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vendredi 23 mars 2018

Social : les enjeux d'une mobilisation






22 mars 2018

Social : les enjeux d'une mobilisation

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 Les fonctionnaires et les agents de la SNCF sont appelés à faire grève et à descendre dans la rue, jeudi 22 mars, 150 cortèges sont prévus en France
Un test tant pour le gouvernement que pour les syndicats, la CFDT et l'UNSA de la fonction publique n'ont pas voulu rejoindre le mouvement
Les salariés d'Air France devraient, eux, arrêter le travail vendredi, suivis par les salariés de Carrefour, avant la grève perlée des cheminots dès le 3 avril
 A la SNCF, les cadres ne sont pas prêts à remplacer les conducteurs grévistes. La direction nie toute hausse des prix des billets pendant le mouvement
L'exécutif se veut inflexible sur son calendrier de réformes, mais s'inquiète d'un retournement de l'opinion si la grève dure
Pages 8-9 et cahier éco pages 4 et 6


22 mars 2018

Fonctionnaires et cheminots en marche contre Macron

Sept syndicats de fonctionnaires ont appelé à manifester, jeudi 22 mars. Une journée cruciale pour la suite du mouvement social

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Pouvoir d'achat et statut : jeudi 22  mars, fonctionnaires et agents de la SNCF sont appelés à descendre dans la rue pour protester contre les projets de l'exécutif les concernant. A Paris, deux cortèges distincts sont organisés mais ils convergeront pour se retrouver place de la Bastille. Un test pour le gouvernement comme pour les syndicats. " Tout le monde s'attend à une très forte mobilisation qui peut avoir un effet dynamisant pour la suite ", veut croire Fabrice Angei, de la direction confédérale de la CGT.
La date du 22  mars a été choisie début février par sept syndicats représentatifs dans la fonction publique (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC) qui ont demandé aux 5,4  millions de fonctionnaires de faire grève et de battre le pavé. Mardi, la CGT, première organisation dans la fonction publique, annonçait plus de 150 cortèges partout en France. " C'est un étiage très haut et un élément positif ", se félicite Jean-Marc Canon, secrétaire général de l'Union générale des fédérations de fonctionnaires CGT.
Alors qu'Emmanuel Macron a promis pendant la présidentielle de supprimer 120 000 postes dans la fonction publique, ils étaient plusieurs centaines de milliers à défiler le 10  octobre pour dénoncer le gel de la valeur du point d'indice qui sert à calculer les rémunérations, le rétablissement du jour de carence en cas d'arrêt maladie ou la simple compensation de la hausse de la CSG sans gain de pouvoir d'achat.
A cela, se sont ajoutées les mesures dévoilées le 1er  février qui prévoient un recours accru aux contractuels, le développement de la rémunération au mérite et l'instauration de plans de départs volontaires. Autant d'éléments qui constituent " une réelle menace contre le statut général des fonctionnaires ", selon les sept syndicats mobilisés sur la durée. Ils se retrouveront le 27  mars pour étudier les suites à donner au mouvement.
" Superposition des luttes "Un mouvement déjà marqué par une certaine désunion syndicale. Contrairement au 10  octobre, la CFDT et l'UNSA, respectivement deuxième et quatrième organisations dans la fonction publique, n'ont pas souhaité rejoindre leurs camarades. " Ne pas appeler à la grève ne vaut pas accord avec ce qui est proposé et ne veut pas dire que l'on n'est pas mobilisé mais dans l'établissement du rapport de force, cela nous semblait prématuré ", indique Mylène Jacquot (CFDT). Ces différentes stratégies s'inscrivent également dans l'optique des élections professionnelles qui se dérouleront dans la fonction publique en décembre.
Sur le front de la SNCF, l'unité est par contre de mise. Au lendemain de la présentation du rapport Spinetta sur l'avenir de l'entreprise publique, Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, avait annoncé, le 16  février, une " mobilisation nationale " des cheminots, également le 22  mars. Au final, les quatre organisations représentatives de la SNCF (CGT, UNSA, SUD-Rail, CFDT), soutenues par FO, seront de la partie pour marquer leur désaccord avec la réforme ferroviaire. La fin du statut pour les nouveaux embauchés prévue par le gouvernement a mis le feu aux poudres et a permis ce front commun que l'on n'avait pas vu depuis des années.
Depuis, les syndicats ont fait savoir qu'ils appelaient à une grève perlée à partir du 3  avril. Sont ainsi programmés trente-six jours de grève, deux par deux, séparés par trois jours de non-grève. Une guerre d'usure qui doit durer jusqu'au 28  juin." Face à un gouvernement autoritaire, il sera nécessaire d'être en capacité de tenir un conflit intensif sur une très longue durée ", ont-ils déclaré dans un communiqué commun.Pour jeudi, ils attendent " 25 000  manifestants ", soit presque un cheminot sur cinq. En solidarité avec leurs collègues et bien qu'ils ne soient pas touchés par la réforme, trois syndicats de la RATP (CGT, UNSA et SUD) ont demandé aux agents de la Régie des transports parisiens de cesser le travail jeudi.
Vendredi, ce sera au tour des salariés d'Air France de prendre le relais pour réclamer des augmentations de salaires. Après une première grève le 22  février, onze syndicats de la compagnie aérienne, tous métiers confondus, ont décidé de mobiliser. Un troisième round est prévu le 31  mars. Egalement ce jour-là, FO et la CFDT appellent les salariés de Carrefour à baisser le rideau après un vaste plan de restructuration annoncé en janvier. Trois jours plus tard, les cheminots entameront leur grève en pointillé. Ce qui fait dire à Pascal Pavageau, membre du bureau confédéral de FO, que " le 22  mars est une étape, une date qui s'inscrit dans un calendrier qui va se poursuivre ". Seul candidat à la succession de Jean-Claude Mailly à la tête de syndicat en avril, ce dernier critique " une logique de jungle " et de " casse totale des droits collectifs "" Si le nouveau monde, c'est l'individualisation des droits et le chacun pour soi, je suis très fier de notre ancien monde ", lâche-t-il.
Y aura-t-il dès lors un printemps social ? Raymond Soubie, président des sociétés de conseil Alixio et Taddeo, se montre réservé. " Dans le privé, il y a très peu de conflits,souligne l'ex-conseiller social de Nicolas Sarkozy. Et pour le 22  mars, les confédérations sont très prudentes. " A l'heure actuelle, rares sont d'ailleurs les observateurs qui envisagent une éventuelle coagulation de ces mouvements. " On est plus face à une perspective de superposition des luttes, note l'historien Stéphane Sirot, spécialiste des mouvements sociaux. Mais pour le gouvernement, une multiplication des conflits n'est pas forcément plus rassurante qu'une conjonction : une litanie de mobilisations attire le regard et peut pourrir le climat politique et social. "
L'exécutif en est bien conscient. Tout en affichant sa fermeté, notamment vis-à-vis des cheminots, il tente de circonscrire certains fronts. Face à la colère des retraités – une population qui manifeste rarement mais qui l'a fait avec succès le 15  mars contre la hausse de la CSG –, le premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé, mardi, vouloir " corriger " le dispositif pour 100 000 couples de personnes âgées qui sont " juste au-dessus " du seuil de déclenchement. De même, un geste avait été fait en janvier après un important mouvement de protestation des surveillants de prison. " Le gouvernement prend conscience qu'il y a un mécontentement qui commence à s'exprimer fortement mais aussi des attentes, estime M.  Angei, de la CGT. Quoi qu'il en dise, ça l'oblige à reculer. "
Raphaëlle Besse Desmoulières
© Le Monde


22 mars 2018

L'exécutif démine par petites touches pour éviter la coagulation

Inflexible sur la SNCF et la réforme de l'Etat, M. Philippe a annoncé une correction de la hausse de la CSG pour 100 000 couples de retraités

