ISÈRE - ALORS QUE DES COMMERÇANTS ET DES ENTREPRENEURS ESPÈRENT LA FIN DES MANIFESTATIONS, DES GILETS JAUNES SONT TOUJOURS MOBILISÉS, TROIS MOIS APRÈS
Gilets jaunes : où en est le mouvement ?

Au plus fort de la journée, ce samedi, on comptait 200 gilets jaunes dans les rues de Grenoble. Après trois mois de mobilisation, le mouvement semble s’essoufler dans la capitale des Alpes. De leur côté, des commerçants et des entrepreneurs voudraient que ça s’arrête… Photo Archives Le DL
Alors que l’acte XV des gilets jaunes a eu lieu hier, un point sur la situation économique avec les représentants isérois des trois organisations patronales.
Gilets jaunes. Samedi 23 février, acte XV. Jusqu’où faudra-t-il compter ? Si les leaders du mouvement ne se posent pas la question mais attendent que le gouvernement annonce, encore, tout un train de mesures, les entrepreneurs, les chefs d’entreprise, les commerçants, eux, veulent que ça s’arrête. Maintenant. « Le mouvement, les revendications n’ont plus de sens », lâche, sans ambages, le président de la CPME38 (Confédération des petites et moyennes entreprises), Jérôme Lopez. « Il y avait quelques dirigeants parmi les gilets jaunes au début. Je n’en connais plus un seul aujourd’hui. Le mouvement n’a plus de sens, à part un défouloir d’une minorité qui a besoin de ça pour exister une fois par semaine. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu des réponses aux revendications initiales. Dix milliards ça peut sembler peu à certains, c’est beaucoup pour ceux qui vont devoir les financer, c’est-à-dire ceux qui travaillent. Si on handicape le travail, on se coupe une jambe. Et aujourd’hui, le travail, l’activité économique sont handicapés. Les grandes entreprises absorbent la baisse d’activités en faisant faire à leurs salariés des tâches hier confiées à des sous-traitants. Mais eux, ils ne peuvent pas compenser… Ils préservent leurs salariés depuis trois mois, mais je ne suis pas certain qu’ils puissent tenir encore longtemps ».
« En fonction du secteur d’activité… »
« On serre les dents depuis trois mois », assure Christian Rostaing, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P). « Mais on ne va pas tenir longtemps comme ça », prédit-il. Chez lui, “on”, ce sont des artisans, des TPE, des commerçants. La limite à l’U2P, autrefois l’union professionnelle artisanale, « c’est 11 salariés. Alors, chez nous, des gilets jaunes au départ, il y en avait. Le mouvement, me semble-t-il, est même parti d’adhérents. Derrière ce mouvement, c’est surtout de l’écoute qui est réclamée. Et parmi les réponses du gouvernement, il y a eu le Grand débat. Il faut lui laisser une chance, il faut laisser un peu de temps au temps. Parce que ça y est, les collègues ne vont plus pouvoir faire face aux difficultés financières ».
Pierre Streiff, président du Medef 38, reconnaît qu’en fonction du secteur d’activité, les entreprises ne sont pas touchées de la même manière par le mouvement des gilets jaunes. « Par exemple, le BTP n’a pas forcément été gêné par les manifestations du samedi. Au début du mouvement, il y a eu un impact sur des livraisons : certains fournisseurs n’étaient plus approvisionnés… Mais ça n’a pas duré longtemps. » Même du côté des commerces, Pierre Streiff ne dépeint pas une situation si catastrophique. « L’Isère a été moins touchée que Paris. Effectivement, certaines boutiques ont vu leur chiffre d’affaires en baisse. Mais là aussi, l’impact était plus important au début du mouvement. Par exemple, un supermarché de l’Isle-d’Abeau a perdu 60 % de son chiffre le tout premier samedi de manifestation. Après, c’est rentré dans l’ordre. »
« Les entreprises ont besoin de confiance pour fonctionner »
Finalement, pour le patron isérois, « il n’y a pas eu un impact trop important sur l’économie en Isère ». Christian Rostaing partage la conclusion. Mais il répète : « On serre aujourd’hui les dents, mais après trois mois ca devient intenable. » Et il craint que les défaillances augmentent quand il faudra s’acquitter des charges. « Les reports, ce ne sont pas des annulations ».
Et quand on parle économie, Christian Rostaing, Jérôme Lopez et Pierre Streiff évoquent vite « la morosité ambiante générale ». « L’impact des gilets jaunes est plutôt psychologique… Les chefs d’entreprise sont inquiets pour la suite du mouvement. Il y a un impact sur la motivation, le dynamisme des entreprises. Et l’image de la France à l’étranger n’est pas bonne », spécifie Pierre Streiff.
D’autant qu’au marasme hexagonal s’ajoute une situation internationale complexe. « Le Brexit est pour beaucoup d’entreprises une source d’inquiétude, les annonces de Trump suffisent à faire tousser des secteurs entiers… Les entreprises ont besoin de confiance pour fonctionner, les ménages ont besoin de confiance pour consommer, mais aujourd’hui, le capital confiance de tout le monde est bien entamé », conclut Jérôme Lopez.
Par K.B et M.E. | Publié le 24/02/2019 à 06:00 | Vu 0 fois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire