pour ce week-end "décisif", selon ses propres mots. L'ancienne salariée dans la banque reconvertie dans la vente par correspondance de produits cosmétiques bio avant de devenir porte-parole de ce mouvement social inédit compte bien faire des samedi 9 et dimanche 10 mars le tournant majeur de cette fronde qui dure depuis bientôt quatre mois.
Une nécessité pour les gilets jaunes, qui voient leur influence et leur popularité s'effriter auprès de la population au fil des samedis et des baisses de mobilisation dans la rue. Mais pas de quoi inquiéter Priscillia Ludosky, véritable force tranquille du mouvement, qui veut miser sur l'arrivée du printemps pour faire passer la contestation à l'étape suivante.
Celle qui n'a cessé de prôner le pacifisme et qui s'est échinée depuis de nombreuses semaines à trouver différentes façons de se faire entendre, appelle désormais ses soutiens à investir le Champ-de-Mars pendant trois jours avec "tente, duvets et sac de couchage." Une tentative de campement qui a tourné court vendredi soir.

Se transformer pour durer

"L'idée est d'amener les ronds-points sur place et de camper, de rester sur place", explique-t-elle sur sa page Facebook. Une organisation bon enfant qui semble se rapprocher du pique-nique sur les pelouses du château de François 1er à Chambord dans le Loir-et-Cher, organisé le 23 février. Plus d'un millier de personnes s'y étaient rassemblées pour l'acte 15 de la mobilisation. Une dizaine de stands, avec sono, avaient pris place sur le gazon circulaire devant l'édifice aux nombreuses tourelles et aux nombreux touristes.
Une journée de contestation faite de parties de foot improvisées, de baraques à frites et camions à pizzas, bien loin des débordements verbaux et physiques qui émaillent souvent les manifestations de gilets jaunes dans les plus grandes villes du pays. "Les violences ont fait de l'ombre au mouvement. Elles alimentent les médias et jouent sur l'opinion publique. Mais il ne faut pas arrêter les marches du samedi. Elles sont très fédératrices et nous permettent d'être visibles", explique au JDD celle qui n'a cessé de promouvoir différents types d'action pacifiques pour donner une seconde jeunesse à la fronde.
Partisane d'une contestation ancrée sur l'ensemble du territoire, elle arpente la France depuis bientôt quatre mois. Du péage frontalier du Boulou le 22 décembre à Bourges le 12 janvier en passant par Marseille le 29 décembre, elle a mis au goût du jour le blocage des frontières et autres moyens de revendication singuliers.
Mais ce week-end, Priscillia Ludosky veut investir la capitale. L'événement qu'elle relayait prévoyait aussi, comme le pique-nique à Chambord, des food-trucks et autres "équipements" pour "assiéger le Champ-de-Mars et y installer un QG jusqu'à obtention de [leurs] revendications sociales, fiscales et climatiques." Car ce qui compte pour Priscillia Ludosky, c'est de rassembler un maximum de monde dans le calme et sans violence. Et ce, malgré le terme "assiéger" promu par l'affiche du rendez-vous, qui témoigne plus de références à la lutte sociale, que d'une réelle volonté belliqueuse des organisateurs.

Ludosky, caution "crédibilité" des gilets jaunes?

Discrète, imperturbable et tenace: dans un mouvement qui suscite débats houleux et débordements, le flegme de Priscillia Ludosky détonne et constitue pour beaucoup de sympathisants un gage de crédibilité. "Je l'ai connue quand elle avait une vingtaine d'années et elle était déjà comme ça: elle ne hausse jamais le ton", explique à franceinfo Sandrine, une de ses amies.
Elle a pourtant exprimé la profonde colère des gilets jaunes bien avant qu'ils se baptisent ainsi, bien avant que la contestation secoue l'ensemble du territoire jusqu'à la Martinique, île d'origine de ses parents. Dès mai 2018, elle a lancé une pétition "pour une baisse du prix des carburants à la pompe", dont le nombre de signature a explosé à l'automne pour devenir un des textes les plus populaires du site change.org.
"Ce sujet (des carburants) pose des questions sur d'autres par ricochet. C'est un mode opératoire qui est dangereux. Si à chaque fois, on s'acharne sur le citoyen lambda pour régler les problèmes de trésorerie", expliquait-elle à l'AFP avant même la première journée de mobilisation.
"Elle a une vraie légitimité pour être porte-parole, qu'elle tire de sa pétition", dit d'elle Benjamin Cauchy autre figure du mouvement ostracisée pour ses anciens liens avec le monde politique, qui continue dans les éloges: "C'est une jeune femme qui a des idées et un leadership naturel."
Une de ses interventions médiatiques a toutefois fait débat quand, au lendemain de "l'acte 2" marqué par les premières barricades sur les Champs-Elysées, elle avait affirmé que les forces de l'ordre avaient laissé faire. "J'ai posé la question au responsable des CRS, il m'a fait comprendre que les décisions venaient d'en haut", déclarait-elle.
Depuis, la trentenaire célibataire et sans enfant, issue d'un milieu modeste, évite les sorties polémiques -à l'inverse d'Eric Drouet, qui avait déclaré vouloir "rentrer dans l'Elysée", ou de Maxime Nicolle, qui avait mis en doute le caractère terroriste de l'attentat de Strasbourg- en raréfiant et calibrant ses interventions médiatiques. Pas question non plus de se livrer à des live quotidiens sur Facebook comme de nombreux gilets jaunes qui puisent leur légitimité dans leur popularité sur les réseaux sociaux.
Avec son image plus posée que celle de ses deux compagnons de routes principaux, Priscillia Ludosky rassure. "C'est un des visages qui émergent car c'est madame tout-le-monde et elle n'a pas d'intérêts personnels. Eric, lui, est quelqu'un de terrain. Moi je passe pour quelqu'un de complotiste. On se complète", s'amuse Maxime Nicolle alias Fly Rider à franceinfo. Une façon de dire que Priscillia Ludosky, force tranquille de la contestation, en est aussi une tête pensante.
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