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Il y a le discours officiel, inflexible. Et, en même temps, il y a les petits gestes, très politiques. L'exécutif, qui s'apprête à affronter son premier vrai test social du quinquennat, avec les manifestations de la fonction publique et des agents de la SNCF, jeudi 22  mars, avance sur un fil. Son objectif : profiter de l'humeur générale de l'opinion, pour l'instant plutôt favorable à la réforme gouvernementale du rail, mais qui pourrait basculer contre le pouvoir en cas de grève dure et durable. Sa stratégie : isoler la bataille à venir avec les cheminots des autres tensions sociales avec différentes catégories de Français, afin d'éviter une éventuelle convergence des luttes.
D'un côté, le gouvernement entend donc insister sur la réforme " indispensable " selon lui de la SNCF, en mettant en avant à la fois le niveau important de la dette de la compagnie ferroviaire, le statut social particulier des cheminots et le mécontentement des usagers agacés par les retards ou les pannes à répétition. " Tous les Français savent que la qualité du service ferroviaire se dégrade ", a ainsi déclaré le premier ministre, Edouard Philippe, mardi 20  mars, sur RMC et BFM-TV.
Instruit des effets dévastateurs du discours de son prédécesseur et mentor Alain Juppé, " droit dans ses bottes " en  1995, le chef du gouvernement a bien sûr pris soin de réfuter toute " logique de bras de fer " avec les futurs grévistes et d'insister sur la " concertation " avec les syndicats. Mais il a précisé sa détermination " à faire en sorte que la qualité de services et l'équilibre financier de la SNCF soient améliorés "" On porte la même attention à toutes les manifestations de mécontentement car elles disent quelque chose de l'attente du pays, mais ça ne doit pas nous empêcher de faire ", prévient l'Elysée.
Seule inconnue pour l'exécutif : l'évolution de la perception de la grève d'usure à la SNCF alors que les syndicats ont annoncé 36 journées de mobilisation entre le 3  avril et le 28  juin, à raison de deux jours d'arrêt tous les cinq jours. Un rythme qui peut compliquer la vie des usagers et des Français… et donc aussi celle du gouvernement. " Le système de deux jours sur cinq, on ne l'avait pas vu venir, c'est assez malin de leur part, concède un ministre. Cela va emmerder les gens et ce n'est jamais bon. "
Corriger ce qui doit être corrigéConscient du risque de coagulation, l'exécutif a choisi de déminer par petites touches les autres grognes sociales, à commencer par celle des retraités frappés par la hausse de la CSG. Pas question que la colère des fonctionnaires et des cheminots soit renforcée par celle des retraités, alors que les popularités d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe chutent fortement dans les sondages, en particulier parmi les plus âgés.
Mardi, Edouard Philippe a fait un geste en direction de 100 000 couples de retraités qui se situent juste au-dessus du seuil d'application de la réforme de la CSG, en promettant de les exonérer de la hausse en 2019. " Pour ces 100 000 - couples - de Français, il faut corriger le dispositif ", a annoncé le premier ministre. Selon lui, il n'est pas normal que ces contribuables soient touchés puisqu'ils ne l'auraient pas été en vivant seuls.
" C'est bien de corriger ce qui doit être corrigé quand on s'aperçoit qu'il y a un effet de seuil trop important. C'est un signal clair de l'attention que nous portons à chacun, y compris les personnes âgées ", a approuvé Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. " Les retraités sont un public qu'il faut traiter ", reconnaissait il y a peu un autre ministre.
De la même façon, Edouard Philippe a indiqué ne pas être hostile au rétablissement de la demi-part fiscale des veuves, supprimée en deux temps par Nicolas Sarkozy puis par François Hollande. Une décision réclamée par certains députés de la majorité, dont notamment Sacha Houlié (Vienne). La mesure " n'est pas arbitrée, pas encore décidée "mais " tout est possible, pour autant (…) qu'on conserve la direction et la cohérence de l'action ", a indiqué le premier ministre sur RMC et BFM-TV.
L'un des effets de la suppression de ce dispositif a été de rendre éligibles à la taxe d'habitation ou à la taxe foncière des retraités qui en étaient jusqu'ici exonérés. " Ce n'est pas une inflexion, la ligne politique reste la même, mais si des mesures ont des effets de bord, il faut les corriger ", assure-t-on à Matignon.
Le premier ministre a d'ailleurs insisté sur la nécessité de continuer à maîtriser les dépenses. " On va mettre en œuvre beaucoup de mesures de justice, mais je veux le faire à un rythme maîtrisé, sans promettre des choses que je ne suis pas capable de tenir ", a souligné Edouard Philippe, qui ne veut pas donner le sentiment de relâcher l'effort en matière de réduction des déficits.
" On ne s'interdit pas de rectifier à la marge car nous ne sommes pas dans une logique de science infuse, explique un membre du gouvernement. Si on estime qu'une correction va améliorer les choses, on ne s'empêche pas de la faire. Mais il faut qu'elle s'inscrive dans la logique de l'action du président. "
Une façon d'affirmer une nouvelle fois qu'Emmanuel Macron restera fidèle à son programme, sans renier l'essentiel du projet mais en déminant à la marge.
bastien bonnefous, Cédric Pietralunga, et audrey tonnelier
© Le Monde


