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jeudi 1 mars 2018

SNCF : les trois batailles du rail....Les syndicats de la SNCF donnent une chance à la concertation.....


1er mars 2018

SNCF : les trois batailles du rail

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On ne change pas une méthode qui marche – ou, en tout cas, qui a marché jusqu'à présent. Telle pourrait être la devise du pouvoir exécutif. Déterminé à engager une réforme en profondeur de la SNCF, il procède comme il l'a fait à l'automne 2017 sur le dossier réputé hautement inflammable du droit du travail, puis sur ceux non moins épineux de l'entrée à l'université et du baccalauréat.
Dans chaque cas, avec des variantes, la démarche politique est la même. Le gouvernement se présente comme un réformateur avisé, affrontant enfin avec lucidité des transformations indispensables et trop longtemps différées. Ainsi pour la SNCF  : personne ne peut le contester, la situation de l'entreprise ferroviaire est lourdement handicapée par une dette cumulée de quelque 50  milliards d'euros, elle n'a donc pas réalisé depuis des années les investissements nécessaires à sa modernisation et elle va aborder en position de faiblesse l'ouverture du rail à la concurrence à partir de 2020.
Devant cette situation "  intenable  ", il y a donc urgence à réagir, comme l'a plaidé le premier ministre, lundi 26  février. Dix jours après le rapport de M. Spinetta posant le diagnostic, Edouard Philippe a fixé un calendrier des plus rigoureux pour boucler la réforme avant l'été. Sans craindre de heurter les syndicats qui dénoncent ce "  passage en force  " autant que les parlementaires de droite ou de gauche qui déplorent un "  déni de démocratie  ", il a choisi de déposer, dès la mi-mars, après une très courte phase de discussion avec les syndicats, un projet de loi l'autorisant à procéder par ordonnances. Vite fait, bien fait, tel est le premier pari.
Pour réussir, il lui importe de gagner la deuxième bataille du rail, celle de l'opinion. Sans craindre de forcer le trait. Faisant du statut des cheminots l'un des archaïsmes majeurs qui pèsent sur la gestion de la SNCF, soulignant la dégradation de la qualité du service public ferroviaire (ponctualité, sécurité, prix des billets, maillage du territoire), il s'est posé en premier défenseur des usagers du train. Non sans habileté, il a circonscrit la suppression du statut aux futurs embauchés, renvoyé à 2019, dans le cadre de la réforme générale des retraites, la question délicate de celle des cheminots, et à 2020, au moment de l'ouverture à la concurrence, celle des petites lignes déficitaires. Quelle que soit leur volonté de combattre la réforme, les syndicats ne mésestiment pas l'efficacité de la manœuvre gouvernementale. Plutôt que de foncer tête baissée, ils ont renvoyé à la mi-mars le choix de leur riposte, bien conscients que nous ne sommes plus dans la situation de 1995, lorsque les cheminots, largement soutenus par les Français, avaient paralysé le pays et fait reculer le gouvernement Juppé.
Reste une évidence. Quoi qu'il advienne de ces deux premières batailles, leur sort ne réglera en rien la plus stratégique  : celle de la dette qui plombe terriblement la SNCF, sa capacité à se moderniser et à affronter, demain, la concurrence. Or c'est le point aveugle du plan gouvernemental. Si l'Etat se dit prêt à prendre sa part de cette dette, il reste des plus évasif sur le calendrier (d'ici à "  la fin du quinquennat  "…), le montant qu'il envisage d'éponger et les modalités de cet apurement.
Au-delà des aménagements de statut ou de gouvernance, c'est la question cruciale. Faute d'y répondre clairement, le gouvernement s'expose, au bout du compte, à apparaître plus matamore que réformateur.
© Le Monde


1er mars 2018

Les syndicats de la SNCF donnent une chance à la concertation

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 Au lendemain de l'annonce d'une réforme-choc de la SNCF et du recours aux ordonnances par l'exécutif, les syndicats du groupe ont décidé de se donner du temps
" Si le 15 - mars - ", le projet est maintenu en l'état, " alors il y aura grève ", a déclaré mardi Laurent Brun, de la CGT- Cheminots, à l'issue de l'intersyndicale
 Mobilisés sur le statut des cheminots, les syndicats donnent ainsi une chance à la concertation, tout en s'organisant pour la suite. Une alerte sociale sera déclenchée mercredi
" Personne n'a intérêt à un conflit long ", a plaidé M. Pepy, patron de la SNCF, annonçant de bons résultats, mais pas suffisants pour réduire la dette
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1er mars 2018

2017, bon millésime pour une SNCF très endettée

A l'heure de la réforme, le groupe affiche d'excellents résultats, mais aussi un endettement de 54,5 milliards

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C'est à un curieux exercice d'équilibriste que s'est adonné, mardi 27 février, Guillaume Pepy, le président du directoire du groupe SNCF, lors de la présentation des résultats 2017 de son entreprise. Au moment où le premier ministre Edouard Philippe expliquait que la situation de la compagnie était devenue intenable et annonçait une réforme choc du groupe public ferroviaire, M. Pepy présentait des résultats financiers plus que solides.
Pendant une heure, le dirigeant s'est évertué devant la presse non seulement à éviter tout commentaire sur la réforme lancée par le gouvernement, mais aussi à atténuer les résultats financiers pourtant remarquables après plusieurs années moribondes.
Le chiffre d'affaires du groupe a en effet grimpé de 4,2  % en  2017, à 33,5 milliards d'euros. La marge opérationnelle a, elle, décollé de 16 %, à plus de 4,6 milliards d'euros. Quant au bénéfice, à 1,3  milliard d'euros, il a plus que doublé en un an  !
Toujours plus de voyageursDe quoi sabrer le champagne  ? Pas vraiment  : "  Il faut plutôt se fier au résultat net récurrent, qui s'affiche à 679  millions d'euros, car nous avons d'importants effets comptables, liés à la fiscalité  ", tempère Guillaume Pepy, avant d'ajouter que, "  malgré ces performances,nous n'arrivons toujours pas à couvrir la situation financière de SNCF Réseau, structurellement déséquilibrée. Le gestionnaire de l'infrastructure reste lourdement pénalisé par une dette nette de 46,6  milliards d'euros, qui a encore augmenté de 1,7  milliard en  2017  ".
Pis, à cette dette structurelle du réseau, il faut ajouter la dette commerciale de SNCF Mobilités, qui atteint 7,9 milliards d'euros, soit un endettement global du système ferroviaire français qui atteint 54,5  milliards d'euros.
Pour couvrir une telle dette, qui génère plus de 1  milliard d'euros de frais financiers chaque année, il faudrait au bas mot quatre-vingts années de bénéfices annuels équivalents à celui de 2017. Un objectif inatteignable, selon le groupe ferroviaire, si les réformes proposées lundi 26  février par le gouvernement ne sont pas appliquées, et notamment l'arrêt du recrutement au statut de cheminot et la transformation de l'entreprise publique en société anonyme.
En dehors de la problématique de la dette, toutes les grandes divisions de la SNCF ont repris des couleurs. C'est avant tout le cas de SNCF Voyages, qui a profité à plein du redémarrage de l'économie. "  Les TGV ont accueilli dix millions de voyageurs de plus en un an. Je crois que je n'avais jamais vécu cela  !  ", s'est exclamé M. Pepy.
L'ouverture concomitante de trois nouveaux tronçons de ligne à grande vitesse (LGV) entre Tours et Bordeaux, en Bretagne et dans l'est de la France a dynamisé l'activité TGV. Ainsi, la SNCF a même fait mieux qu'espéré sur la ligne entre l'Ile-de-France et l'Aquitaine. Au lieu de perdre 90 millions d'euros sur l'exploitation de cette nouvelle LGV, la SNCF n'en a perdu "  que  " 70  millions…
Pour relancer ses TGV, l'entreprise avait également parié sur l'augmentation des offres à tarif abordable. Le passe TGV Max, qui propose aux jeunes de prendre le train avec un abonnement mensuel, et le développement de l'offre Ouigo, le train à petit prix dont la fréquentation a doublé en un an pour atteindre 7,7  millions de passagers, ont apporté les "  volumes  " attendus sans totalement peser sur la marge du TGV.
Le fret encore plombéEn  2017, le taux de rentabilité du TGV s'est un peu rétabli, à 13  %, alors qu'il flirtait avec les 10  % en  2014. Quant à la marge opérationnelle de SNCF Voyages, elle a doublé, pour atteindre 14,7 %, à près de 1,2  milliard d'euros.
Même satisfaction pour les "  trains du quotidien  ". Le chiffre d'affaires des TER, Transiliens et autres Intercités a crû de 2,5  %, avec près de 5  % de voyageurs transportés en plus. La filiale Keolis (bus) est également toujours dans le vert, avec une croissance de ses revenus de 6  % et une marge opérationnelle qui poursuit sa croissance, tandis que Gares &  Connexions est toujours aussi profitable pour le groupe, avec ses 17,2  % de marge opérationnelle.
Autre point fort, la branche logistique, qui maintient son chiffre d'affaires au-delà de 10  milliards d'euros, soit un tiers de l'activité du groupe. Sa marge opérationnelle, à plus de 400  millions d'euros, reste toujours plombée par l'activité de Fret SNCF, qui ne voit toujours pas le bout du tunnel après dix ans de pertes.
"  En  2017, Fret SNCF a encore essuyé 120  millions d'euros de marges négatives du fait notamment des baisses de volumes céréaliers et de la sidérurgie, rappelle M. Pepy.Nous avons commandé une étude sur la pertinence de cette offre à l'avenir, et elle s'est avérée positive avec un marché qui devrait progresser de 1  % à 1,5  % dans les années à venir. Pour y répondre, nous présenterons au printemps un plan spécifique pour cette activité.  "
Plans d'économiesAu-delà de la bonne dynamique de toutes ces activités, le groupe a poursuivi la mise en place de ses plans d'économies, ce qui a permis de réaliser 830  millions d'euros de gains de productivité en  2017, en optimisant le parc roulant et la distribution, en faisant des économies d'énergie ou encore en réduisant de 5  % ses frais généraux.
"  SNCF Réseau a également apporté son écot, avec près de 150  millions d'euros d'économies sur son activité, rappelle Patrick Jeantet, le patron du gestionnaire d'infrastructures. Nous sommes au-dessus de notre plan de marche. D'ici à cinq ans, nous devrons réaliser 500  millions d'euros d'économies, et 1,2  milliard en  2027.  Cela suffit à infléchir à la marge la trajectoire ascendante de la dette, mais pas encore à la contenir.  "
Ces économies ne devraient être qu'un début. Le groupe public devra encore améliorer sa gestion et réduire ses coûts afin non seulement de résister à l'ouverture de son marché à la concurrence, mais aussi s'il veut que l'Etat reprenne une part de sa dette d'ici à  la fin du quinquennat. Edouard Philippe a été très clair, mardi, en présentant sa réforme du secteur.
Philippe Jacqué
© Le Monde



1er mars 2018

Grève contre la réforme ferroviaire : les syndicats temporisent

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Il est urgent d'attendre. Réunis en intersyndicale mardi 27 février, les quatre syndicats représentatifs de la SNCF – dans l'ordre la CGT, l'UNSA, SUD-Rail et la CFDT – ont décidé de ne pas décider tout de suite d'une éventuelle grève. Ils le feront le 15  mars, après la présentation par le gouvernement, le 14  mars, du projet de loi d'habilitation pour les ordonnances sur la réforme du système ferroviaire.
Néanmoins, dès mercredi 28  février, les organisations syndicales déclenchent l'alerte sociale, une procédure obligatoire avant tout dépôt d'un préavis de grève. Il faut compter un délai d'une quinzaine de jours entre l'alerte sociale, le dépôt d'un préavis et la grève elle-même. Ce qui mène au… 15  mars. " Nous avons fait le choix de la responsabilité et de la concertation, assure Roger Dillenseger, de l'UNSA-Ferroviaire.Nous devons rencontrer, à leur invitation, les pouvoirs publics. "
Cependant, indique Laurent Brun, le secrétaire général de la CGT-Cheminots, " si le 15  mars, nous constatons que le gouvernement est dans la logique d'un passage en force, c'est-à-dire qu'il maintient son projet en l'état, alors il y aura grève à la SNCF ". Selon Didier Aubert (CFDT), c'est " un message fort et unitaire qu'on envoie au gouvernement ".
Dans les faits, les organisations syndicales entendent toujours que le gouvernement recule sur les principaux points de sa réforme : arrêt du recrutement au statut pour les nouveaux embauchés, transformation de l'entreprise publique SNCF en société anonyme ou encore ouverture de la concurrence du secteur.
En se donnant du temps, les syndicats gagnent en crédibilité auprès de l'opinion. En coulisses, ils étaient surtout incapables de se mettre d'accord sur une date d'arrêt du travail. Alors que la CFDT poussait, du moins dans le discours, à une grève reconductible organisée rapidement, la CGT-Cheminots, rejointe par l'UNSA-Ferroviaire et SUD-Rail, préféraient une participation à la journée de mobilisation dans la fonction publique du 22  mars.
Ph. J.

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