22 mars 2018

" Nous avons la garantie de l'emploi, mais on la paye cher "

De nombreux fonctionnaires font part au " Monde " de leur vague à l'âme

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Un sentiment de ras-le-bol mélangé à une pointe de résignation. A la veille de la journée de mobilisation nationale du 22  mars, les fonctionnaires sont fatigués d'être " des boucs émis-saires "" Pitié, laissez-nous ", réclame ainsi Florent, 37 ans, agent des finances publiques, l'un des nombreux agents à avoir témoigné sur Lemonde.fr. Un appel à témoignage lancé en direction des fonctionnaires avec cette simple question : " Dans quel état d'esprit êtes-vous ? " Brouillés avec un gouvernement qui se donne toute l'année pour réformer la fonction publique ; objets de récurrentes critiques et d'une image pas toujours flatteuse, les agents publics ont le vague à l'âme.
A la lecture des textes, les fonctionnaires disent se sentir rabaissés. Comme si le reflet que leur renvoie la société s'était terni au fil des années et des annonces de réduction des effectifs. " J'ai l'impression, à entendre tout ce qui se dit, qu'on est des boulets pour la société, soupire Anne, 40 ans, fonctionnaire en Vendée. L'image caricaturale du fonctionnaire est tenace : payés à ne rien faire, assis à son bureau et buvant du café toute la journée, toujours en arrêt maladie… " Vincent, 33 ans, cadre administratif à Lyon, n'hésite pas à évoquer " la haine envers les fonctionnaires ". Cela génère " un climat plutôt morose ", note-t-il. Si l'on ajoute l'" ingratitude de la hiérarchie " et les réorganisations, après seulement quelques années de service, Vincent n'a " plus envie d'y croire. Je ne me sens pas fier de ma carrière. Et pourtant, je pense avoir rempli ma part du contrat social ".
Christophe Lhéry, 40 ans, agent hospitalier dans la région parisienne, a le même sentiment : " Je peux vous dire que nous ne sommes pas une classe privilégiée, mais une classe dénigrée. A l'hôpital, les gens font facilement une heure de plus que leur temps de travail. Il est facile de taper sur la fonction publique. Les citoyens ne se rendront compte de ce qu'ils ont perdu que lorsqu'ils devront sortir une carte bancaire avant de se faire soigner. "
Roseline, contrôleur dans le sud de la France, a l'impression que, " depuis peu, ce gouvernement veut nous faire passer pour les responsables du déficit de la France. C'est une vraie chasse aux sorcières. " Emmanuel Macron a, en effet, toujours associé la baisse des dépenses publiques et la suppression de 120 000 postes de fonctionnaires. " Quand j'allume la télé, s'agace Florent, 37 ans, agent des finances publiques, je vois des “économistes” hystériques expliquant à tort et à travers qu'on est trop nombreux. Mais mon ministère a perdu plus de 20  % de ses effectifs depuis 2000. Et le travail, lui, n'a pas disparu. "
Le constat est clair, selon eux : les moyens manquent. " On économise des bouts de chandelle, regrette Bastien, 36 ans, fonctionnaire au ministère du travail dans les Hauts-de-France. Par exemple, je nettoie mon bureau moi-même. Le marché passé pour le nettoyage des locaux s'arrête en effet au seul récurage des sols, afin de gagner quelques centimes. "
Deux mois de salaires évaporés" Beaucoup de fonctionnaires ont envie de faire correctement leur travail, assure Anne, la Vendéenne. Mais ils n'en ont plus les moyens. Ils ne peuvent plus répondre à la demande des citoyens, qui sont de plus en plus mécontents et il faut, en plus, traiter les réclamations. On veut tout, vite et que ça ne coûte rien. A force de vouloir réduire les budgets et les effectifs, c'est la qualité du service qui en pâtit. " La mise en place de l'impôt à la source, une mesure attendue des citoyens, doit entrer en vigueur en  2019. Mais " rien n'est prêt, prévient Florent. L'année prochaine, ça va être la panique, on le sait. "
Les fonctionnaires sont également nombreux à se plaindre de leur rémunération. " Quand on compare l'évolution de l'inflation à celle de notre rémunération, on se rend compte qu'en  2000, un fonctionnaire gagnait en 299 jours ce que je gagne aujourd'hui en 365 jours ! Plus de deux mois de salaires se sont évaporés… ", rappelle Mathieu, 28 ans, agent au ministère des finances. En écho, Véronique Chenavier témoigne : " Je suis ingénieure de formation, J'ai 57  ans et j'ai un traitement de 2 500  euros. Ce salaire est celui d'un débutant dans le privé. Certes, nous avons la garantie de l'emploi, mais on la paye cher. "
Dans ces conditions, forcément, les mesures du gouvernement passent mal. Jonathan, jeune fonctionnaire au ministère de l'écologie, se sent " insulté de voir que mon travail est rabaissé par le gouvernement ". " Je travaille de plus en plus, tout en étant moins payé. Ce sentiment d'injustice est renforcé par les mesures sur la CSG. Seuls les fonctionnaires ne bénéficieront pas d'une hausse de pouvoir d'achat. Pourquoi le travail des fonctionnaires est-il à ce point méprisé ? ", s'interroge-t-il.
La réforme de l'Etat inquiète, notamment dans sa mise en œuvre concrète. " Le discours gouvernemental du “tout sur Internet” trouve ses limites devant la sociologie du quartier du Mirail, explique Régis Lagrifoul, contrôleur des finances publiques à Toulouse. Les petites entreprises, les commerçants, les artisans ont besoin d'accompagnement et de contact humain. "François Duparc, 55 ans, économiste dans une entreprise publique, considère de son côté que " le - rétablissement du - jour de carence est une mesure stigmatisante, inefficace et injuste pour le secteur public ".
Autre mesure ciblée par les agents publics : le recours accru aux contractuels. Mathieu estime que cela " nous met en difficulté car il faut former chacun. Et la précarité de leur statut fait qu'on ne peut rien construire dans le temps long avec eux. " En revanche, Vincent, le cadre lyonnais, ne l'exclut pas pour lui-même : " Les plans de départs volontaires, ça m'intéresse, dit-il. Je ne suis pas attaché à mon statut. Je suis donc prêt à m'asseoir dessus et travailler dans une collectivité comme contractuel. "
Malgré cette ambiance maussade, certains fonctionnaires ne voient pas toutes les évolutions de leur statut d'un mauvais œil. Jean-Marie Le Goff, rédacteur territorial, estime par exemple que le développement de la rémunération au mérite est " un point positif ". C'est même " absolument nécessaire : les fonctionnaires n'ont pas tous, en effet, le même investissement. Cela pourrait donc être un levier de motivation. Et comme on est bloqué sur les salaires… "
D'ailleurs, M.  Le Goff n'envisage pas de se mobiliser le 22  mars. " On a besoin de faire des économies sur les finances publiques, justifie-t-il. Je ne me sens donc pas légitime pour gueuler là-dessus. " Vincent non plus n'en sera pas, mais car, selon lui, " cela ne sert à rien de se mobiliser. " Quant à Dominique, 47 ans, cadre technique dans les Pays de la Loire, il fera grève : " Et pourtant, je suis plutôt de droite et j'ai voté Macron aux deux tours. "
Benoît Floc'h
© Le Monde





22 mars 2018

Mobilisés, Olivier Faure et le PS s'inscrivent dans l'opposition

Le futur premier secrétaire a annoncé sa présence à la manifestation

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Une semaine après le premier tour du congrès du PS où il est arrivé largement en tête, Olivier Faure sera présent à la manifestation du 22  mars, à Paris. " Je serai derrière les usagers, les cheminots et leurs organisations syndicales ", confirme le futur premier secrétaire du PS. " Pour que la mobilisation s'amplifie, il faut que nous soyons à leurs côtés, à notre place, sans se substituer aux organisations syndicales ", poursuit M.  Faure qui n'a pas été convié à l'appel d'Olivier Besancenot pour " un front commun " avec toutes les autres organisations de gauche.
" Il ne s'agit pas d'un congrès de réunification de la gauche, il ne faut pas se tromper de combat. Il n'y a rien de pire pour le mouvement social que d'être instrumentalisé par les mouvements politiques ", rétorque le président du groupe Nouvelle Gauche à l'Assemblée nationale, qui sera notamment accompagné de Boris Vallaud, député des Landes.
A leurs côtés, une délégation de sénateurs socialistes est également prévue, emmenée par Patrick Kanner, le président du groupe au Sénat : " On va retrouver le chemin de la rue, pour prendre la défense des services publics et du pouvoir d'achat ", confirme l'ancien ministre de la ville de François Hollande, qui assume avoir " porté l'ouverture à la concurrence quand nous étions au gouvernement ". Les sénateurs de Paris Marie-Noëlle Lienemann et David Assouline ont confirmé leur présence dans le défilé national alors que la plupart des parlementaires socialistes manifesteront dans leurs circonscriptions.
Souci de rassemblementCe premier acte politique fort depuis son élection ancre M.  Faure dans l'opposition à Emmanuel -Macron, même s'il se défend de toute nouveauté : " Nous sommes des opposants depuis le premier jour à l'Assemblée nationale, quand nous avons déclaré notre groupe dans l'opposition ", affirme le député de Seine-et-Marne, qui était déjà dans la rue le 10  octobre 2017 pour soutenir les fonctionnaires. Toutefois, il a souvent été critiqué pendant la campagne pour le poste de premier secrétaire pour son abstention lors du vote de confiance à Edouard Philippe l'été 2017.
Dans un souci de rassemblement, ses anciens adversaires, Luc Carvounas et Emmanuel Maurel, défileront avec lui jeudi, même si M.  Maurel a prévu d'aller également saluer les autres représentants de gauche. Un temps annoncé pour défiler avec Martine Aubry à Lille, le futur premier secrétaire ira rejoindre dans la soirée la maire de Lille pour une rencontre avec des militants, prévue de longue date. Il sera définitivement intronisé premier secrétaire après le vote du second tour le 29  mars et le congrès d'Aubervilliers les 7 et 8  avril.
Astrid de Villaines
© Le Monde

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